On hésite souvent à parler de celles et ceux qui ne le méritent pas, avant de se rendre compte que de n’en pas parler serait pire.
Le paysage médiatique orthorexique, déjà bien fourni en génies, a néanmoins encore trouvé de la place pour un nouveau camarade en mal de notoriété, dénommé Aurélien Bellanger, romancier, essayiste et qui, évidemment, intervient régulièrement sur une radio payée par tous mais qui ne s’adresse qu’à quelques-uns.
Ce forcément philosophe puisqu’il est de gauche, vient de publier Les Derniers jours du Parti socialiste aux Éditions du Seuil, qui est une charge à l’arme lourde contre trois personnes en particulier : Laurent Bouvet, fondateur du Printemps Républicain, Michel Onfray et Raphaël Enthoven, qu’il n’a pas eu le courage de désigner par leur vrai nom, mais par les pseudonymes de Grémond, Taillevent et Frayère, dont le lecteur qui a du temps à perdre pourra chercher le pedigree dans un bouquin idoine.
Prononcée avec le ton haineux obligatoire dans ce genre d’exercice si l’on veut passer sur France Inter, la sentence est sans appel : ce sont des traîtres à la gauche car ils utilisent le prétexte de la laïcité pour monter en épingle l’islamisme dans le but inavoué de faire grimper l’islamophobie. Cet argument est tellement éculé que Rima HassHaine serait en droit de lui demander de « rendre des comptes » pour plagiat.
« Il y a une islamophobie extrêmement forte qui travaille la société française, une islamophobie qui est devenue, de passion populaire, une passion d’intellectuels. L’islamophobie, aujourd’hui, quand on allume un certain nombre de chaînes de télévision, est extrêmement présente sur les plateaux, et c’est une anomalie. La société française est malade de cette islamophobie et des personnes l’ont volontairement attisée » dit-il. Les familles de Samuel Paty, Dominique Bernard Arnaud Beltrame, etc…, apprécieront.
Sur sa lancée, il ajoute que le Parti socialiste est mort étouffé par «une laïcité dévoyée et la réinvention d’un racisme à gauche». On retiendra qu’il y avait donc bien un racisme à gauche qu’il suffisait simplement de « réinventer ». Il parle sans doute du racisme antiblanc.
On ne s’étendra pas sur son style de collégien attardé, mais, après tout, il n’y a aucune raison pour que le niveau de sa syntaxe soit plus élevé que celui de sa réflexion.
Pour Bellanger, la conception de la laïcité de Bouvet « cache quelque chose d’obscurément fascisant ».
T’as raison mon pote, d’ailleurs ton idole O’Brien (1984 d’Orwell) l’avait bien dit : « la liberté, c’est l’esclavage » et vice-versa. Désormais, pour une grande partie de la gauche, la laïcité, donc la liberté, c’est l’esclavage. Il n’y a que les fachos pour ne pas le comprendre.
Il dénonce ainsi la «mauvaise gauche», celle qui ne crie pas systématiquement à l’islamophobie quand on mange un steack-frites au lieu d’un couscous. Le mangeur de couscous est toujours du bon côté, avec le soutien de tout ce que la Planète compte de gens bien, comme, par exemple, monsieur Guterres, secrétaire général du « Machin » cher à De Gaulle, qui a cru fondamental de créer une journée internationale contre l’islamophobie.
Les chrétiens d’Orient, les arméniens, les otages israéliens, les boucliers humains, les femmes afghanes et iraniennes, tous ceux-là peuvent aller se brosser. La priorité, la seule, est de lutter contre tout ce qui pourrait nuire aux Frères musulmans qui exultent chaque jour en voyant leurs plus grandes espérances réalisées par des hordes de crétins, mécréants mais tellement utiles à la « cause », cette cause qui se retournera en priorité contre ceux qui lui déroulent aujourd’hui le tapis rouge.
Comme s’il ne suffisait pas que des formations politiques se compromettent avec l’islamisme radical, il faut en plus que des pseudo-intellectuels se haussent du col en justifiant, par une théorisation fumeuse, ses pires excès.
Ce que les Bellanger et consorts ne comprennent pas, c’est qu’aucun de ceux qu’ils tentent de séduire n’achètera leurs bouquins, car ceux-là ont déjà compris que ces bouquins ne valent pas plus que leurs auteurs.
O.T.