Il y a bien longtemps qu’elles ne me servent plus à connaître la date de naissance et la profession de papa maman.
Les fiches, aujourd’hui, c’est mon confessionnal à moi.
Personne n’a idée de ce qu’un enfant peut raconter quand rien n’est obligatoire, quand rien n’est formel, qu’il a carte blanche et qu’il se sent en confiance. Je n’en reviens pas moi-même. C’est juste déchirant. Déchirant et parfois incroyable au sens propre du terme. Surréaliste. Je leur ai promis que je ne révèlerai rien.
Mais que tous ceux qui me lisent ici me croient sur parole.
Faites en sorte, je vous en supplie, que ce monde arrête d’être aussi nauséabond et dégueulasse.
Certains gosses sont d’un courage que personne ne peut imaginer. Personne.
Personne. Et si je choisis ce tableau comme illustration, c’est parce que, sachez-le, le malheur ne s’arrête pas aux portes de l’École.
Cécile Chabaud
dessin Nikolay Bogdanov-Belsky – Aux portes d’une école, 1897
