Primaire ! Vous avez dit forêt primaire ! 

Une forêt primaire en France? Est-ce un projet fou sur des centaines d’années sur 1000 ans ! 

C’est une superbe initiative, pour cela il y a une règle essentielle «le secret du lieu ». Ce sujet amène un autre débat. Un tel environnement sans humains, est-ce réalisable ? 

Une autre solution

Un projet d’une forêt sauvage en devenir. On choisit un lieu où il n’y a plus d’exploitation forestière depuis quelques décennies, une jachère forestière. Donc, une base d’un peuplement d’arbres de plusieurs dizaines d’années voire des centenaires. On protège ce lieu par un bail de territoire de 1000 ans . On privatise 70 000 hectares. On l’aménage comme un parc naturel avec des passerelles suspendues pour éviter de fouler les sols.   

Vous avez dit primaire, ça parle au barde.

Dans le N° 1256 -mai 2022, le magazine Science et Vie, fait un dossier sur le thème, ‘’Recréer une forêt primaire en France’’. Ce  papier fait référence à une réelle réflexion signée par Yves Sciama. L’article nous décrit, l’idée d’une poignée de scientifiques qui a pour projet de faire naître une forêt primaire, serait-ce une belle utopie ? 

Au fait, c’est quoi la définition d’une forêt ?

Cela se détermine à par une surface en hectares où il y a plusieurs essences ou une seule essence dominante, des animaux, ou d’autres végétaux. C’est vague.

Alors pour un bois ?

On touche à la notion de parcelles boisées, mais il n’y a aucune surface déterminée en hectares, afin de définir le classement forêt ou bois. C’est étonnant comme approche ! Voilà une bonne question à poser aux responsables de la communication de l’O.N.F.

Alors comment se définit une forêt primaire?

Selon les spécialistes en botanique et en biologie, elle doit être datée et identifiée de plus 1 000 ans selon les critères suivants : Aucun homme n’y a jamais cueillit, ni planté, ni exploité, ni habité ou vécu. Le principe de base de la définition d’une forêt primaire, est que cette forêt doit se façonner toute seule sur 1 000 années. 

Dans notre pays, il n’y a qu’en Guyane qu’on peut identifier des espaces de forêts primaires. En Europe, c’est en Pologne que se trouve la forêt primaire de Bialowieza. 

Un dicton dit que la forêt primaire dort sous les pavés, le macadam ou le béton. Ce proverbe se vérifie à travers les friches industrielles. On peut constater la puissance de la forêt par de nombreux  exemples. Moi, le barde, j’ai un exemple concret. L’ancien site de la raffinerie de Reichstett, où l’activité de raffinage s’est arrêtée en 2010. Il y a seulement 12 ans que cette friche existe, mais déjà on observe que la nature reprend ses droits. Qu’une faune y a trouvé refuge, malgré des plans de chasse organisés dans ce site.

C’est l’un de mes laboratoires, en totale discrétion bien sûr… Mais revenons à notre forêt primaire en France, 1 000 ans de moins, il faut alors que cette forêt commence en l’an 1 022. 

On estime qu’en l’an 1022, la forêt du royaume de la dynastie des Capétiens est de 14 millions hectares, Le territoire des Francs était amputé du duché de Bourgogne, du Dauphiné et de la vallée rhénane dont l’Alsace. Cette forêt en France est passée de 8,5 millions d’hectares en 1850 à 16,8 millions en 2019. Serait-il possible que dans un coin de ces 16,8 millions de forêts en France, un îlot de forêt primaire existe?

Il semble que cette hypothèse soit impossible car les maîtres les plus illustres comme le professeur Francis Hallé, botaniste et biologiste,  où le docteur Ernst Zürcher, chercheur et auteur de nombreux ouvrages sur la forêt, nous auraient révélé l’existence de tels espaces dans nos forêts. 

La connaissance de la forêt et l’une de vos 5 brindilles, essentiels pour parler aux arbres.

Un tel espace oublié, dans les archives des Eaux et Forêts, constitué en 1669, avec l’ordonnance de la forêt de Colbert, sous Louis XIV, et le code forestier de 1861 à nos jours, soit 343 ans, pourrait indiquer l’existence probable d’un îlot végétal, dans des coins plus accessibles, là où l’homme n’a pas foulé le sol. 

C’est possible, et même certain, car il n’y a pas de définitions de surfaces minimales. C’est l’une de mes chasses aux trésors de barde. Je vous certifie qu’il est bien difficile de trouver un tel endroit. Je possède deux pépites dont je peux certifier que l’une d’entre elles n’a pas été foulée depuis au moins deux siècles. 

‘’ Marcello, là tu t’avances me souffle mon ami le troll Ênus dans le coin de l’oreille’’

Le lieu que je vous dévoile est magique. On y trouve quatre sapins pectinés, des géants. Ce résineux est classé comme l’arbre pouvant être le plus haut d’Europe. Il peut atteindre 8o m de haut, j’estime que ces arbres frôlent plus de 60 m au minimum. Le diamètre est de 234 cm à un mètre du sol, l’attitude 678 mètres, versant nord, j’en suis sûr, car c’est moi qui ai mesuré ce fut de sapin. 

Ce lieu est perdu dans un recoin des contreforts du piémont du massif vosgien. C’est mon tabernacle. Je sais qu’il y a un cerf qui vient avec sa harde, des sangliers et autres animaux sauvages. Mais pas il n’y a aucune trace d’homme pour le moment. 

L’endroit est idéal pour un biotope du grand tétras, mais il n’y a pas la moindre trace du volatile. C’est bien dommage. Le grand tétras demande un espace d’une extrême exigence en termes d’habitat.

J’ai eu la chance d’avoir fréquenté un forestier, André. Cet homme ayant une grande connaissance dans ce domaine a été sollicité pour réimplanter ce volatile dans la forêt vosgienne.

Bien sûr, l’homme était très discret sur l’existence de ces espaces,  mais un jour de martelage d’automne 1994, tandis que je rentrais avec lui, nous empruntions un chemin forestier qui surplombait des vallons. 

« Tu vois ce coin me dit-il,  je sais que mon prédécesseur n’y a jamais mis les pieds, ce sont plus de soixante dix années sans expertises forestières. Je prends ma retraite, et je n’aurai jamais mis les pieds dans cet espace, et pourtant je suis là depuis 28 ans ».

Un calcul cela fait 98 ans en 1994… Belle piste.

Cette information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. A cette époque, j’étais plutôt un chasseur de champignons, donc une aubaine pour moi. Je me suis mis à arpenter ces vallons dès l’année suivante 1995. Les chanterelles, les pieds de moutons, les cèpes, les bolets, les chanterelles d’automne et les trompes de la morts sont bien là par légions, cet endroit est l’Eldorado du cueilleur de champignons. C’est toujours un régal d’y aller. Et c’est lors d’une cueillette que j’ai découvert ce lieu magique, ma forêt primaire selon mes critères. 

Ma forêt primaire 

Depuis je m’y rends une à deux fois par an, toujours en semaine. Je fais une marche d’approche digne d’une tribu d’indiens, plus de 9 km à pied à travers la forêt (GPS Garmin en main)  pour éviter tous randonneurs, mais surtout pour ne pas être repéré. 

Aucun sentier ne se matérialise à part les trouées laissées par le gibier, pas de chemin d’exploitations forestières, pas de traces d’abattages d’arbres à la hache ou à la tronçonneuse, ni de miradors de chasseurs.  Même pour les braconniers, ramener le gibier vers un véhicule comme une moto est une entreprise pharaonique. 

Je m’imagine que cet espace forestier m’appartient, du moins jusqu’à ce jour, rien ne me prouve le contraire, pas de traces d’une présence humaine en ce lieu, c’est  mon espace primaire dit le jardin Nemus (forêt en latin) il est à moi depuis plus de 27 ans.

Lorsque, je suis dans mon jardin Nemus, j’ai une pensée pour Jean Marie Pelt, j’aurai pu l’emmener découvrir mon tabernacle nature.

La nature s’organise d’une façon incroyable. Il y a une telle diversité dans ce lieu. J’ai compté plus de 53 variétés d’arbres et 21 sortes de plantes. Je ne les connaissais pas. 

En ce lieu, j’aime relire des passages d’un ouvrage de Pascal Tozzi : ‘’Pour une gestion durable des forêts’’. Le sujet est très vaste. 

Je vous suggère souvent de trouver votre arbre-maître ou un lieu personnel où cultiver votre propre espace. J’ai admis très vite que la forêt n’est pas un lieu à consommer, mais un lieu où l’on demande à être invité.

Marcello le barde du Torchis

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