Fermeture du Goethe-Institut de Strasbourg

On peut certes s’alarmer de la fermeture annoncée de l’antenne du Goethe-Institut de Strasbourg et s’inquiéter de la disparition d’une institution contribuant à sa façon à la Promotion de la langue et de la culture allemande.

Cependant, prenons acte qu’il s’agit là d’une opération propre à l’Allemagne qui gère comme elle l’entend ses instituts. Allemagne qui au demeurant ne s’engage pas particulièrement en faveur de l’enseignement de la langue allemande en Alsace, sujet toujours tabou.

On peut certes pousser des cris d’orfraie, mais rappelons que Strasbourg ne dispose que d’une délégation du Goethe-Institut de Nancy et que l’on n’y enseigne pas l’allemand. Rappelons qu’il y a bien des années des courants contraires venant de France avaient empêché que Strasbourg disposât d’un institut complet. Toujours étaient à l’œuvre les combats de sape de la part germanophone de l’identité alsacienne. Et, ce qui alors n’a pas été fortement demandé n’a évidemment pas été obtenu !

Avant de s’en prendre aux autres, balayons donc devant notre porte. Faisons-nous assez pour préserver, voire développer le bilinguisme français-allemand chez nous-mêmes ? Faisons-nous ce qu’il faut pour assurer la survie de notre langue régionale, à savoir l’allemand standard et ses variantes dialectales? Osons-nous déjà dire qu’elle s’énonce ainsi? 

La langue régionale bénéficie-t-elle d’une véritable existence sociale, à savoir scolaire, médiatique, administrative, culturelle, économique, cultuelle… seule à même de lui assurer survie et développement ? À regarder ce qui se passe dans ces domaines, il faut bien reconnaître que non.

On nous répondra que le contexte français ne s’y prête pas. Et c’est vrai. Mais que fait-on pour faire bouger les lignes. Renverse-t-on la table ? De surcroît, la France est une démocratie et en démocratie, ce qui n’est pas expressément interdit est autorisé. Tant de choses pourraient être faites qui ne le sont pas. Déjà un discours de positivation ? Déjà un mot en langue régionale dans un discours ? Déjà 1 % du budget des Collectivités ?

À vrai dire, nous ne perçons pas le plafond de verre et nous ne libérons pas notre potentiel ?

Toujours englués dans les douleurs du passé qui se muent en non-dits, ces maîtres silencieux qui poussent à la reproduction inconsciente de schémas anciens et anachroniques et donc à la négativation de pans entiers de l’identité alsacienne.

Construisons-nous une culture autour des causes du déclin de la langue régionale et autour des conditions d’un renouveau d’un bien collectif à forte efficience culturelle, économique et sociale que constitue le bilinguisme ? La société alsacienne en est-elle traversée ?

Et la langue régionale file entre les doigts des Alsaciennes et des Alsaciens.

Pierre Klein, président

www.ica.alsace

Partager cet article :

Facebook
Twitter
LinkedIn