À l’heure où nous commémorons la libération d’Auschwitz, il y a quatre-vingt ans,
À l’heure où le temps faisant son œuvre, les voix des victimes s’éteignent,
À l’heure où celles des négationnistes, tel, Elon Musk, Alain Soral, Dieudonné, Francis Lalanne et autres, polluent les réseaux sociaux et y déversent leurs mensonges,
Il est essentiel que d’autres voix s’expriment, celles des témoins de témoins.
Nés après l’Holocauste nous avons eu « Un Génocide en Héritage » et avons le devoir de le léguer aux générations futures, car oublier les souffrances de nos pères, condamnera nos enfants à les revivre.
J’ai une pensée particulière pour David Olère.
Arrêté par la police française le 20 février 1943 et déporté à Auschwitz le 2 mars (convoi 49), il portait, tatoué sur son avant-bras gauche, le matricule 106144.
Incorporé dans le Sonderkommando du camp, il fut le seul peintre à être témoin de ce que furent les Crématoires d’Auschwitz-Birkenau. Rare rescapé de ces kommandos, il n’avait de cesse de témoigner au travers de ses tableaux, de ce dont il fut témoin.
Ses œuvres sont le témoignage rare de ce qu’il a vécu et de ce que furent les Crématoires de ce camp d’extermination.
David Olère mourut le 2 août 1985. Non pas de maladie ou de vieillesse, mais de désespoir, en apprenant qu’un universitaire français enseignait à ses étudiant que tout cela n’avait jamais existé.
En 1998, son fils Alexandre Oler fit paraître un magnifique ouvrage, regroupant et commentant certaines œuvres de son père.
Ce livre, aujourd’hui trop rare, n’a, à ma connaissance, jamais été réédité.
Qu’il me soit permis d’en partager deux magnifiques poèmes.
Qu’il oublie, celui qui peut
Il oublie seulement le mal
Qu’on ne lui a pas fait.
Qu’il pardonne, celui qui veut
Il pardonne seulement le mal
Qu’on a fait à d’autres.
Qu’il oublie ou bien qu’il pardonne
Mais ce sera seulement
Pour le compte d’autrui
Quant à moi, mes amis, désolé !
Je n’ai aucun mandat de la part des victimes
Sauf celui de témoigner.
Le Convoi (extrait)
… Mais il y avait pire et mon regard s’enfuit
Bien pire que les jours, il y avait les nuits !
Comment vous les décrire ? Avec quels documents
Pour voir si je dis vrai ou bien si je mens ?
C’est peut-être en été, c’est peut-être en hiver
C’était toujours la nuit, c’est encore l’enfer
Ces nuits, ces jours passés de Drancy jusqu’au four
Ces heures et ces nuits, elles durent toujours.
Jean-Marie KUTNER