J’aurais aimé poser mes lèvres sur sa joue. Pour lui dire au revoir.
Parce qu’il y a ceux que l’on aime et ceux que l’on voudrait aimer et ceux que l’on doit quitter et ceux qui nous sont destinés. Pour rester.
Mais peu importe qui l’on est pour qui ils sont.
Ce qui me revient, depuis des années, c’est que l’on ne sait jamais qui l’on est pour les autres. Pour l’autre.
Il ne saura jamais combien je l’aimais. Personne ne le lui dira et il ne le devinera pas.
Et même si je le lui ai dit, je ne m’en souviens plus, qu’a-t-il retenu ? Ce que l’on dit est perdu. Il faudrait tout écrire. Pour le souvenir.
On ne sait jamais qui l’on est pour l’autre. L’autre ne saura jamais qui il est pour moi.
Sait-il que je pense à lui au milieu du jour ou de la nuit ? Sait-il que je l’imagine ? Sait-il que je recrée son existence, que je le pense, que je le pense ?
Il ne le saura jamais parce qu’il ne fait que se tromper.
Comme toi. Comme elle. Comme lui. Vous ignorez qui vous êtes pour les autres. Vous ne le saurez jamais.
Il y a ce prénom de l’aimé que l’on prononce en continu dans le silence de notre pensée. Pour un oui, pour un non. Pour une bonne, une mauvaise raison.
Le prénom que l’on aime prononcer car exprimer, c’est donner de la réalité.
J’aurais aimé l’embrasser doucement. Mais ce baiser et mes pensées seront emportés par le vent. Et le temps.
Et c’est sans doute mieux ainsi.
Car tout ce qui doit être su le sera. Tout ce qui doit être fait le sera.
Ce que l’on ignore est fait pour l’autre et non pour soi.
Ce que l’on ignore ne nous concerne pas.
« Il n’y a pas d’erreurs. Tout aura son temps à la bonne heure ».
Si tu ne le sais pas, c’est parce que c’est mieux comme cela.
Ta table est dressée ailleurs. Dans un autre jardin. Près d’autres fleurs.
Martine Benz