Photo Alain Peters- Strasbourg- Le Torchis
Lorsque je me rends à Strasbourg,notamment lorsque je m’y rends en tram, je dois faire le constat que nulle part, je n’’entends encore parler notre belle langue alsacienne. On entend de tout, une véritable Tour de Babel…
Certes, notre dialecte alsacien est encore relativement vivace dans nos campagnes, en particulier dans le Nord de l’Alsace et même chez les jeunes, mais devient totalement absent dans nos villes.
Moi même, depuis le décès de mes parents, je n’ai plus beaucoup de dialectophones dans mon entourage. Au restaurant dans lequel je déjeune tous les jours, je n’entends plus parler alsacien.
L’apport de populations nouvelles non originaires d’Alsace, qu’elles soient de la France de l’intérieur ou issues de l’immigration, et la non transmission intergénérationnelle semblent porter le coup de grâce à notre langue.
Le rouleau compresseur est en marche et je crains que d’ici une cinquantaine d’années, l’alsacien ne devienne une langue morte.
Plus récemment, l’attitude de certaines personnes haut placées, censées défendre et promouvoir l’alsacien, considèrent que l’alsacien n’est qu’une langue parlée et que sa forme écrite doit être l’allemand littéraire, le « Hochdeutsch » !
La polémique a fait rage à Colmar lorsque Straumann a imposé une traduction des noms de rue en allemand alors que l’usage courant localement est celui des noms de rues en alsacien. On a su l’écrire dans d’autres communes. On sait éditer des ouvrages en alsacien écrit (même Tintin et Astérix ont été traduits!) mais l’on ne veut pas de noms de rues en alsacien. Même les chargés de cours d’alsacien en rajoutent une couche ! Comme d’autres, ils considèrent l’allemand comme la langue administrative et écrite.
Raymond Matzen doit se retourner dans sa tombe en voyant cela, lui qui nous faisait lire des poèmes en alsacien ! Nous n’avons pas de langue administrative allemande depuis 1945, notre langue administrative est le français. Mais nous savons écrire notre dialecte tout comme le font d’autres régions germanophones comme le Pays de Bade voisin, la Suisse alémanique, la Bavière ou le Südtirol. De toute évidence, ce n’est pas un service qu’on rend à l’alsacien de le considérer uniquement comme une langue parlée. Cela ne peut que contribuer davantage à son déclin en le cachant derrière des écrits en Hochdeutsch.
Au contraire, tous ces gens qui ont encore un pouvoir pour enrayer le déclin de notre langue devraient adopter une attitude constructive et non destructive. Notre culture devrait être davantage favorisée notamment dans les médias régionaux à l’instar de ce qui est fait au Pays basque par exemple. Et surtout il est impératif que les parents encore dialectophones transmettent cette richesse à leurs enfants. Il est urgent de se bouger !
Et pour montrer à tous ces fossoyeurs de la langue alsacienne que notre langue s’écrit très bien, je vais vous dire la même chose en l’écrivant en alsacien !
Hopla !
Bedenke iwer unseri elsässich Sproch
Wenn ich uf Strossburi fahr, bsondersch wenn ich de Tram nehm, muss ich feschtstelle dass nirgendwo meh elsässich gered word. Mer hert von allem, e richtiger Babelturm…
Sicher isch unserer Dialekt noch stets lawendi ufem Land un sogar bie de junge Litt, awer in unsere Städt isch er fascht total verschwunde.
Ich selbscht, seit mini Eltere gschtorwe senn, hab au nimmi viel Litt um mi herum die elsässich rede. In de Wirtschaft wo ich jede Daa z’Mittaa ess heer ich au noch sehr wenni elsässich rede. D’herkommene Inwohner, ob vom « intérieur » oder üs de Immigration dozü noch dass d’elsässich Sproch nit de Kinder iwertrawe wird, schient leider s’End von unsere Sproch ze bedide.
Die Walz isch im lauffe un ich firscht dass unseri Sproch bis in 50 Johr nimmi exischtiert.
Do kommt noch dezu s’Verhalte von manche hochplazierte Litt die unsere Sproch verteidische solte un nix anderes finde as s’elsässiche nit als Schriftliche Sproch ze anerkenne. Die welle han dass nur d’ditsch Sproch, s’Hochditsch, schriftlich benutzt word. Des het in Kolmer e Streit gen : de Straumann hetd’Strossenäme uf Hochditsch iwersetzt un net uf elsässich. Mir hets doch in andere Gemeinde fertigebrocht ! Mir het sogar Biecher uf elsässich rüssgebrocht (sogar de Tintin un de Asterix sin iwersetzt wore!) awer de Strossenäme will mer nit uf elsässich iwersetze ! Sogar so Iwergscheiti die uns d’elsässich Sproch lehre solle han des verteidischt. Wie so anderi, meine se dass s’Hochditsch d’schriftlich Sproch und d’Sproch von de Verwaltung soll sin. De Raymond Matzen wird sich sicher im Grab rumdreie wenn er so ebs sieht, er wie uns Gedichtle uf elsässich het lese mache. Seit 1945 hamer jo kenn ditschi Verwaltungssproch meh, unseri Verwaltungssproch isch doch Franzesch ! Awer mir kenne doch unseri Sproch schriewe genau so wie es in andere Gejende mit ditschem Dialekt de Fall isch : im Badische, in de Schwiz, in Bayern oder in Südtirol. Es ich nit gut fir unseri Sproch sie nit als schriftlischi Sproch ze anerkene. Des kann nur noch mehr unsere Sproch schade wenn mir sich hinter dem schriftliche Hochditsch versteckelt. Im Gejeteil, die ganze Litt wie noch entscheide kenne ebs ze tun fir unseri Sproch ze rette sollte sich viel mehr insetzte anstatt degeje ze wiricke wie s’es im Moment tuen. Unseri Kültür sollte viel mehr favoriesert werde wie zum Beispeil in de regionale Medie, so wie es im Baskeland de Fall isch. Un, umbedingt, muen d’Eltere die noch elsässich rede unseri Sproch widersch de Kinder iwertrawe. Mir muen verdammi ebs unternehme, es isch Zitt !
Un fir ze zeije dass mer uf elsässich schriewe kann haw’ich jetzt dene ganze Text iwersetzt !
Merci fir d’Geduld und d’Mieh !
Marc Assin