Révolution blanche, réforme agraire, mécanisation de l’agriculture, nationalisation partielle des entreprises, lutte contre l’analphabétisme, droit de vote aux femmes, dictature, et pour clore le tout Persépolis : un péplum organisé par le Shah pour célébrer les 2500 ans de la monarchie perse, son propre couronnement et pour proclamer son nouveau Titre : Shahanshah Aryamehr, le Roi des Roi, Lumière des Aryens.
Mohamed Réza Pahlavi va trop vite, le peuple n’est pas prêt la Savak, la féroce police politique du Shah, surveille les intellectuels mécontents, réprime les opposants, interdit la liberté d’expression, emprisonne, torture. Son refus de baisser le prix du baril du pétrole, son projet de doter l’Iran de l’arme atomique, la perte du contrôle sur le pétrole iranien par l’Occident et surtout la crainte de voir le parti Tudeh, (parti communiste iranien), prendre le pouvoir en faveur de l’URSS, sont les raisons majeures de son déclin orchestré minutieusement par les États-Unis avec la complicité sans réserve de la France
Le Shah rêvait de transformer l’Iran en une grande civilisation moderne, puissante et riche. La croissance du pays est de 10% par an entre 1965 et 1974. Convaincu qu’il est le Père absolu de la Nation, il finit par s’identifier à Cyrus le fondateur de l’empire perse. En 1976 il remplace le calendrier solaire « islamique » (année 1355) par un calendrier solaire impérial (année 2535) alors qu’on entend sourdre dans l’immense bazar de Téhéran la colère du peuple
Tout ces changements imposés à une nation qui n’était pas prête à les recevoir poussent au soulèvement du peuple, au mécontentement des propriétaires terriens, de l’aristocratie et du clergé qui voient leur pouvoir s’effondrer et qui finissent par se révolter. Pour le clergé ces réformes ne répondent pas aux lois islamiques. La révolution est en cours, le peuple ne veut plus de son Shah.
Pendant que le clergé attend le feu vert, les traîtres s’organisent. En 1979, Valéry Giscard d’Estaing, Jimmy Carter, le britannique James Callaghan et le chancelier allemand Helmut Schmidt sont en Guadeloupe pour régler son compte au Shah, l’ami iranien de toujours. Il est temps de remplacer le Shah. Le candidat est déjà identifié, ce sera l’ayatollah Ruhollah Khomeiny.
« Plutôt les islamistes que les communistes ». C’est la nouvelle devise du quatuor. Et ainsi la France prend le relais et va faire un coup de Trafalgar aux Iraniens, à tous les musulmans modérés et aux femmes qui se verront privées de leurs libertés fondamentales. La réussit le casse politique du siècle en remplaçant un dictateur par des Tyrans. C’est sans doute l’opération la plus efficace de la France en matière de politique étrangère : organiser le bordel à long terme et massacrer le 21e siècle.
Le « Guide Suprême » s’installe à Neauphle-le-Château, il tétanise les foules, le Time Magazine le cite comme « son homme de l’année » les journalistes lui lèchent les bottes, il est encensé, porté aux nues, la France est à ses pieds.
Les socialistes, toujours dans les plus mauvais coups, et les plus mauvais projets, le soutiennent publiquement, François Mitterrand veut le rencontrer pour lui faire une danse du ventre, des fois que… On ne sait jamais… Les hypocrites, les opportunistes, les vipères sont tous présents béats devant cet ange nouveau qu’ils encensent. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Roger Garaudy sont hypnotisés par ce vieux barbu qui les reçoit assis sur un tapis, sous un pommier tel un charmeur de serpent. Michel Foucault déclare qu’il y a en France un «Un saint homme exilé à Paris». Comme d’habitude la France est à genoux sous le charme de l’ennemi.
A Neauphle-le-Château, toutes les portes de la gloire lui sont ouvertes. En quelques jours à peine, le peuple français ne jure plus que par la djellabah et le turban du futur monarque des dieux. Johnny chante l’idole des jeunes et les journalistes entonnent Ruhollah Superstar.
Le 1er février 1979, une bande de corbeaux noirs, bénissent les couleurs d’Air France. La France procède au retour de l’enfant prodigue en Iran, et à l’instauration de la première République Islamique selon un plan machiavélique échafaudé depuis Neauphle-le-Château… A Téhéran le calvaire du peuple va commencer. 49 ans de tueries, de misères, d’épreuves, d’adversité, de douleur et de détresse d’un peuple qui va passer de la résignation à la soumission.
En Iran, comme dans beaucoup de pays occidentaux, les grands-mères portaient un foulard et leurs filles étaient en mini jupe. Il n’y avait pas de dress code particulier, les femmes étaient libres de se vêtir comme elles le désiraient. Les unes portaient le tchador, d’autres un long voile noir, la majorité portaient jupes, robes ou pantalons. Tout cela est visible dans les albums de famille, les films de l’époque et autres archives secrètes ou officielles. Il n’existait pas de ségrégation sexuelle; les filles allaient à l’université comme les garçons, elles avaient des Boys Friends, les jeunes se rencontraient dans les boîtes de nuit, les bars, les restaurants, tout paraissait conforme au 20e siècle.
Il faisait bon vivre en Iran au milieu d’un peuple raffiné, poète, cultivé, affable, accueillant, où les femmes restent en dépit de leur blessures, coquettes, intelligentes, ambitieuses et courageuses ! Le voile a été aboli en Iran en 1936, par Reza Shah Pahlavi. En 1941, Mohamed Reza, succède à son père. Il s’engage dans un processus de modernisation du pays connu sous le nom de Révolution blanche. Mohamed Reza élargit considérablement la législation concernant les droits des femmes. Il leur accorde les mêmes droits politiques que les hommes, le droit de vote en 1963, leur facilite l’accès à l’éducation, fait voter une loi pour la protection de la famille, le mariage des petites filles n’est plus autorisé, les femmes disposent de plus de moyens pour divorcer.
Fortes de leur nouvelles libertés, les femmes se sont lancées dans des carrières personnelles, des projets sociaux, politiques, artistiques, elles sont très présentes et efficaces en partie grâce au concours de Farah Diba, la Shah Banou, qui a beaucoup participé et influencé l’évolution de la femme iranienne, particulièrement dans le domaine de la culture.
Après 1979, la terreur et la souffrance s’installent. Les mesures des mollahs sont draconiennes. Confiscations des biens et des droits d’un peuple, pendaisons, tortures, les pasdaran sont à chaque coin de rue chargés de surveiller chaque rue, chaque maison, chaque habitant. On fait sortir les braves gens de chez eux, on fouette le peuple pour un mot, pour un geste, pour un sourire… Il est interdit de boire, de s’aimer, de se réunir, de chanter, de danser. On oblige à des conversions à l’islam. Les iraniens qui le peuvent quittent le pays, ils partent démunis en traversant la Turquie à dos d’âne dans des conditions dramatiques, et pour certains la mort est au bout du chemin.
Les mesures prises contre les femmes sont immédiates. Le port du voile est une fois de plus obligatoire, il leur est interdit de socialiser avec les hommes, de se regrouper entre amis, elles sont arrêtées fouettées, bafouées, martyrisées, mariées de force, vendues, lapidées, tuées. Les femmes payent cher leur condition de femme. Le calvaire des femmes en Iran a 49 ans. La répression poursuit tranquillement son chemin sous les yeux indifférents de l’Occident, des Me Too, des Ni putes ni soumises, aux idéologies scabreuses.
Ce n’est pas la première manifestation de femmes ou d’étudiants en Iran, mais c’est sans doute la plus tenace. Les iraniens racontent depuis Téhéran, que le mouvement n’est pas très soutenu par le peuple, la peur des représailles retient ce peuple dont les tentatives diverses se sont éteintes sous le bruit des baïonnettes.
En Europe, aux Etats Unis, le soutien est frileux, voire inexistant. On assiste à des flux de paroles, de discours, de minutes de silence, et à des mises en scène de comédiennes qui font le buzz en se coupant une mèche de cheveux en signe de solidarité avec des femmes qui risquent à chaque instant leur vie pour une goutte de liberté ! A qui profite la mèche ?!
Le théâtre de l’absurde ne trompe personne, ni les Iraniens qui nous disent leur déception depuis Téhéran, ni les mollahs qui rient dans leur barbe de ces discours et parades vides de conviction, qui allègent la conscience des bourgeois. Les iraniennes ont besoin de soutiens sérieux et visibles. Face à la force et sans appui, elle n’ont pas beaucoup de chance de réussir leur pari. A quand des vidéos géantes sur les façades des mairies et des bâtiments de France ? Des affiches avec les photos de Masha Amin accompagnées du slogan « Femme, vie, liberté ». Un laser partant de la Tour Eiffel ?
« Aucune indulgence vis-à-vis des manifestants” à déclaré le gouvernement iranien. Il y a eu plus de 1200 personnes arrêtées, et plus de 90 morts, le pouvoir réprime les manifestations d’étudiants dans les universités de Téhéran.
Depuis 49 ans, le pouvoir iranien n’a pas dérangé l’Occident… A moins que… certains soufflent que les américains seraient derrière ces soulèvements, l’Iran serait-il proche de posséder l’arme atomique ? Qui sera le nouvel élu ? 49 ans de dictature et pour toute opposition des femmes libres : Une mèche de cheveux…
Séraphine