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Strasbourg All Exclusive

Je m’baladais sur l’avenue, le cœur ouvert à l’inconnu, j’avais envie de dire bonjour à… merde… j’ai marché dedans ! Et pas avec le pied gauche…

A Strasbourg, mieux vaut ne pas se promener le nez en l’air, au risque de se compliquer l’existence. Il faut dire qu’il y a moins de canisites à Strasbourg que de sexshops au Vatican, alors les toutous font comme ils peuvent et où ils peuvent ; et puis, les merdes de chiens se remarquent à peine, tant la ville est sale, de haut en bas et de long en large. « Herbes folles », adventices, jardinières approximatives, « commensaux », « liminaires », détritus en tous genres, mégots… la liste est trop longue.

Tout en regardant où on met ses pieds, il faut maintenir le regard à hauteur d’homme pour essayer de survivre dans ce bazar, pour éviter les vélos-bobos et autres trottinettes, les livreurs-bulldozers, les mendiants, les tranchées, plots et barrières de chantiers qui pullulent.

La municipalité strasbourgeoise a entrepris de modifier la ville à grands coups de pelleteuse et elle le fait savoir avec force publicité et panneaux explicatifs ; explicatif ne voulant pas dire compréhensible.

De prime abord, on est tenté de croire que la pléthore de chantiers a pour seul but l’amélioration du quotidien des Strasbourgeois ; ce n’est pas complètement faux, mais pas tout à fait vrai non plus, car la vérité est ailleurs…

Certes, la municipalité écologiste a doublé le budget destiné au réaménagement de l’espace public et à l’entretien de la voirie, sauf qu’en y regardant de plus près, on constate que si la politique menée depuis le début du mandat de Jehanne vise effectivement à « changer la ville », c’est au profit des seuls Strasbourgeois, des seuls résidents strasbourgeois, plus exactement à une catégorie bien précise de Strasbourgeois : les cadres aisés, autocentrés, en bonne santé. 

Écolos mais pas trop… disons écolos la semaine lorsqu’il s’agit d’amener ses enfants à l’école en montrant son vélo-cargo puis de passer à la boutique bio du quartier, inaccessible au prolo qui a, d’ailleurs, déjà quitté le quartier. Le vélo-cargo est aujourd’hui ce qu’était jadis la veste à col Mao ou en velours côtelé dans la panoplie du parfait gauchiste.

La stratégie élaborée et appliquée par Jehanne se résume à ce non-dit : 

« Strasbourg aux Strasbourgeois, rien qu’aux Strasbourgeois ». Tous ceux qui n’y résident pas doivent en être chassés ou entravés jusqu’à découragement.

Pour y parvenir, on a déployé les grands moyens : stationnement payant bientôt partout, limitation des places de parking, temps de stationnement limité et surtarifé, multiplication des sens uniques, limitations de vitesse incompréhensibles, suppression de voies circulables avec pour conséquence l’impossibilité pour les bouseux qui s’aventurent en ville de venir s’y faire soigner, pour les professionnels d’y venir travailler, notamment les artisans sollicités par des clients privés. Bien sûr, dans les structures publiques, il y a toujours un parking ou un passe-droit.

Si l’automobile est bannie, l’automobiliste devenu piéton l’est aussi! Lorsque l’on évoque la restriction de l’espace piéton, les thuriféraires du concept gazeux du « vivre ensemble » rétorquent qu’ils font tout pour augmenter cet espace et qu’il n’y a que les bourgeois égoïstes et myopes pour ne pas s’en rendre compte. Il convient alors de répondre que cet espace piéton prétendûment augmenté ne profite jamais au piéton, mais aux nuisibles à roulettes, seuls autorisés à circuler librement. Les zones dites piétonnes comme, par exemple, la Grand’Rue, ainsi que toutes les places publiques, sont systématiquement envahies par des cyclistes et des trottinettistes qui refusent de mettre pied à terre et qui mettent constamment les piétons en danger.

On ignore si cette situation découle d’un concept philosophico-écologiste mûrement réfléchi ou si elle n’est que la conséquence délétère de politiques idéalistes qui n’a tout simplement pas été envisagée, mais force est de constater que tout ce qu’entreprend la municipalité vise à bouter hors la ville tout ce qui ressemble de près ou de loin à un non-résident, piéton ou pas.

Comme les autres villes françaises gérées par les pastèques, Strasbourg est censée être un lieu « apaisé », tendance jus de navet-quinoa, sauf qu’elle est devenue, comme les autres, un narco-far-west infernal, où les vieux, les handicapés, les jeunes enfants, les flâneurs, les rêveurs, les travailleurs manuels n’ont plus leur place. Les commerces ferment, les associations s’étiolent, Strasbourg se vide de son sang, de ses tripes, de sa vie.

C’est à se demander si la politique urbaine menée par les écolos ne consiste pas, essentiellement, à la mise en place, via rouerie électorale et démagogie éhontée, d’un système visant à capter et garder indéfiniment le Pouvoir au profit d’une minorité de révolutionnaires pseudo progressistes, une caste de néo-aristocrates bourgeois, sans noblesse, bien portants et sportifs, pour leur permettre de ne vivre qu’entre eux dans un monde idéalisé pour eux seuls. 

La ville devenue haut-lieu de l’entre-soi, paradis du bobo à roulettes, ne peut plus se permettre de compter en ses murs tous ces réfractaires rétrogrades, dont certains roulent encore au diesel et font des barbecues. Ceux-là doivent disparaître ou, à tout le moins, sortir du champ de vision.

O.T.

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