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Yelena

Chapitre IV

Mogador

La préparation de l’Afternoon Tea collait à la culture britannique des mogadoriens. Au cours de leur histoire ils avaient été particulièrement influencé par les Anglais qui occupaient la ville en raison de sa position stratégique sur la côte atlantique Marocaine.  La présence anglaise à Mogador remonte à la fin du XVIIIe siècle lorsque la Grande-Bretagne établit un comptoir dans la ville. Les Anglais avaient apporté avec eux une nouvelle culture ainsi que des technologies et des idées modernes. L’anglais devint très rapidement la langue des affaires et de l’administration de la ville. Les juifs de Mogador avaient compris qu’il fallait l’apprendre rapidement pour mieux participer à l’expansion économique que la Grande Bretagne offrait à Mogador. Ainsi, les Mogadoriens s’engagèrent dans le négoce international, notamment le négoce d’épices, du textile, de l’huile d’argan, d’amandes… Ils établirent d’étroites relations commerciales avec les Anglais qui devinrent leurs principaux partenaires commerciaux.

Les juifs de Mogador déjà très précieux et très exigeants en matière de bienséance, avaient rapidement été séduits par les bonnes manières des anglais qui se rapprochaient beaucoup du code de conduite de la société juive de Mogador. 

Les fêtes, les mariages, les Bar Mitzvots, la préparation de l’Afternoon Tea et l’accueil des invités répondaient dans cette communauté particulière à un protocole précis auquel il ne fallait pas déroger. S’asseoir, tenir sa tasse, siroter son thé, manger, mâcher, tenir ses couverts, poser ses jambes, tout devenait l’univers impitoyable de l’étiquette et des manières. La communauté israélite de cette période avait également un attrait particulier pour les écoles anglaises, « The place to be » surtout pour les jeunes filles. C’est par la fréquentation des écoles des missions culturelles anglaises que Simyne la mère de Rose, s’était imprégnée dès l’enfance de la culture britannique. Les écoles anglaises ont joué un rôle important durant cette période. Elles étaient généralement établies dans les grandes villes du Maroc, comme Casablanca, Rabat, Tanger et Mogador. Elles offraient une alternative aux écoles traditionnelles juives qui avaient une approche plus conservatrice de l’enseignement.  Ces écoles étaient réputées pour leur enseignement de qualité, leur rigueur et leur modernité. Elles avaient contribué à un enseignement plus laïc et plus moderne, qui avait encouragé la participation des femmes à l’éducation et à la vie publique. L’enseignement était dispensé en anglais et comprenait des matières telles que les mathématiques, les sciences, la littérature, l’histoire et la géographie. Les élèves de ces écoles étaient souvent issus des familles les plus aisées et les plus éduquées du Maroc. 

Les Mogadoriens avaient adopté très rapidement toutes les formes culturelles introduites par les Anglais. Dans les familles de Berthold et de Rose, l’ensemble des coutumes étaient british, on s’habillait british, on parlait british, on se comportait british, on importait tissus, chapeaux et chaussures british, et on avait une british rigidité. L’influence anglaise sur les Juifs de Mogador a été un phénomène complexe et ambivalent. Certes, l’Angleterre avait apporté sa contribution au développement économique et culturel de la ville, mais elle avait également introduit des idées racistes comme l’antisémitisme, qui ont eu de sévères répercussions sur les Juifs de Mogador de l’époque. 

Aujourd’hui, la communauté juive de Mogador continue de rayonner par son élégance et son raffinement, à travers le monde tout en restant fidèle à ses traditions séculaires. Elle est un témoignage vivant de la richesse et de la diversité de la culture marocaine et de l’ouverture sur le monde qui a toujours été son étiquette. 

Slil

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