L’intelligence des cons

Qu’est-ce que l’intelligence des cons ? C’est la rencontre des forces de l’érudition et du savoir mais avec une intelligence qui raisonne toujours à côté, qui raisonne faux. C’est un peu comme si vous mélangiez du camembert avec du jus de citron : vous obtenez un produit indigeste que l’estomac finit tout de même par digérer mais avec la sensation que quelque chose ne va pas. 

Prenons la philosophie de Sartre par exemple. Malgré sa puissance extraordinaire et ses milliers de pages sur les mécanismes existentiels, elle n’a pas empêché le philosophe de se tromper sur le maoïsme, sur le stalinisme, et sur beaucoup de « ismes ».

Autre exemple : Socrate. A son époque, la cité grecque fonctionnait à merveille. Voilà une civilisation qui a inventé, en un temps assez circonscrit, la démocratie, la philosophie, la tragédie, les sciences, qui a porté les arts et l’architecture à des niveaux supérieurs, sans parler des victoires et des conquêtes militaires. Il existait à Athènes un élan spontané qui respirait le collectif, la vitalité, voire l’assurance mêlée à une fragilité et à une singularité. 

Socrate, le premier « con intelligent »

Puis est arrivé Socrate, qui a enrayé la machine. Rachitique et laid (il le disait lui-même), il s’est mis à ennuyer les Grecs avec sa maïeutique, l’art d’accoucher les esprits. Qu’est-ce que la justice ? Qu’est-ce que l’injustice ? Qu’est-ce que le beau ? Qu’est-ce que le laid ? Qu’est-ce que ceci, qu’est-ce que cela ? Jusqu’à ce fameux « Connais-toi toi-même », formule quasi mortelle pour la vigueur du lien collectif.

Petit à petit, la spontanéité des Grecs s’est envolée. La cité s’est comme « individualisée » puis « intellectualisée » aux dépens du collectif, du cœur et du bas-ventre. Athènes a finalement perdu, battue par Sparte, non soumise, elle, à l’art de la question en batterie.  La maïeutique, ancêtre de la psychanalyse, s’est exercée sur une civilisation qui allait bien, voilà le problème. Si les « emmerdeurs » sont nécessaires, même vitaux dans une cité, ce n’est pas le cas lorsque celle-ci fonctionne.

Wokisme et cancel culture

La question est de savoir si nous ne sommes pas aujourd’hui face à une flopée de « Socrates » et de « Socratesses ».  Le même processus se déroule en effet sous nos yeux. Malgré la vitalité de l’Occident, et en dépit d’avancées réelles sur la place de la femme ou sur celle des minorités, une « nouvelle intelligence des cons » sévit avec le wokisme et la cancel culture.

Elle interroge, casse, brouille, s’attaque à ce que nous sommes intrinsèquement : qu’est-ce qu’un homme ? Qu’est-ce qu’une femme ? N’est-ce pas un droit de pouvoir changer de sexe ? Et dans ce cas ne peut-on le donner aux enfants ? Ces questions ont déjà pénétré l’appareil juridique américain. Là-bas, un mineur a le droit de changer physiquement de sexe, et sans le consentement de ses parents.

« Les mots de père et de mère ne sont-ils pas stigmatisants pour ceux qui appartiennent au troisième sexe ? », interroge encore la « nouvelle intelligence des cons ».  Ou encore « l’appartenance à un peuple et à une histoire n’est-elle pas stigmatisante pour les apatrides et les minorités ? » Tout cela risque de plonger notre civilisation au cœur d’un abîme existentiel.  Hommes, femmes, enfants, peuples ne savent plus très bien qui ils sont.

Détruire et culpabiliser

Mais pourquoi cette fausse intelligence s’exerce-t-elle ? Peut-être par rancœur. Tel un intello disgracieux et frustré qui ne supporterait pas la compagnie d’un play-boy, il lui faut détruire, déraciner et culpabiliser. Les prochaines cibles devraient être d’ordre spirituel : il sera inconfortable d’appartenir à une obédience religieuse, quelle qu’elle soit. Noël, Pâques, toutes sortes de cérémonies religieuses seront peu à peu dissoutes. Sauf peut-être celles concernant l’islam, non pas par idéologie, mais parce que l’attaque du « patriarcat blanc chrétien » est plus sécure.

Wokisme et cancel culture ont une faiblesse : ils ne créent rien et ne proposent rien, absolument rien, le néant. Moins qu’une idéologie, en soi déjà périssable, ces mouvements semblent finalement s’apparenter à quelque chose d’encore plus éphémère, la mode. 

Mandrake

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