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L’arbre, le miroir de nous-mêmes ?

Il existe mille façons d’aborder cette hypothèse. L’idée de passer à travers le miroir pour se retrouver dans le monde du végétal est fascinante. Le choix d’un arbre par une personne pour la représenter n’est pas un fait anodin, c’est  son image en végétal.

On me demande … Et vous ? Quel est vôtre choix de végétaux ? Sans hésiter, je réponds la ronce. Je vois aussitôt  sur les visages un étonnement et des sourires narquois. Pourtant, s’ils savaient la richesse de cette plante ils seraient subjugués.

L’effet miroir

En 1880, Charles Darwin avait publié un manuscrit intitulé « Le pouvoir des mouvements dans les plantes », il écrivait : « Ce n’est guère exagéré de dire que l’extrémité du radicule se comporte comme le cerveau d’un des animaux les plus bas.»  Selon Darwin, les arbres ont une intelligence donc un cerveau.

Selon Hervé le Guyader, (chercheur explorateur, laboratoire Evolution Paris Seine): « La théorie de l’évolution au sens darwinien du terme est actuellement le meilleur conceptuel que nous ayons à notre disposition pour comprendre rationnellement l’instabilité du vivant, pour penser un monde naturel essentiellement dynamique.»

L’un de mes auteurs préférés en la matière est le professeur Jean-Marie Pelt, (Nature et Spiritualité – 2008). 

Cet homme, que j’ai croisé à plusieurs reprises dans la commune de Marsal (Moselle) lors de rencontres littéraires-botaniques au musée du sel, a été mon maître dans l’enseignement de ma compréhension des végétaux. 

Selon Jean Marie Pelt, le règne des végétaux est très surprenant : il mange des animaux, comme la dionée attrape- mouche, le mimosa pudica qui ferme ses feuilles au coucher du soleil comme une couverture pour mieux rêver, le chèvrefeuille qui en poussant, semble se balancer et tourner comme une ballerine, l’acacia pour alerter les autres plantes de son entourage ou le tabac qui appelle au secours les animaux en produisant des substances chimiques volatiles.

Il existe une anatomie presque similaire entre nous et les arbres. Sur le plan anthropomorphique, l’arbre est proche de l’être humain. Ce n’est pas une plante inerte, bien au contraire. Dans son livre «Anima», Aristote décrivait les végétaux comme existants entre le vivant et le non-vivant, dans une sorte de conscience minimaliste.

Des études scientifiques mettent en avant que l’Albizzia, connu aussi sous le nom d’arbre à soie ou de Mimosa de Constantinople, vit sur un cycle de vingt-quatre heures et dort la nuit. Les druides savaient en extraire la sécrétion et savaient la purifier. Quelques gouttes de cet extrait produisaient l’endormissement.   

Des chercheurs ont poussé l’expérience en exposant l’Albizzia à la lumière continue pour l’empêcher de dormir.  l’Albizzia s’est éteint doucement jusqu’à mourir. Si  l’on forçait l’homme à dormir, très vite des symptômes destructeurs le toucheraient et provoqueraient une mortalité certaine.

Les végétaux sont les seuls avec l’espèce humaine à se tenir droit sur un axe vertical. Les animaux ont une posture horizontale. Même les singes qui savent marcher sur leurs pattes arrière retombent sur leurs quatre pattes lorsqu’ils veulent fuir.  

Seul l’homme a besoin de retrouver une position horizontale afin de se déconnecter de la terre pour se reposer, contrairement à l’arbre qui a une verticalité inversée, la tête sous la terre, (les racines) et un système de reproduction en l’air. 

La base d’un tronc est-elle une tour de contrôle ?

Oui, dans l’exercice de connexion à son arbre maître, que j’aborde dans mon ouvrage, ‘’Arbre ne dit mots, il les chuchote”, il est essentiel de savoir comment cet être fonctionne et communique avec d’autres êtres dont l’humain.

Serrer un arbre à la hauteur de son tronc en pensant qu’il va vous apporter sa bienveillance, sa force, son aide est une utopie. Certes on peut communiquer avec nos amis les arbres, encore faut-il aborder ce sujet avec un minimum de connaissances.

Donc le cerveau d’un arbre se trouve dans ses racines. Ses racines et ses ramifications évoquent l’ensemble du système nerveux central humain. A l’instar  du cerveau humain, l’arbre peut contrôler nombre de fonctions. Son système racinaire est pourvu d’une grande sensibilité. Il à la capacité de réagir de manière organisée et sophistiquée. 

Depuis quelques années, les chercheurs de plus en plus captivés par ces êtres,  “les arbres”, émettent  les hypothèses d’un cerveau décentralisé, siège d’une activité chimique et électrique importante qui interagit avec de nombreux stimuli extérieurs pour s’adapter à la situation environnante. 

De multiples molécules circulent à travers la sève depuis les feuilles jusqu’aux racines et inversement. Les racines sont une machine où les ordres sont transmis pour la gestion de la consommation de l’eau en cas de sécheresse. La radicelle, est parcourue de courants électriques de faible intensité situés à leurs extrémités appelée zone de transition. Le pied d’un tronc qui conjugue les racines et les radicelles est le point de prise de force qui nous relie à l’arbre.

Depuis les racines qui représentent la tour de commande, diverses informations sont traitées et partagées. Les racines forment un véritable réseau souterrain où se font les échanges nutritionnels, chimiques, ondes de bases fréquences et électriques. 

Aujourd’hui nous savons que  les arbres communiquent entre eux, ils partagent des informations, ils sont solidaires, ils savent anticiper, ils ont de la mémoire. Ils sont l’ensemble d’une symbiose que nous pouvons partager avec eux. 

L’effet miroir se fait entre la parure extérieure de l’arbre, et son emprise racinaire souterraine. On ne doit jamais perdre de vue cette information en regardant un arbre. 

L’arbre est en équilibre sur ses échasses : ses racines. Il a l’intelligence de s’accrocher au sol par ses racines terriennes et par ses racines aériennes qui partent des charpentières, des branches, des rameaux, lui donnant ainsi l’aspect d’un titan prisonnier, bras et buste enchaînés à la terre. C’est un sémaphore végétal. 

Tous ces messages sont là, dans les branchages. Cette hypothèse peut nous ouvrir des champs divinatoires à travers les runes°  ou les chiffres cisterciens. Ce concept serait-il la bibliothèque végétale que les druides nous auraient laissée ?  C’est une belle illustration d’un imaginaire forestier qui nous permet de fusionner avec les arbres. L’hypothèse est ouverte. À chacun d’entre nous de l’interpréter selon notre intuition.

L’effet miroir avec la ronce.

La ronce, cet arbrisseau, est un être très particulier. Elle est méconnue, décriée, elle est signification matérielle d’abandon d’un lieu. Elle n’a pas bonne réputation. Elle est agressive, ses épines en témoignent. Elle est tenace et vivifiante, mais tellement généreuse à notre égard.

De la famille des rosacées, la ronce commune des bois et des haies aime notre climat tempéré. Son fruit, la mûre, est comestible, comme ses feuilles, ses pousses, ses racines. Moi j’aime l’appeler le mûrier sauvage, il y a plus de noblesse à la nommer ainsi. Ses vertus comme plante médicinale sont multiples. Elle a été le compagnon fidèle des bardes pour son enseignement de la résilience. 

Moi Marcello le barde du Guirbaden, je m’associe au collectif de la ronce par cette devise : « Je suis l’épine qui défend le vivant et se dresse contre ceux qui le détruisent. Nous sommes la Ronce qui leur fera rebrousser chemin ».

°Runes : pierres, de morceaux de bois sur lesquels sont inscrits des symboles sacrés.

Marcello le Barde

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