Le soir du 12 juin 2022 au Foyer des Etudiants Catholiques à Strasbourg, tombaient sur l’écran les résultats des élections législatives en Alsace, les mines dépitées des candidats Unser Land affichaient déjà les résultats sans second tour, et des résultats en nette baisse par rapport aux départementales précédentes.
Comment U.L. en était arrivé là alors que les résultats des élections départementales avaient permis de propulser un binôme au second tour à Saint-Louis, et que lors des législatives précédentes le docteur Simler s’était vu propulser également au second tour à Sélestat ?
Il n’aura pas fallu longtemps à leurs adversaires échaudés par ces seconds tours autonomistes pour rebondir aux législatives de 2022 et afficher l’Alsace sur tous leurs documents de campagne, certains se vantant « d’avoir l’oreille du président pour l’Alsace », d’autres affichant sans rire la « nécessité de donner plus d’autonomie à l’Alsace », pompant ainsi, sans scrupules, le vocabulaire d’Unser Land, qu’ils soient Macronistes, RN ou LR
Or, l’exercice fait face aux limites du réel. Les députés alsaciens LR et Macronistes aussitôt élus ou réélus se contenteront de déposer des projets de loi de sortie de l’Alsace du Grand Est dont aucun ne verra le jour. Tous les projets ont été rejetés par le Bureau de l’Assemblée nationale. Même Laurent Jacobelli, député RN de Moselle, tentera sa chance avec le même résultat.
Le champion toute catégorie est Frédéric Bierry, dont la mine toujours réjouie, témoigne d’une candeur admirable face à un pouvoir parisien moins candide. F. Bierry se vante auprès de Paris d’avoir fait baisser les autonomistes aux législatives alors qu’il n’a pas boudé leur participation à la mise en œuvre de la Consultation citoyenne pour la sortie de l’Alsace du Grand Est…
On dit souvent qu’il n’y a pire sourd celui qui ne veut pas entendre. C’est le cas de Frédéric Bierry, astrologue spécialiste de l’alignement des planètes pour la sortie de l’Alsace du Grand Est. À plusieurs reprises Emmanuel Macron s’est exprimé pour le maintien des grandes régions telles qu’elles existent aujourd’hui. Seul notre Frédéric continue de ne rien entendre et à se comporter comme si de rien n’était. Pour lui tout va bien, pourvu que les planètes soient alignées.
Jeudi dernier, Emmanuel Macron a encore réaffirmé son « pragmatisme » et son refus de revoir la carte des régions, en octroyant à son interlocuteur, deux, trois compétences pour le calmer. Mais ses récompenses ne l’ont pas calmé du tout. Il réaffirme le mandat confié par les électeurs à travers la consultation citoyenne et insiste encore sur l’expérimentation d’un modèle où l’Alsace aurait les compétences régionales et départementales. Mais l’Alsace n’a tué aucun préfet, n’a jamais rien fait sauter sinon le Staufen à Thann, ça date, et c’est l’exception qui confirme la règle.
Emmanuel Macron a probablement voulu éviter une crise ouverte en proposant trente jours d’arbitrage par la préfète entre Frédéric Bierry et Franck Leroy sur les nouvelles compétences alsaciennes. Arbitrage interprété aussitôt par F. Bierry comme une négociation sur la sortie de l’Alsace du Grand Est, aussitôt démenti par Dominique Faure, ministre des collectivités territoriales. Comme quoi tout le monde n’a pas entendu la même chose, ces problèmes d’audition seraient risibles s’ils n’engageaient pas tout un peuple.
Pendant ce temps, que deviennent nos députés macronistes de la majorité ? Brigitte Klinkert s’est vantée d’avoir récupéré des compétences nouvelles et Vincent Thiébaud affirme que le périmètre n’était pas si important. Tous les autres ont disparu au rythme d’un silence radio donnant du sens à la fameuse affiche d’Unser Land « Alerte enlèvement » mettant en scène les députés macronistes alsaciens, sans doute à la cherche d’une issue de secours face à la parole définitive du président. On verra. Ou on ne verra pas.
Et maintenant ? Que faire de ces trente jours car nous sommes toujours au milieu d’un dialogue de sourds : le président veut des négociations sur les compétences arbitrées par la préfète Josiane Chevalier, Frédéric Bierry veut faire de ces trente jours une sortie de l’Alsace du Grand Est.
C’est un véritable jeu de sourds entre les Alsaciens qui veulent retrouver leur région et Emmanuel Macron qui ne veut rien savoir. Le dénouement approche, ce mois sera décisif pour l’avenir de l’Alsace. Aux Alsaciens de montrer une forte détermination sinon nous aurons tout perdu pour longtemps.
Régis Baschung