Melitopol, une ville de l’oblast de Zaporijia de 158 000 habitants avant l’invasion russe. Elle est située à 70 km de la mer d’Azov, à 150 km de la Crimée.
Célèbre pour la qualité de ses cerises rouges, son nom signifie « la ville du miel ».
Elle était en pleine croissance scientifique et industrielle.
La ville possédait également, dans son musée d’histoire régionale, d’inestimables vestiges de la civilisation antique des Scythes.
Ce peuple de cavaliers nomades, qui avait envahi la région dès le VIII° siècle avant J.C. Ce sont des guerriers féroces et redoutables. Ils ont laissé des monticules funéraires appelés « kourganes » où étaient enterrés leurs dignitaires. Dès le XVIII° siècle ces tombes ont été ouvertes et de splendides objets en or ont été découverts à Melitopol comme dans de nombreux endroits au sud de l’Ukraine et en Crimée.
Ces vestiges sont systématiquement pillés par les Russes pour rejoindre les collections du Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg.
Les Tsars affirmaient déjà que les Scythes étaient leurs aïeux glorieux, des guerriers incomparables !
Pour les Russes, il faut couper de l’Ukraine ce peuple Scythe, devenu légendaire ; c’est à dire nier l’existence historique de l’Ukraine.
En 2008, Melitopol devient membre du projet « villes interculturelles » du Conseil de l’Europe et elle devient ainsi la capitale de l’Ukraine interculturelle.
En effet, depuis plus de deux siècles, 93 groupes de minorités ethniques et religieuses vivaient ensemble en harmonie et favorisaient ainsi la culture de la tolérance.
Ces groupes ont gardé leurs langues et leurs traditions mais sont impliqués dans la communauté. Les groupes minoritaires les plus importants sont les Russes, les Tatars, les Bulgares, les Belarus.
Chaque année, une semaine de la culture était organisée par la communauté des Tatars, la communauté juive, la communauté bélo-ukrainienne, avec des séminaires, des tables rondes, des expositions de livres, des dessins animés en plusieurs langues, des danses, des compétitions culinaires et des performances artistiques.
Des restaurants ethniques, à travers la ville, proposaient la cuisine géorgienne, karaïme, tatar, hongroise, juive, allemande.
Une artiste biélorusse, originaire de Melitopol, a eu l’idée de faire fabriquer des poupées folkloriques pour toutes les cultures.
Elle organisait des ateliers à l’intention des différents groupes culturels pour partager les traditions et trouver des points communs. Cette initiative a permis de découvrir l’histoire à travers les récits des poupées folkloriques racontées au moment de leur fabrication. Les tenues féminines des poupées sont très riches en couleurs, coupes et décorations.
Tout bascule dans l’horreur le 24 février 2022 lorsque les forces russes entrent dans la ville et livrent des combats intensifs.
Les habitants manifestent dans la rue face aux militaires russes, ils chantent l’hymne national et brandissent le drapeau ukrainien.
Le 11 mars, le maire de la ville est arrêté, un sac de plastique sur la tête, il est accusé « d’acte terroriste ». Il sera libéré par la suite dans un échange de prisonniers contre 9 soldats russes.
Dès lors, la municipalité de Melitopol est temporairement installée à Zaporijia où une grande partie de la population de Melitopol s’est réfugiée en attendant que leur ville soit libérée.
Une conseillère d’opposition, élue du parti pro-russe, devient maire. Une enquête pour trahison est ouverte par la procureur générale d’Ukraine. Toutes les manifestations sont interdites.
Il faut relever l’extrême brutalité du régime d’occupation avec des arrestations, des déportations, des tortures, des meurtres.
Melitopol est devenu un point stratégique, la porte vers la Crimée.
Les Russes l’ont déclarée capitale de la région de Zaporijia, qui pourtant n’a pas été entièrement occupée. C’est devenu leur centre logistique, un nœud de communication pour le ravitaillement.
Mais, à Melitopol et ses environs, la résistance ukrainienne est importante, avec des attentats, des données de renseignements à l’armée ukrainienne sur les bases militaires russes etc.
Un groupe particulièrement bien organisé s’appelle le ruban jaune, sur un fond bleu une lettre jaune un Ï seule lettre de l’alphabet ukrainien qui ne figure pas dans la langue russe.
Il faut dénoncer que les Ukrainiens perdent non seulement leurs biens, leur liberté, mais aussi leur foi, leur vie et leur liberté d’expression.
Toute la société a été russifiée par la force.
A l’université de Melitopol, les Russes auraient créé le département « armée des jeunes », où ce sont les jeunes Ukrainiens qui sont préparés pour faire la guerre contre leur patrie.
Actuellement, après avoir envoyé les forces Wagner, ce sont les mercenaires du sinistre Kadyrov qui contrôlent la ville, des gens sont massacrés, la charia doit être imposée.
Bientôt des familles tchétchènes seront peut-être envoyées dans la ville pour la repeupler comme à Marioupol
Depuis le 7 octobre 2023 tous les yeux se sont tournés vers Israël où un nouveau front s’est ouvert, ce qui arrange bien la Russie qui ne semble pas tout à fait étrangère à cette nouvelle tragédie.
Franziska
