– On va mettre la France à la Raie
– Et l’économie dans le trou…
– Et moi je vais bloquer les usines, les raffineries, les trains et les latrines.
– Quant à moi j’appelle à une situation explosive avec débordements et tant pis pour les dégâts collatéraux. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs…
Les élections syndicales approchant, chacun y va de sa surenchère. On se croirait à la criée de Rungis où les forts des Halles auraient cédé la place à des Forts en Gueule.
C’est à qui sera le plus virulent pour être invité sur les plateaux de télévision.
Tout au long de la « Fraction Week » parisienne, les leaders maximo-syndicaux défilent, se pavanent et fanfaronnent aux premiers micros tendus. Nouveaux super héros marvelisés, ils se déversent en fatwas macronicides, appellent à la lapidation du Joker présidentiel et à la dilapidation de notre économie.
Celui-là, le verbe haut, propose un dialogue à sens unique, celui-ci la moustache stalinienne en bataille exige d’être reçu au Palais… dans l’espoir de ne pas y être invité.
Le sens de la formule dépasse parfois celui de la réflexion.
Dépassé, les bras tendus tel un Corcovado inaudible, l’ombre de Méluche hante les JT en quête de buzz. Il reprend les idées de ses amis Maduro et Castro et propose une sortie «démocratique par la force ».
Dur, dur de ne pas comprendre qu’on a été…
Il est loin le temps de Georges Marchais et de Liliane, des discours brouillons de Krasucki au bout desquels on ne savait plus de quoi il nous parlait …. Mais, je vous parle d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, on avait le sens de la formule et un certain respect pour son adversaire avec qui on trinquait à la buvette de l’Assemblée, hors caméra.
Aujourd’hui, une nouvelle génération de députés acculturés et haineux, assistés d’irresponsables syndicaux n’existent que par leurs coups d’éclats pour s’ouvrir les plateaux de BFM, C8, LCI ou Gulli afin de pouvoir clabauder à tout va sous la lumière des spotlights. Ils se veulent les Attila de la Vème République… mais où passent ces moins que Huns, les emplois trépassent et ne repousseront pas.
En mettant la France à genoux, notre économie et nos services à l’arrêt, ce sont les plus fragiles qui pâtiront. Leur problème ne sera plus de savoir à quel âge ils partiront à la retraite, mais de savoir comment boucler les fins de mois.
Démarrer une grève dure est facile. Le plus difficile sera de savoir comment en sortir et faire comprendre à leurs adhérents qu’ils ont sacrifié des jours de salaires pour rien.… D’autant qu’eux-mêmes ne semblent pas prêts à sacrifier leurs revenus de ministres.
Je ne sais pourquoi, en regardant sur BFM un leader syndical affalé dans un fauteuil, esquivant des questions auxquelles il était incapable de répondre et me faisait penser aux pétasses siliconées de Secret Story plutôt qu’à un Ragnar Lothbrok des temps modernes, conquérant de nouveaux droits sociaux.
Il est loin le temps des Jaurès, Blum ou Mendès France, celui des Jouhaux, Neumeyer et Bouzanquet, le temps des avancées sociales, des premiers congés payés et des 40 heures.
Pantoufles aux pieds, calé dans mon fauteuil, je me repasse les cassettes des Feux De l’Amour en sirotant un Martinez on the rocks.
L’Ombre