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7 octobre

Toi et ton frère, j’ai l’impression de vous connaître et de vous avoir déjà serré dans mes bras. Quand tu as embrassé un enfant, tu les as tous embrassés. Ces jolies joues rondes et fermes, ce petit crâne si fragile, ces minuscules mains potelées, tes petites jambes dodues qui gigotent en permanence, cette peau douce et tendre qui sent le lait … Et l’air sage de ton frère aussi, je le connais… Sa petite fossette quand il sourit timidement, sa mine sérieuse et fière qui veut « fait le grand » et te tenir dans ses bras. 

Sur toutes les photos et les vidéos que j’ai vu de toi, tu éclates de rire en te tortillant. Le rire fou et communicatif d’un petit bébé joyeux et chatouilleux. 

J’ai aperçu tes parents aussi, sur une vidéo et sur une photo. Ton père, à genou, tenait ses mains sur sa tête ensanglantée. Ta mère pleurait en serrant contre elle les deux petites têtes rousses de ses enfants. 

J’espère que vous aurez été jusqu’au bout dans ses bras, qu’elle vous aura bercés, embrassés et rassurés. 

J’espère que vous étiez trop petits pour comprendre qu’il existe sur terre des ordures capables d’enlever des enfants et des bébés, juste parce qu’ils sont juifs et qu’à des milliers de kilomètres de là, il se trouve d’autres raclures pour arracher les affiches qui demandaient votre retour. 

J’espère que vous n’avez pas eu trop peur. Que vos parents, comme dans le film de Roberto Benigni « La vie est belle » , auront réussi à vous faire croire que tout cela n’était qu’un jeu. 

Où que vous soyez maintenant, j’espère que vous avez recommencé à rire.

Les larmes, elles sont pour nous.

Nathalie Bianco

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