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Nucléaire : vers un retour en grâce ?

Les cours de l’uranium ont connu une flambée depuis 2019 avec des prix multipliés par 4 sur cette période, et après la traversée du désert consécutive à la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima liée au tsunami et la mauvaise gestion de la crise par l’opérateur japonais Tepco en mars 2011.

Le changement de paradigme est notable malgré la catastrophe de Fukushima, le nouveau gouvernement japonais, via son ministre de l’Économie, vient d’annoncer qu’il redémarrera autant de réacteurs nucléaires que possible.

La demande croissante provient de l’électrification et de la décarbonisation, de l’augmentation de la population, et des demandes du secteur technologique telles que la révolution de l’IA générative.

59 réacteurs nucléaires sont en construction dans le monde, majoritairement en Asie.

Cameco corporation est l’un des plus grands producteurs d’uranium au monde, il détient pour moitié Westinghouse. Cameco fournit du combustible nucléaire et des produits, services et technologies nucléaires sur l’ensemble du cycle du combustible.

Westinghouse est une entreprise américaine pionnière dans l’énergie nucléaire et fournisseur de produits et de services pour les centrales nucléaires dans le monde.

Westinghouse a conçu et livré le premier réacteur à eau pressurisée (REP) civil au monde en 1957. Aujourd’hui, près de la moitié des centrales nucléaires en exploitation dans le monde sont de conception Westinghouse. 

Les centrales françaises ont été conçues sous licence Westinghouse ; les 56 centrales sont des REP.

Depuis Fukushima et la décision de la chancelière Merkel de fermer ses centrales nucléaires, le nucléaire civil avait mauvaise presse. Tout avait été fait contre l’industrie, l’on peut même remonter à la fin des années 90 pour assister aux premières décisions politiques (gauche et vert) qui ont nui à la filière comme la fin du projet d’un nouveau type de réacteur, Superphénix.

La France vient de mettre en route son EPR, réacteur nucléaire de 3ème génération avec 12 années de retard alors qu’il est déjà opérationnel en Chine depuis 2018.

Lors de la crise des prix énergétiques de 2022, avec la flambée des prix de l’électricité en raison du mécanisme européen d’indexation des prix sur ceux du gaz, nous avons constaté que la crise de la filière nucléaire était profonde : perte de compétences, sur-réglementations au détriment des industriels du secteur, et notamment du soutien médiatique aux politiques anti-nucléaire.

Les auditions de la commission parlementaire sur ce sujet valent le détour.

La France a refusé de sortir du mécanisme des prix européen et de reprendre son indépendance dans la fixation des prix. La France possède pourtant un avantage concurrentiel avec son parc nucléaire qui lui permet d’avoir un prix bas de l’électricité. 

Les industriels, les commerces et les finances du pays ont souffert de ces choix erronés. 

La commission européenne doit présenter prochainement un pacte pour une industrie propre qui associera croissance durable et renforcement de la compétitivité industrielle de l’Union. 

L’Allemagne fait pression pour les énergies renouvelables. Le secrétaire d’État allemand à l’Économie Sven Giegold (Les Verts) a récemment déclaré que « Notre économie européenne a besoin d’une énergie renouvelable abordable, rapide et en grande quantité. Il est important d’exclure l’énergie nucléaire et sa production de tout financement de l’UE ».

Sven Giegold ignore vraisemblablement que le solaire et l’éolien sont par définition des énergies intermittentes et polluantes compte tenu de l’utilisation nécessaire des centrales à charbon la nuit ou par temps calme.

La position de l’Allemagne et de l’Union européenne sur le nucléaire creuse le fossé économique avec les USA et l’Asie. Déjà, les chiffres sur l’appauvrissement des européens sont édifiants au cours des quinze dernières années : en 2008, les USA et la zone euro avaient des PIB quasi similaires à plus 14 trillions de $ ; en 2024 l’écart entre les PIB est de plus de 80% avec celui des USA à près de 29 trillions de $ et celui de la zone euro à 16 trillions de $ seulement.

Les industriels ont un coût de l’énergie moindre outre-Atlantique grâce aux énergies fossiles et au nucléaire.

Selon Luca de Méo, Directeur général de Renault, le prix de l’électricité pour produire une R5 est le double du coût du travail.

Comment l’industrie automobile peut-elle survivre dans une Europe qui a une énergie deux fois plus chère et des réglementations contraignantes ?

Les GAFAM ne s’y trompent pas. 

Le PDG de Google, Sundar Pichai réfléchit à l’utilisation de l’énergie nucléaire pour alimenter ses data centers dans le contexte d’une forte demande liée à l’IA. 

L’IA est énergivore à tel point que certains évaluent que les besoins équivaudront à la consommation du Japon d’ici quelques années.

Amazon a acquis auprès de Talen Energy, pour sa filiale cloud AWS, un data center alimenté par énergie nucléaire.

Microsoft vient de signer un accord avec Constellation Energy pour relancer un réacteur nucléaire vieux de 45 ans.

Oracle, un poids lourd du cloud computing et des data centers, a annoncé son intention d’alimenter son nouveau centre de données colossal avec trois réacteurs nucléaires « modulaires » (SMR).

Quant à Nvidia, son PDG Jensen Huang a déclaré à Bloomberg TV : « Le nucléaire est une excellente source d’énergie, une source d’énergie durable ».

Après le saccage de l’industrie par la faute des lubies des verts européens, est ce que l’UE va enfin se réveiller pour développer l’innovation et l’IA ? La politique énergétique semble répondre que non, et la réglementation dit non également : Apple ne déploiera pas son IA dans l’UE.

L’UE ne se montre pas business friendly.

Cela est bien dommage d’autant que ni l’Amérique, ni l’Asie ne se priveront d’utiliser dans leurs mix énergétiques de l’énergie nucléaire et des énergies fossiles.

Donald Duck

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