Bayrou n’est pas juste un orateur, c’est un prestidigitateur du verbe, capable de faire surgir une montagne de concepts abscons pour finalement accoucher d’une souris.
Lors de son récent discours à l’Assemblée, il a usé et abusé de la rhétorique comme un chef pâtissier en compétition, qui joue avec les nuances d’un soufflé qui ne retombe jamais, le tout sucré de citations qu’il maîtrise comme personne, mais qui font plus office de bruit de fond qu’un discours politique.
“Je vous demande de m’écouter dans le silence”, a-t-il dit, avant de se lancer dans une diatribe longue de plusieurs heures où chaque phrase était une éternité. Si vous avez réussi à capter l’essence de son discours, c’est que vous avez plus de patience qu’un moine bouddhiste, car entre les “tout de même”, “néanmoins”, “en définitive” et les longues respirations philosophiques, on se demande si l’homme ne cherche pas à atteindre l’illumination politique.
Du grand François Bayrou, celui qui promet la grandeur de la République à chaque intervention. Une élocution si dense qu’elle finit par créer un vortex d’indécisions où personne ne sait vraiment ce qui a été dit. Il faut encore reconnaître que sa gestuelle fait partie de son génie. Bayrou ne se contente pas de parler, il se passionne, il vit intensément son discours. Un bras se lève, une main se pose sur son cœur, ce sont des gestes précieux qu’il a appris à utiliser pour combler le vide laissé par ses idées .
Lors de chaque intervention, Bayrou parvient à se positionner comme le dernier rempart face à la corruption et à la décadence. Il sait parfaitement manier la posture du sage qui “prend du recul”, tout en faisant des pirouettes pour éviter de prendre des décisions fermes et tranchées. Ce qui l’intéresse, c’est d’être là, au centre, flottant dans cette douce brume de tergiversations politiques proches de la logique du « en même temps », qui consiste à noyer le poisson, mais surtout à prendre les français pour des cons.
Enfin lorsqu’il décide enfin de nous faire la grâce de conclure, il nous laisse sur notre faim après nous avoir fait croire qu’il allait nous révéler un grand secret. Tout le monde applaudit, mais personne n’a entendu le secret du Béarnais.
François Bayrou n’est pas là pour gouverner. Il est là pour être une figure emblématique, un phare dans la tempête. Un phare qui ne brille pas vraiment, mais qui reste là pour nous rappeler qu’au fond, les cons, n’ont jamais eu besoin de lumière.
Alors, pendant qu’il continue de faire ses tours de magie verbale, on peut toujours rêver : peut-être qu’un jour, entre deux envolées lyriques, il nous offrira une vraie réflexion sur l’avenir du pays.
Son sentiment sur la submersion migratoire ?
Silvia Oussadon Chamszadeh
Dessin Alex Roanne