Depuis le début de la campagne le linge se lave plus sale que sale, les candidats à la présidentielle n’ont d’excellence que leurs aptitudes aux trahisons et au cynisme. Ils adoptent des postures ambiguës et malsaines, leurs discours sans saveur, sans teneur sont aussi fades que les candidats eux-mêmes. Ils traduisent une politique faillitaire dont le fruit est l’éclosion d’un nouvel extrémisme de droite partagé par une population de plus en plus harassée et en colère.
La campagne présidentielle est en berne, et il est impératif pour chaque candidat d’aller pêcher des voix au fin fond d’une campagne en décalage total avec la gravité des événements en Ukraine.
Qu’est-ce qui fait courir les foules ?
Nous voilà au cœur du bal des hypocrites, dans une salsa des démons dont la palme d’or revient à Eric Zemmour omniprésent, depuis le début de l’offensive présidentielle.
Dès que Z bouge, la France entière éternue. Jamais un candidat n’a suscité autant de haine, une haine qui ne dit pas son nom, ce qui n’a pas empêché le phénomène Zemmour de mobiliser, pour le moment, 15% des français malgré des discours de plus en plus violents.
Son discours est essentiellement fondé sur l’imaginaire et l’illusion, sans fioritures, il ne sort jamais de ses objectifs, il reste droit dans ses bottes et dans sa ligne radicale forte, et surtout au plus près de l’exploitation de l’imaginaire national.
Tout ce qu’il fait est minutieusement organisé, contrôlé, comme dans sa vidéo de campagne, qui a fasciné et fait pleurer dans les chaumières les téléspectateurs les plus réfractaires, alors qu’il était dans une esthétique plus mussolinienne que gaullienne.
Si on a la curiosité de mieux comprendre le phénomène Zemmour, il faut se faufiler dans la fachosphère du net, pour découvrir son armada impressionnante de supporters, et de youtubeurs zemmouriens qui tapissent la toile, qui avancent en ordre serré pour débattre de la malbouffe, du féminisme, de la politique, de l’éducation, afin de mieux noyer le message d’extrême droite qu’ils diffusent.
Ils élaborent, toutes sortes de sites, de groupes, de réseaux comme « vite mon prénom”, la page « Facebook Neurchi de Zemmour », “neurchis de mêmes”, (une culture web underground très politique), “les amis de zemmour” qui publient sans relâche.
Du coup, on entend les jeunes et les moins jeunes s’exclamer « Bah quoi ? Il est cool le mec! » La manipulation est efficace, le mec cool est dépolitisé, et sympathique, et le tour est joué. Il devient le joueur de flûte de Hamelin.
La boîte de Pandora
Il est la vedette des plateaux TV, un invité particulier, on se l’arrache, il fait de l’audience, on ne l’écoute même plus, on le regarde prendre le contrôle des situations travers son rire et à travers son “Ben voyons” qu’il a d’ailleurs commercialisé sur des mugs, à l’instar de Donald Trump avec You’re fired.
Z a su donner à la Reconquête une forme contemporaine à peu près acceptable. Aujourd’hui, personne n’a plus honte d’assumer des idées d’extrême droite ou de dire qu’il votera pour l’extrême droite. Zemmour, comme Kaa le serpent du “livre de la Jungle” hypnotise: « aie confiance, aie confiance ».
Il est le seul à avoir ouvert la boîte de Pandora. Comme elle, il est celui qui donne tout, celui qui va gérer tous les maux de la France, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l’Orgueil, ainsi que l’Espérance qui a manqué à Pandora et qu’il s’approprie.
Ce candidat hors normes a mis en lumière les peurs réelles, profondes et légitimes des Français. Il soulève des questions cruciales qui auraient dû être abordées et débattues depuis des décennies par tous les partis politiques de la société française. Or, les gouvernements successifs ont préféré acheter la paix sociale en restant dans le déni d’une situation grave sur le plan de la sécurité, de la fracture sociale, de l’intégration, de la théorie du vivre ensemble, autant de thèmes volontairement sabotés dans le souci de ne froisser aucun électorat. Zemmour a saisi l’opportunité de ce vide politique pour sensibiliser des foules en mal d’un leader capable de les faire rêver, et de leur redonner de L’Espérance.
La méthode “Darb ou Daouï” *
Ce qui fait courir les foules, c’est aussi la capacité de Zemmour à s’adapter aux différentes situations, qui, selon Claparède, serait la preuve irréfutable de l’intelligence d’un individu, et selon Jacques Dutronc, la caricature de l’opportunisme qui retourne sa veste toujours du bon côté.
Boïinnng ! Boïinnng ! A chaque mouvement du ressort, Zemmour récolte, récolte, récolte des alliés et des voix. Quid des résultats des élections ? Ils nous dévoileront si la méthode du « Darb ou Daoui » si chère à Zemmour a fonctionné.
Parions qu’il ne sera pas le prochain Président de la République car les français fidèles à leur éthique voteront utile au dernier moment.
“Rien ne marche dans un système politique où les mots jurent avec les choses», disait Napoléon Bonaparte.
“aie confiance, aie confiance”…
Séraphine
*expression nord Africaine ( frapper et guérir)