TROISIEME PARTIE
Pierre Klein
Au fil des décennies, l’Alsace est devenue une région dont l’économie est très ouverte, notamment sur le bassin rhénan, véritable épine dorsale économique européenne, sur le reste du monde aussi. Et le monde de demain appartiendra à ceux qui seront bilingues et plurilingues. Un bilinguisme français-allemand bien construit ouvre sur toutes les langues romanes et à toutes les langues germaniques. Il a été une des clés des performances économiques et le sera encore à l’avenir, si on veut bien lui porter toute l’attention qu’il nécessite, pour le bien de l’Alsace… et de la France toute entière. En Alsace, une personne bilingue allemand-français ne craint pas le chômage. Les personnes bilingues sont très demandées dans tous les secteurs économiques et possèdent un pouvoir d’achat supérieur de 20 à 25 % par rapport aux monolingues. On le voit, l’identité économique de l’Alsace est grandement rhénane.
En guise de conclusion. L’Alsace c’est quoi ? Avant tout une identité à connaître et à reconnaître !
Parler de l’Alsace, c’est parler de la France et plus encore de l’Europe. Tout ce qui s’est fait en Europe s’est aussi fait en Alsace. L’Alsace est un concentré d’Europe, de ses heurs et de ses malheurs. Et comme l’Europe, l’Alsace est une et diverse. La France aussi. L’une de ses diversités a pour nom Alsace.
Les identités collectives sont des constructions opérées par la socialisation en raison d’une stratégie identitaire mise en œuvre par la collectivité. Si la collectivité a une stratégie forte, l’identité collective sera forte. Dans le cas contraire, elle sera faible, voire inexistante, ou en crise. Si le -Nous alsacien – doit avoir un sens, alors il s’agit de permettre à chacun de s’y identifier et pour que cette identification puisse se faire, il s’agit de faire connaître les éléments identificatoires alsaciens. Il n’est pas possible de s’identifier à ce que l’on ignore et d’aimer ce que l’on ne connaît pas. On ne naît pas Alsacien, mais on doit pouvoir le devenir.
Une identité partagée et donc collective, autrement dit un agir et vivre ensemble voulu et construit et la possession d’un réseau durable de relations qu’il fonde, constitue un véritable capital social. Plus l’identité collective est forte, plus le capital social sera fort et plus forte sera sa possibilité de faire fructifier le bien commun économique et culturel.
Le dynamisme des hommes et des sociétés est directement conditionné par leur sentiment d’identité. La reconnaissance de la diversité constitue un puissant moteur de développement pour les individus et les sociétés, en ce qu’elle donne le goût de se distinguer et les forces pour y parvenir.
Si l’identité de l’Alsace est bien une identité française, son avenir passe néanmoins par une identité française qui connaîtrait et reconnaîtrait bien davantage ses identités dites régionales. Autrement dit par une identité française construite sur le principe d’union dans la diversité, mieux encore par une identité unie par la valorisation de ses différences, enrichie aussi !
PK
Dernières publications :
- Histoire politique de l’Alsace : repères historiques/politische Geschichte des Elsass: historische Bezugspunkte, ID l’édition, Bernardswiller, 2020
- Histoire linguistique de l’Alsace: repères linguistiques, Elsässische Sprachgeschichte: sprachliche Bezugspunkte, Bernardswiller, 2021
- Histoire culturelle de l’Alsace : repères culturels/Kulturelle Geschichte des Elsass: kulturelle Bezugspunkte, ID l’édition, Bernardswiller, Bernardswiller, 2022
- Histoire rhénane de l’Alsace : éléments historiques de culture commune dans le Rhin-Geschichte des rheinischen Elsass : historische Elemente einer gemeinsamen Kultur am Oberrhein, ID l’édition, Bernardswiller, Bernardswiller, 2022
PK