L’édito du Torchis
Au milieu du nid de vipères qui se reproduisent d’une présidentielle à l’autre, Jeanne d’Arc brandit soudain son épée, non pour sauver le roi, mais pour creuser l’ultime tranchée qui sonnera à coup sûr le glas du PS. Christiane Taubira nous rejoue la scène de la présidentielle 2002. Elle s’ajoute à la liste des candidats de gauche, comme elle se collait hier, sous l’étiquette PRG, à celle des concurrents de Lionel Jospin.
C’est bien à la suite de sa candidature (et celle de Chevènement) que Jospin a perdu l’élection, K.O. dès le premier round. Elle est non seulement responsable de la chute du PS, mais aussi de la présence de Jean-Marie le Pen au deuxième tour face à Jacques Chirac. Pour une femme qui prétend être de gauche, c’est plus fort que de jouer au bouchon.
Au début des années 90, elle vote « en conscience » l’investiture d’Edouard Balladur, Premier ministre de la cohabitation, fricote avec le PRG, se fait élire députée européenne en 1994 sur la liste de Bernard Tapie et poursuit sa danse du ventre, oscillant de gauche à droite et de droite à gauche, entre opportunités et ambitions.
Devant les Français sidérés, Christiane Taubira ment sur l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Sans crier gare, elle démissionne de son poste de garde des Sceaux sous la présidence Hollande pour échapper au débat sur la déchéance de la nationalité. Elle soutiendra encore bien plus tard qu’Assa Traoré est « une chance pour la France », et s’exhibera aux côtés d’un militant indigéniste condamné pour racisme ou d’un blogueur antisémite et homophobe.
Elle décide de la vie ou de la mort
C’est toujours la même Taubira qui refuse d’appeler les Guyanais à se faire vacciner contre la Covid alors que le peuple est cruellement éprouvé par la pandémie. Elle dit manquer «d’éléments d’information» et ne pas vouloir «décrédibiliser» sa «parole forte». En d’autres termes, elle décide de la vie ou de la mort au nom de sa prétendue parole forte.
Et la voilà qui se présente maintenant comme rassembleuse et libératrice de la gauche ! Mais qu’a-t-elle fait d’extraordinaire pour revendiquer ce titre ? Combien de combats a-t-elle à son actif ? Le mariage pour tous ? Il serait passé sans elle. La loi sur l’esclavage ? Elle est incomplète. Il y est interdit de parler de la traite orientale et de la traite africaine, une façon d’affirmer que l’esclavage est une spécificité occidentale, et d’alimenter en conséquence le sentiment victimaire d’une partie de la population. Électorat oblige…
L’ancienne garde des Sceaux a réalisé en 2002 un score pitoyable, 2,32%, mais rien ne la freine. Elle donne rendez-vous en janvier à son électorat, s’il en reste, et prétend vouloir mettre de l’ordre dans « l’impasse » d’une gauche en pièces détachées. « Je ne serai pas une candidate de plus », dit-elle, en rêvant d’une primaire qui la désignerait comme la rédemptrice de Sa cour des miracles.
Je m’voyais déjà…
Elle se voit déjà en haut de l’affiche, avec un slogan volé à Aimé Césaire, ou à Birago Diop. Taubira n’est pas une femme d’action. C’est une baratineuse, une enfumeuse, qui veut faire croire qu’elle pourrait redorer le blason d’une gauche étouffée dans l’anonymat des rangs de LREM. Mais à quel titre veut-elle rassembler ? Et surtout pour quel score ?
Face aux discours radicaux de Yannick Jadot, de Sandrine Rousseau, des Insoumis, des Verts islamo-gauchiste, des cadavres du PS, trotskistes, wokistes, déboulonneurs, nouveaux censeurs, de tous ces Robespierre des temps modernes, Christiane Taubira devra se coller à un discours de radicalité pour rester dans le ton de la campagne présidentielle. Opportuniste ? Vous avez dit opportuniste ? Comme c’est opportuniste !
Celle qui se prend pour la prima donna de gauche, devra mettre son ego en veilleuse, cesser de titiller l’imaginaire des Français avec des citations piochées dans les pages du dieu Google (pour combler le vide de ses discours), et parler enfin des vrais sujets. Si toutefois elle les connaît…
« En politique, quand j’entends un de ces grands mots techniques, je me braque, et je cherche toujours quelle infamie ça cache ». (Aimé Césaire)
Séraphine