La difficulté, c’est que rien n’est figé, que tout est éphémère, que tout est rapide et passager, que rien ne dure, que rien ne dort, que tout bouge, que cela nous plaise ou pas, que cela soit heureux ou pas, que nous en redemandions ou pas.
La difficulté, c’est que rien ne demeure, sinon le temps de l’éternité. Et que nous ne sommes pas nés pour y rester, y habiter.
La difficulté, c’est que l’on pense que l’on sera longtemps enfant.
Faux, pourtant.
Que l’on s’imagine adulte pour des années à n’en plus finir. Et qu’elles finissent sans prévenir !
La difficulté, c’est que l’on aimait être la fille de, la nièce de, la cousine de, qu’il était doux d’être rattaché à quelqu’un de plus vieux, qui allait nous protéger, faire les corvées et partir en premier. Parce que c’était là ce que notre conscient ne disait pas.
Mais les lignes changent. Comme lorsqu’on avance d’un pas de plus vers la caissière. Pour payer. Parce que les autres s’en sont allés. On avance … Et le bord est là. Et l’on sent bien qu’il va falloir changer quelque chose en soi pour s’en approcher, pour oser se pencher, juste regarder.
Métamorphosés.
Un événement, une compréhension, le saut de l’ange qui hante, et la métamorphose nous tente.
Soudain, l’on comprend qu’il y a des coulisses, l’on discerne mieux les ficelles des marionnettes, des gens heureux ou malheureux, que ce que l’on voit n’est qu’illusion, la surface de la réalité, comme la télévision, le décor du théâtre.
Il y avait un Sens à la pièce qui se jouait. Mais l’on ne voulait ni le chercher, ni le trouver.
Et là, voilà qu’au bord de la falaise, l’on n’a plus le choix. Le Sens vient. Un éclair et la compréhension, notre mission. Le profond.
On saute.
On change.
Martine Benz®