Michel Hausser

Un grand jazzman alsacien nous a quittés le 26 janvier.

Succincte biographie

Né en 1927 à Colmar, Michel Hausser débute à l’accordéon, puis étudie le piano. Dans les années 40, Il joue en Alsace dans des orchestres de variétés et se produit régulièrement au cabaret de la Maison Rouge, place Kléber à Strasbourg (l’immeuble, rasé et reconstruit, abrite aujourd’hui la Fnac.). A cette époque, on dansait sur les mélodies de Broadway, qui font partie du répertoire populaire. Michel s’initie ainsi à la musique américaine. Il découvre par un disque de Lionel Hampton le vibraphone, un instrument qu’il adopte et dont il sera le plus grand spécialiste en Europe. 

Influencé à ses débuts par Lionel Hampton, Michel se détache du style swing des années 30 et opte pour la musique de sa génération, le Be Bop. Son maître à penser est Milt Jackson, le futur vibraphoniste et soliste du Modern Jazz Quartet. 

Dans les années 50, Michel s’installe à Paris. Il a un solide bagage musical et ne tarde pas à jouer dans les meilleurs clubs de la capitale : ‘Le Club St. Germain’, le ‘Caméléon’, ‘le Chat qui pêche’, ‘le Trois Maillets’ où je l’ai écouté pour la première fois. A 14 ans et en culotte courte, j’étais le plus jeune de l’assistance et loin de me douter que je ferai partie de son orchestre vingt ans plus tard.

Sa réputation grandissante lui ouvre les portes des radios européennes. La télévision en est à ses débuts et n’a pas encore conquis l’audience du grand public fidèle à la radio. Michel Hausser participe à des concerts organisés dans les locaux des stations radio. Il est engagé par l’ORTF, ancien nom de Radio France, à se produire à Paris et en province, ainsi que par la Radio Suisse Romande et la NDR de Hambourg. Ces émissions retransmises en direct le font connaître dans toute l’Europe. Reconnu comme le meilleur vibraphoniste de l’hexagone, il représente la France au Festival de jazz de Cannes en 1958 et 1961. Des documents sonores de l’époque ainsi que sa prestation filmée à Cannes font partie de collections privées. 

Michel Hausser devient une vedette et poursuit désormais une carrière internationale. Vibraphoniste et, on le sait moins, excellent pianiste, il passe souvent de l’un à l’autre pendant un même morceau. Il a enregistré avec Quincy Jones, Lucky Thompson, Kenny Clarke, Don Byas, Sarah Vaughan, Bobby Jaspar et sous son nom. Michel Hausser a composé de nombreuses mélodies dans un style typiquement bop. Ces disques sont difficiles à trouver aujourd’hui, mais en 2020 Fresh Sound a réédité en un double CD des enregistrements tombés dans le domaine public (Mr. Vibes – FSR-CD 994)

Fatigué du stress de la vie parisienne, il se retire à Munster, de mémoire vers 1980. Il ouvre une école d’accordéon, monte un trio avec le guitariste Bernard Hertrich et le contrebassiste Werner Brum, qui fut l’invité du Torchis à la jam session de juin dernier. La mairie de la ville lui propose de créer un festival de jazz annuel et Michel programme jusqu’en 2008 de nombreuses grandes vedettes pour le plus grand plaisir des amateurs alsaciens, suisses et allemands. La 36ème édition du festival devrait avoir lieu à cheval sur le week-end du 1er mai prochain.

Souvenirs

J’ai bien connu Michel puisque j’ai fait partie de son quintette pendant deux ans. Pour les grands concerts, il étoffait son trio en y ajoutant le batteur Daniel Dupret, qui participera fin mars au prochain concert organisé par Le Torchis, et votre serviteur. Je me souviendrai toujours de notre prestation au premier festival de Munster en mai 1988.  Michel avait peur que le public ne soit pas au rendez-vous et il nous avait communiqué son inquiétude et son tract avant de monter sur scène. 

Michel avait toujours un grand sourire et était d’une extrême gentillesse malgré son statut de star. Ses exigences étaient toujours justifiées et il m’a appris la discipline musicale. Michel formait avec Rose, son épouse, un couple rare et leur hospitalité reste légendaire.

 Ce fut un honneur de partager la scène avec ce grand monsieur, un gentleman, et de devenir l’un de ses amis. 

Léon Terjanian

Partager cet article :

Facebook
Twitter
LinkedIn