Après la diffusion nationale sur France 3 de l’excellent et émouvant documentaire consacré à notre Alsace, « L’Alsace dans la tourmente de l’histoire », nous prenons pleinement conscience du lourd héritage qui nous est légué par notre histoire riche et complexe.
Nous nous devons d’être dignes, fiers et à la hauteur de ce legs vis-à-vis de nos aïeux.
En prend-on le chemin ?
J’ai le sentiment que la représentation de notre passé qu’ont beaucoup d’entre nous, sert plus à alimenter un certain « malaise alsacien » qu’à le soigner !
Entre la remuante question institutionnelle de la sortie du Grand Est et la réactivation d’un militantisme « néo-autonomiste » par une poignée de militants réchauffant des frustrations d’un autre âge, nous nous vautrons dans une médiocrité affligeante et indigne de notre passé.
La question institutionnelle n’est pas traitée, elle est brandie comme un étendard et agitée sous le nez des Alsaciens indifférents, car nul ne se préoccupe d’un sujet qu’il ignore.
La poignée d’extrémistes nostalgiques du Reichsland qui bavent sur la France est une honte pour notre Alsace et sa mémoire.
Le point commun entre ces deux versants du « débat » actuel est l’entre soi.
Quelques élus s’arrogent le monopole de la question institutionnelle et c’est dommage, quelques rares excités s’agitent autour de l’autonomie et c’est heureux !
Les premiers en sont réduits à faire appel aux seconds afin de promouvoir une consultation pour connaitre l’avis des Alsaciens sur un sujet dont ils ignorent tout. Le résultat aux scores soviétiques de ce sondage grandeur nature leur sert ensuite d’argument pour quémander à Paris la sortie du Grand Est et faire de l’Alsace une Collectivité territoriale à statut particulier en récupérant les compétences régionales.
C’est une vraie pantalonnade !
Cet entre soi, dont est exclu l’ensemble des forces vives alsaciennes, n’est pas sans rappeler le contexte du référendum d’avril 2013 dont l’échec n’a pas l’air de servir de leçon aujourd’hui.
Quelle Alsace voulons-nous ?
Où sont passées les grandes réflexions de prospective régionale impliquant les élus et la société civile et dont la dernière (Alsace 2005) remonte à plus de trente ans ? Quel projet, quel avenir pour notre Alsace ? Dans quel cadre ? Et enfin : pour faire quoi ?
La mobilisation et l’implication des Alsaciens est un impératif incontournable à toute évolution du statut de l’Alsace. Ceci ne sera possible que grâce à une pédagogie dont le déficit est abyssal !
Comment des clowns suffisants peuvent-ils imaginer séduire les Alsaciens avec des postures faciles en gémissant sur leur sort et en clamant haut et fort sur les réseaux sociaux qu’ils défendront toujours l’Alsace, son identité et ses particularismes sans jamais expliquer ni comment ni pourquoi ? C’est grotesque !
La pédagogie sur un sujet aussi ardu que la complexité territoriale, c’est long, c’est lent, c’est chronophage, cela nécessite de l’organisation et du temps. Comme les élus sont plutôt dans le temps court et l’immédiateté, ce n’est pas leur tasse de thé. Néanmoins, s’ils ne changent pas leur fusil d’épaule, ils finiront par boire un bouillon au milieu d’Alsaciens hermétiques et à mille lieues de ce genre de sujet.
C’est la Bérézina de 2013 en Alsace qui a permis à un président de la république d’imaginer la farce des grandes Régions en invoquant une question de taille critique alors que seuls le pouvoir et les compétences comptent.
Puissent nos élus s’en souvenir et en tirer les leçons, prendre de la hauteur de vues et comprendre qu’« il est grand temps de passer des questions aux affirmations, en faisant le pari de la plus payante des audaces, celle de l’intelligence et du cœur ».
L’Alsacien