Je fais partie de ces gens qui en ont l’obsession, la manie de chercher l’adjectif exact, l’expression juste. Depuis hier j’ai quelques mots qui me viennent en tête, en regardant mes réseaux sociaux. Le mot Pogrom, que je n’avais pas entendu depuis longtemps. Le mot « barbares ». Sauvages. Atrocités aussi…
Pourtant, en regardant ces images et ces vidéos, ces civils pris en otage, ces enfants en pleurs et ces vieillards tremblants, emmenés mains sur la tête pour servir de bouclier humain, ces familles terrorisées jetés à terre, tous ces jeunes gens qui faisaient la fête, abattus à bouts portants, ces jeunes filles violées à mort, le corps dénudé de cette femme, souillé, promené et brandi comme un trophée, je crois que les mots me restent en travers de la gorge. Je n’arrive pas à parler. Ça cogne dans ma tête, mais rien ne sort.
Le plus révoltant, c’est de voir défiler aussi ces images et ces vidéos de scènes d’allégresse, partout dans le monde, bien au-delà des territoires concernés ; ce niveau de haine hystérique et pathologique, cette exaltation de la férocité la plus dégénérée me sidère.
Pourtant, il faudrait les crier, ces mots. Les hurler. Pas les chuchoter, la bouche pincée. Pas les sous-entendre. Je vais m’abstenir de commenter ceux de l’extrême-gauche, parlant d’attaque, d’incursion, de riposte, ou d’offensive armée. Quand on en est à justifier ou à relativiser les monstruosités les plus abjectes, ou quand on accompagne une condamnation du bout des lèvres de « oui mais… », on ne mérite que d’être ensevelis sous la honte et le silence.
Je ne suis pas juive, je n’ai jamais mis les pieds en Israël, mais je veux juste dire, avec toute la maladresse que peut engendrer l’émotion, à mes amis et contacts que je suis de tout cœur avec eux, que je partage leur détresse et que, depuis hier, sans bruit et sans mot, je pleure avec eux.
Nathalie Bianco