Le système de la théorie monétaire moderne

Le système de Law, imaginé par l’Ecossais John Law, a été mis en place en France de 1716 à 1720, sous la régence de Philippe d’ Orléans, dans le but de liquider la dette faramineuse laissée par Louis XIV . Il s’agissait de généraliser l’utilisation de papier-monnaie, plutôt que d’espèces (essentiellement de louis d’or ). 

Créée par Law, la Banque Générale (société par actions ) va absorber l’activité coloniale de sa société sœur, la Compagnie perpétuelle des Indes. La spéculation sur les actions des différentes sociétés de Law minera finalement le système lorsque le cours des actions retomba aussi vite qu’il était monté.  Quand les actionnaires et petits porteurs demandèrent à récupérer leur or, les titres émis et les billets de banque en circulation étaient tellement nombreux qu’une conversion en or n’était plus possible. Le système fit défaut, et on appela cela « banqueroute ».

Le système de Law a cependant permis de renflouer les caisses de l’État qui, momentanément plus libre de ses mouvements, a pu soutenir la guerre contre l’ Espagne.  Mais sa chute a rendu la France durablement méfiante à l’égard du papier-monnaie. Ce système a ruiné bon nombre d’actionnaires, tout en enrichissant considérablement ceux qui avaient su revendre à temps 

La plus grande arnaque jamais réalisée

Pour tromper les gens, et pour leur faire croire qu’il y a un côté « scientifique »  dans cette explication, les soi-disant experts économiques ont inventé le concept de « théorie monétaire moderne ». 

Il s’agit ni plus ni moins, d’appliquer le système de Law : fabriquer de la monnaie qui ne repose sur rien, afin de permettre à ces  » monnayeurs » que sont les banques centrales ( FED aux Etats-Unis, BCE en Europe) de financer à peu près n’importe quoi, et surtout les dettes des Etats.

Les Etats s’endettent à taux zéro, les banques commerciales achètent les emprunts émis par ces Etats, et les refourguent à leur banque centrale qui les rachète, sans faire appel à l’épargne des citoyens. Cette opération créée ex nihilo, à partir de rien, des milliards, des dizaines ou des centaines de milliards d’euros ou de dollars.

Injectés dans l’économie en petite quantité, cet apport de monnaie pourrait être bénéfique à l’économie d’un pays, lui permettant de financer des coûts fixes liés à l’investissement à long terme. Mais injectés en quantité massive, mois après mois, année après année, simplement pour soutenir les dépenses folles des Etats, sans que cela ne se traduise par des investissements, donc sans qu’il y ait des bénéfices en retour à moyen ou long terme, c’est en fait diminuer la valeur de la monnaie.

Applications 

Les Allemands l’ont fait dans les années 1920 (République de Weimar, inflation folle, il fallait des milliards de marks pour acheter une baguette de pain), le Zimbabwe l’a fait, le Vénézuela le fait en ce moment… Et pour quel résultat?  Leur argent ne vaut plus rien, il faut des milliards de monnaie locale pour payer des articles de première nécessité. Les populations meurent de faim. On n’a jamais réussi à vivre avec un bout de papier qui ne vaut rien.

Les monnaies ne tiennent que parce que les gens ont confiance en elles. Si la confiance disparaît, la monnaie légale ne vaudra pas plus que le prix du papier sur lequel elle est émise.

On nous parle tous les jours de l’inflation qui s’installe. Mais l’inflation n’est que la conséquence de la perte de valeur de la monnaie, liée à l’impression folle des banques centrales. Les États et les banques centrales continuent d’injecter  des milliards d’euros et de dollars chaque mois, et continuent ainsi de pratiquer cette « fuite en avant »…faisant fi des conséquences  enseignées par l’histoire de John Law.

P. Chanoine

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