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Benny Golson 1929-2024

​Le jazz vient de perdre le 21 septembre une figure légendaire de son histoire.

​Le nom de Benny Golson est mondialement connu, non pas pour ses prestations de saxophoniste, mais pour son immense talent de compositeur et d’arrangeur. Sans entrer dans le détail de sa biographie disponible sur internet, il faut revenir à son importante contribution au mouvement hard-bop des années 50.

​Les Français le découvrent en 1958 lors de la tournée européenne des Jazz Messengers d’Art Blakey. Il en est le saxo-ténor et le directeur musical. L’orchestre a donné un concert à Strasbourg au théâtre du Cercle, place Broglie, concert auquel j’ai assisté. J’avais 14 ans et j’étais encore en culottes courtes. Le billet d’entrée m’avait coûté tout mon argent de poche, mais je n’ai jamais regretté cet investissement. La salle était clairsemée. Nous étions moins de cent spectateurs car à cette époque le nom d’Art Blakey était inconnu du grand public. Le répertoire de l’orchestre comprenait les grands standards bop comme Night In Tunisia et de nombreuses compositions de Benny Golson, en particulier Blues March, l’indicatif de la célèbre émission quotidienne d’Europe n° 1 « Pour ceux qui aiment le jazz » présentée par Frank Ténot et Daniel Filipacchi.

​C’est durant son séjour au sein de cette formation que Benny Golson écrit ses plus belles mélodies : I Remember Clifford, une ballade émouvante à la mémoire d’un génie de la trompette Clifford Brown, mort à 26 ans dans un accident de voiture, Whisper Not, Along Come Betty, Stablemates, Thursday’s theme, Blues On My Mind et bien d’autres thèmes, devenus aujourd’hui des standards joués dans le monde entier. En décembre 1958 Édouard Molinaro fait appel à Art Blakey pour la bande son de son film « Des femmes disparaissent ». Benny Golson écrira la majeure partie de la musique et en dirigera l’enregistrement.

​Au saxophone, Benny Golson a la sonorité colorée des anciens ténors, celle d’un Arnett Cobb ou d’un Illinois Jacquet, et le phrasé des boppers de l’époque. A l’époque, les conservateurs critiquaient son jeu jugé trop progressiste, et les modernistes un son à l’opposé des novateurs comme Coltrane, Getz et les saxophonistes de la West Coast, tous disciples de Lester Young.

​La période la plus féconde de Benny Golson est celle de la fin des années 50 au début des années 60.  Après Art Blakey, il crée avec le trompettiste Art Farmer son fameux Jazztet, qui accueillera jusqu’à sa dissolution fin 1962 de grands musiciens, entre autres les pianistes Mc Coy Tyner, Cedar Walton, Tommy Flanagan, Harold Malbern, Wynton Kelly.

​Dans les années soixante Benny devient un musicien de studio. Il travaille, à l’exemple d’un Benny Carter, d’un Quincy Jones ou de Herbie Hancock, comme arrangeur et chef d’orchestre pour la radio et le cinéma dans un domaine fort éloigné du jazz. Il fait son come-back sur la scène du jazz dans les années 80. Sa sonorité a changé. L’attaque est plus dure et le discours moins chaleureux. Harmoniquement on perçoit ça et là l’influence de John Coltrane.

Présenté par mon ami Johnny Griffin à Benny Golson, j’ai eu le privilège de bavarder avec ce grand monsieur du jazz. C’était un homme réservé, discret mais bien sympathique. Il avait cette modestie, que l’on trouve chez tous les grands artistes.

​A (re)découvrir:: ART BLAKEY 1958- Olympia, Paris, pour I remember Clifford exposé par le trompettiste Lee Morgan (Fontana) – BENNY GOLSON and the Philadelphians (Blue Note) – B.GOLSON Walkin’ avec Eric Dolphy, Freddie Hubbard, Bill Evans (reedition Fresh Sound).

​Cole Porter

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