Bras de fer entre la France et le Maroc

Depuis plus de deux ans, le fossé se creuse entre Paris et Rabat. E. Macron collectionne les maladresses à l’égard du Maroc, Rabat ne reçoit plus l’ambassadeur de France et le Maroc n’a pas remplacé son ambassadeur, nommé à un autre poste. 

Sous la plume de Majd El Atouabi, dans l’Opinion, journal marocain d’expression française, on peut lire : 

«La visite du président Macron au Maroc, ni à l’ordre du jour, ni programmée», titrait  la MAP sa dépêche publiée samedi 16 septembre, au lendemain de l’interview par la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, avec la chaîne d’informations française LCI, sans doute pour éteindre le feu d’une tension devenue plus que jamais palpable à la faveur des multiples maladresses commises par une partie de la classe politique française, le président Macron en tête, et les attaques déplacées des médias hexagonaux contre le Royaume pour le seul motif qu’il n’avait guère jugé opportun de solliciter l’aide de la France dans la gestion des effets du séisme d’Al-Haouz.

Dans son entretien à LCI, l’actuelle locataire du Quai d’Orsay affirmait que «le président Macron était invité par le Roi Mohammed VI à effectuer une visite d’État». Une sortie médiatique orchestrée mais précipitamment organisée, la fleur au fusil, sans avoir pris l’élémentaire précaution de consulter son homologue marocain, Nasser Bourita, comme si l’agenda des visites officielles au Royaume était établi à Paris et non pas à Rabat. Une sortie qui verse dans le même sens que les précédentes «bévues diplomatiques» commises sous l’ère de Macron et qui ne pouvait être autrement sanctionnée que par le genre de camouflet infligé par la dépêche de la MAP.
Après l’intrusion de Macron dans les vestiaires de l’équipe nationale marocaine suite à sa défaite face aux «Bleus» en demi-finale de la Coupe du Monde, après les nombreuses attaques montées contre le Maroc par son groupe «Renew Europe» au sein du Parlement européen, après son discours très maladroit où il a sciemment contourné le représentant suprême de la Nation, en l’occurrence Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour s’adresser directement au peuple marocain, la sortie hasardeuse de Catherine Colonna ne pouvait passer sans réaction. Espérons que cette énième maladresse sera la dernière et que Macron comprendra enfin que face à un Royaume millénaire, la légèreté n’est pas admise ». 

Dent pour dent œil pour œil, la bagarre continue, les journaux marocains s’en donnent à cœur joie, tout le Maroc s’amuse de ce saltimbanque de Président français qui se prend pour Lyautey au temps du protectorat. Un président de la république française digne de cette fonction, ne peut pas ignorer la sacralité des usages et des coutumes du Maroc. Qui attaque le roi, attaque tous les sujets de sa Majesté et quelles que soient leurs convictions politiques. 

Le Maroc est un royaume, et Mohamed VI est le représentant suprême de la Nation, descendant de la dynastie Alaouite et descendant du prophète Mahomet. Il est issu de l’une des six dynasties qui ont régné sur le Maroc. Le roi est le Commandeur des croyants, chef spirituel du Maroc, chef d’un Etat qui est une monarchie constitutionnelle. On ne s’adresse pas à Sa Majesté le roi, comme on se parle et on se comporte dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale… 

Sahara occidental

Alors que l’Algérie, adversaire du Maroc, soutient le Polisario, la France, par l’intermédiaire d’Emmanuel Macron, montre des signes de soutien forts à l’Algérie, et n’envoie aucun message au Maroc. Les marocains reprochent à E. Macron de se mêler d’un conflit qui ne le regarde pas, d’avoir choisi son camp. L’enjeu du conflit au Sahara occidental est clairement lié aux intérêts économiques : Le Maroc se trouve sur environ 73% des réserves mondiales de phosphate naturel, qui contiennent également environ 6,9 millions de tonnes d’uranium, des chiffres qui représentent la plus grande offre disponible.

Visas

Autre raison de désaccord entre les 2 pays : la France a décidé, fin 2022, de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux marocains. Il devient ainsi plus difficile pour les marocains de venir en France. Des visas ont été refusés à des chefs d’entreprises, des étudiants, des populations cherchant à rendre visite à une partie de leur famille installée en France.

Cette attitude est d’autant plus mal vécue que les français, n’ont pas besoin de visa pour se rendre au Maroc. Rappelons qu’un million et demi de marocains vivent en France, et plus de 50.000 français vivent au Maroc.

En refusant les secours français, les autorités marocaines ont envoyé à E. Macron, un message lui signifiant qu’il n’était plus le partenaire privilégié du Maroc.   

Réponse des journaux

Plus que jamais, Charlie Hebdo joue sa carte irrévérencieuse et titre : « Envoyez vos dons au milliardaire Mohammed VI », avec un dessin où le Roi apparait comme un personnage cynique, bourré de dollars, et écrasant son peuple. D’autres dessins, parsèment le journal. Il n’y a pas dans les lignes de Charlie un seul mot de compassion pour le peuple marocain. 

Autre attaque frontale contre le Maroc, celle du Canard enchaîné qui ironise sur le Maroc, qui ne ferait appel qu’à des monarchies (Qatar, Espagne, Grande Bretagne, Émirats arabes unis), pour secourir ses populations sinistrées.

Mais, au-delà de ce drame, que fait l’ONU censée venir en aide aux pays sinistrés, et en premier lieu sous forme d’aide humanitaire ?

Relations Occident- Afrique

E. Macron a réussi l’exploit de nous fâcher avec les pays africains. A tel point qu’il n’a pas vu venir les putsch au Mali, au Niger, au Gabon, malgré la présence d’ambassadeurs, d’agents secrets, et de garnisons militaires françaises.

L’Afrique du Sud lui a signifié qu’il n’était pas le bienvenu lors du dernier sommet des BRICS, alors que l’Egypte et l’Ethiopie ont rejoint les BRICS, et que l’Algérie en fera bientôt partie, ce qui la placerait dans le camp des BRICS, et non plus dans le camp occidental qui soutient les Etats Unis.

L’Occident a invité l’Union africaine au G20, en tant que membre permanent. Mais la bonne humeur n’était pas au rendez- vous. Les dirigeants du G20 ont refusé pour la première fois, de prendre une photo de groupe. Voilà l’exemple puéril de l’image que l’Occident a laissé à l’Afrique.

Dans sa déclaration finale du G20, l’Occident voulait qu’il y ait une référence à la guerre contre l’Ukraine. Cette partie de phrase a été rejetée et remplacée par l’expression : guerre en Ukraine.

Les pays des BRICS, appelés pays du « sud », ont également vaincu l’Occident en demandant un soutien pour un accord céréalier de la fédération de Russie et de l’Ukraine, et non seulement de l’Ukraine. 

Et pendant que le roi s’amuse, le Maroc dénombre aujourd’hui 3000 morts et 5930 blessés…

Séraphine

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