Depuis le samedi 28 mai, les événements autour de la finale de la Ligue des Champions disputée au Stade de France n’arrêtent pas de faire couler de l’encre et mettent en difficulté deux membres du tout nouveau gouvernement et cela à une semaine des élections législatives où rien ne paraît joué d’avance.
Dans un premier temps, les téléspectateurs du monde entier ont eu droit à un coup d’envoi retardé de 36 minutes ce qui est déjà peu fréquent pour une finale de Ligue des Champions sauf événement vraiment exceptionnel. On nous a expliqué qu’une partie des supporters de Liverpool avaient connu des difficultés d’accès au Stade de France.
Nos deux ministres présents ce soir là, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et Amélie Oudéa-Castera, toute nouvelle ministre des Sports, nous indiquent, à l’issue du match, que tout est de la faute des supporters anglais, que le « fait générateur » étaient des faux billets au nombre de 30 000 à 40 000 !Et rien n’a fait changer d’avis à nos deux ministres.
Alors que s’est il réellement passé ?
30 000 à 40 000 faux billets !? C’est juste invraisemblable pour qui a déjà fréquenté de tels événements.
Il faudrait dupliquer autant de billets sur une machine appropriée et les mettre en circulation. 40 000 personnes suffisamment naïves auraient acheté un billet pour un tel match, à n’importe quel endroit, à n’importe quel individu, et souvent à un prix plutôt exorbitant ? Très peu crédible…
Nos ministres ne peuvent apporter le début du commencement d’une preuve, les fédérations organisatrices chiffrant à 2800 le nombre de faux billets repérés aux entrées du Stade du France.
De toute évidence il y avait un problème de stadiers placés aux entrées, les premiers faux billets ont bloqué les bornes de contrôle.
D’après des témoignages concordants, ces stadiers auraient été recrutés via facebook quelques jours avant le match. On avait donc là des stadiers totalement inexpérimentés et visiblement de mèche avec les bandes des cités environnantes pour les faire entrer au stade.
Quand on a vu les images, on s’est vite rendu compte que les jeunes qui tentaient de prendre d’assaut les entrées du stade ne ressemblaient en aucun cas à des supporters de Liverpool !
En attendant, ces bandes issues des cités du 9.3 détroussaient allègrement des supporters anglais aux alentours du stade ; on estime à près d’un millier, les jeunes qui ont profité de l’événement pour commettre divers larcins et agressions.
De toute évidence, tout le monde était débordé et les renforts de police ont un peu tapé dans le tas sans discernement, balançant des bombes lacrymogènes sur tout le monde sans discernement.
Y a t-il eu manque d’anticipation ?
Oui, très certainement ! On savait que des supporters anglais viendraient sans billets juste pour faire la fête. On n’a pas anticipé sur une descente des jeunes de banlieue venant s’attaquer à des proies faciles, phénomène sur lequel Darmanin est resté bien muet. Les supporters anglais ont eu le dos bien large pour servir de paratonnerre.
Sauf que Darmanin n’a pas anticipé, lui non plus, sur les critiques pleuvant sur les organisateurs et les forces de sécurité et sur le peu de crédibilité de ses explications.
Tout cela fait que cette finale de Ligue des Champions a été un fiasco complet qui met le doigt sur nos carences en matière d’organisation de grands événements et sur un énorme problème de délinquance et de maintien de l’ordre que Macron et Darmanin ont balayé sous le tapis depuis longtemps.
Entre une extrême droite qui accuse l’immigration et une extrême gauche qui accuse les forces de l’ordre, il est vrai que le débat en France devient très compliqué.
À cela s’ajoute un préfet Lallement juste satisfait parce qu’il n’y a pas eu de morts…
Il faudra bien un jour se pencher sur le problème et rétablir de l’ordre dans le pays, éradiquer les nombreuses zones de non droit qui gangrènent notre pays, et aussi trouver un autre mode opératoire pour les forces de l’ordre en s’inspirant de ce qui se fait dans d’autres pays.
Si après coup Darmanin a présenté de timides excuses tout en maintenant sa vision des choses, il devient le maillon faible de ce gouvernement à peine nommé. Il aurait été violemment recadré par Macron.
Juste avant des législatives très incertaines et des bouillonnements sociaux en perspective à la rentrée, le président réélu doit s’attendre à un quinquennat d’entrée difficile.
Marc Assin