Souviens-toi de ne pas oublier qui a été là quand personne n’était là.
Souviens-toi de te souvenir qui comprend tes paroles quand tu te tais. Qui les entend même résonner.
Souviens-toi. Souviens-toi.
N’oublie pas à quel point il est difficile de parler pour dire. Nos discussions sont ivres de mots qui ne contiennent rien, de légers tiroirs vides et fins. Enveloppes sans lettres. Lèvres maquillées pour séduire sans donner.
Ils parlent pour ne rien dire.
Nous sommes l’autre. Et l’autre oublie que nous sommes lui.
Souvent.
Incommunicabilité. Je pense que cela va devenir l’un de mes mots préférés.
On parle avec l’âme. C’est pour cela que l’on ne s’entend pas. Pas beaucoup. Pas souvent. Pas constants.
Personne ne comprend personne, parce que personne n’écoute personne. Tout le monde a hâte de parler.
Tu sais, parler, c’est vouloir se faire remarquer, entendre, comprendre, exister.
Écrire, aussi. Une manière de ne pas être oublié.
Et lire, c’est élire. Élire l’idée, le mot, la phrase, qui va t’aider à penser, à vivre, à exister.
Sans parler.
N’oublie pas. N’oublie pas ces gens. N’oublie pas ceux qui sont tes livres. Car ils sont peu.
Je me souviens d’avoir entendu le silence de mes amis au moment où j’avais le plus besoin de leur bruit.
Je me souviens ne pas avoir été étonnée.
Il n’y a, dans ce monde, que quelques âmes qui peuvent déchiffrer tes ombres, tes lumières, tes transparences, tes opacités. Et toi, toi aussi, tu lis l’intérieur de leur demeure.
Cela s’appelle l’amitié …
Qu’est-ce qu’ils sont rares, les vrais !
Martine Benz®️