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Un monde à l’envers allant vers… la fin

Le Monde (le journal) ou ce qu’il en reste, publie chaque année son « État du monde », prétendue photographie du monde tel qu’il est à un moment donné, mais vu à travers les yeux de ses journalistes. Raison suffisante pour que le Torchis publie son « état du monde » à lui.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’optimisme n’est pas le mot-clé des temps à venir ; si l’on observe le monde tel qu’il est aujourd’hui et que l’on se risque à se projeter dans un avenir pas trop lointain, on ne sera pas loin de se dire que « c’était vraiment mieux avant ». 

2023 a servi de terreau à des guerres que 2024 fera croître. Le monde s’embrase : l’Ukraine et le Moyen-Orient ne sont probablement que les hors-d ’œuvres avant les plats plus sanglants, car de nombreux experts s’accordent sur un tableau plutôt sombre à plus d’un titre et sur l’ensemble de la planète. Au premier chef, les risques de multiplication de conflits armés, avec l’utilisation potentielle d’armes nucléaires, sont de plus en plus prégnants, notamment dans la péninsule Coréenne. 

Admettons que le premier qui appuie sur le bouton soit pulvérisé dans la minute qui suit, il y a de fortes chances qu’on ait deux pulvérisés : l’agresseur et l’agressé, avec des conséquences assez néfastes et quasi-pérennes pour le reste de la planète. Avec les conflits en cours, le risque majeur est qu’ils dégénèrent au niveau régional et qu’ils s’étendent au niveau mondial. Ces derniers temps, la presse internationale regorge d’avertissements émis notamment par de hauts gradés de plusieurs armées (notamment de l’OTAN et de pays limitrophes de la Russie, mais également du ministre de la Défense allemand) nous alertant sur l’imminence – d’ici 3 à 5 ans – d’une confrontation directe avec la Russie. 

Le fait que l’Occident ne parvienne pas à contrer efficacement Poutine ne simplifie pas les choses et risque d’en encourager certains… Par ailleurs, on voit de moins en moins comment éviter une guerre à propos de Taïwan ; soit une « petite » guerre locale entre la Chine et Taïwan, soit une conflagration entre la Chine et les USA…

Pour les experts de l’International Crisis Group (ICG), le mouvement initié par Poutine a donné des idées à d’autres qui, visiblement, ne supportent plus la paix, certes relative, que connaît le monde depuis plusieurs décennies et qui ne font plus confiance aux diplomates. L’Iran qui, à l’intérieur, ne s’intéresse à rien d’autre qu’à la tenue vestimentaire des femmes, semble impatient d’en découdre à l’extérieur, tout comme la Corée du Nord qui pense qu’elle bénéficiera toujours du soutien infaillible de la Russie, le Yémen qui se prend pour un grand, les Etats africains qui internationalisent les conflits tribaux, les USA et la Chine qui veulent gagner, quoiqu’il en coûte, le concours de celui qui a la plus grosse.

Pour l’ICG, « Le risque que des dirigeants passent de la suppression de la dissidence au niveau national ou de l’intervention indirecte à l’invasion de pays voisins semble plus élevé en 2024 qu’à n’importe quel moment au cours des dernières années ». Si les conflits armés devaient durer, l’économie mondiale déjà mal en point risquerait de sombrer complètement. Les guerres enrichissent quelques-uns, mais elles appauvrissent tous les autres. Comme disait Paul Valéry, « la guerre, c’est le massacre de ceux qui ne se connaissent pas au profit de ceux qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » Dans ce contexte, il y a peu de chances que les mouvements migratoires se tarissent, bien au contraire.

Qui dit guerre, dit armement. Les derniers mois ont vu une croissance exponentielle des dépenses militaires, prélude à un surarmement général. Les plus optimistes ou les plus cyniques se félicitent d’une reprise, par effet domino, de l’activité économique, sauf que la réorientation vers des économies de guerre se traduit toujours par un affaissement des dépenses sociales. Mais, après tout, pourquoi engager des frais pour la chair à canon… N’oublions pas les conflits au Soudan, en Birmanie, en Somalie, en Arménie où l’Azerbaïdjan pourrait essayer d’agrandir son territoire, sans parler de l’instabilité croissante au Mali, au Niger, au Burkina Faso et en République Centre Africaine.

Outre les guerres et les perturbations climatiques, il semble que la menace principale qui pèse sur l’Occident soit… l’Occident lui-même avec une vague d’élections plus périlleuses les unes que les autres. S’il y a peu de chances de voir Poutine éjecté de son trône, en ce qui concerne les U.S.A. et l’Union Européenne, ce ne devrait pas être la même promenade pour les dirigeants en place, avec une poussée significative des « vilains » populistes. Comme l’écrit le Financial Times, jamais auparavant dans l’Histoire il n’y a eu autant d’élections en une seule année. Près de 2 milliards de personnes – soit la moitié de la population adulte mondiale – se rendront aux urnes en 2024.

Si l’éventualité d’une inflation persistante s’éloigne (bien que tout le monde ne soit pas de cet avis), d’aucuns s’inquiètent de la place grandissante et du danger de l’intelligence artificielle. l’I.A est comme la plupart des inventions humaines : elle recèle autant de mal que de bien. Le nucléaire produit de l’électricité et des bombes. Le couteau tranche le pain et la gorge. En réalité, le danger ne réside que dans l’usage que l’on fait de ce que l’on a dans les mains.

Bref, profitons en pour vider encore quelques verres et faire quelques réserves.

O.T.

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