L’Arabie Saoudite, nouvel Eldorado du football ? Entre miroir aux alouettes et hypocrisie…

Après Benzema, Ronaldo, Kanté, et bien d’autres, voilà que Neymar rejoint aussi le championnat d’Arabie Saoudite !  

A coups de millions et autres avantages, maisons, voitures, domestiques, et à grand renfort de pétrodollars, les Saoudiens sont en train de vider nos championnats européens de leurs meilleurs joueurs. Seul Messi a résisté et a rejoint les États Unis. Mbappé n’a pas encore définitivement craqué…

Même des joueurs de seconde zone sont recrutés au prix fort. Ainsi, notre Habib Diallo a quitté le Racing pour le club d’Al Shabab où il touchera 500 000 euros par mois, cinq fois plus qu’au Racing !

Évidemment, il est tentant d’assurer ses vieux jours par des contrats aussi juteux. Mais on va trop loin, ces sommes frôlent des sommets d’indécence au moment où des pays connaissent la guerre, que des populations font face à la pauvreté et à la famine, et qu’en Europe, la crise touche de plus en plus de personnes qui galèrent pour joindre les deux bouts.

Le football est-il devenu fou ? A-t-il perdu toute mesure ? Ou s’agit-il simplement d’une offensive déstabilisante pour le monde occidental orchestrée par Mohamed Ben Salmane, MBS pour les intimes, le prince héritier saoudien ?

Si l’Arabie Saoudite est devenue un eldorado pour les footballeurs, n’oublions pas que le championnat local ne représente pas, même farci de vedettes, un grand intérêt sportif, et les footballeurs finissent par s’enterrer dans les dunes de sable. Si l’argent coule à flot, on n’achète pas pour autant un niveau qualitatif et un championnat digne d’intérêt.

Un Al Ahly contre Al Hillal ne vaudra jamais un Manchester City contre Liverpool ! Ne parlons même pas de l’ambiance dans les tribunes !

Les joueurs qui ont abandonné sans scrupules les valeurs du sport au profit de l’argent roi, vont vite déchanter lorsqu’ils connaîtront les réalités de leur environnement quotidien. Plantés en plein désert, la vie n’est certainement pas la même qu’à Londres, Paris ou Madrid. Ces footballeurs soumis aux restrictions liées à un pays où les lois coraniques demeurent sans concessions, deviennent de facto complices des dérives du pays.

Si MBS procède, par ce développement du football dans son pays, à une sorte de « sportwashing », (comme le Qatar l’a fait à l’occasion de la Coupe du Monde), il ne faut pas fermer les yeux sur la situation des droits de l’homme et la place des femmes dans la société, du royaume des Al Saoud.

Le sourire de Ronaldo, après un but marqué, est censé cacher la barbarie d’un régime dont les atteintes aux droits de l’homme sont une réalité incontestable. Rappelons-nous l’assassinat de Jamal Khashoggi il y a à peine 5 ans, avec pour toute réaction  la réprobation bien modérée de nos dirigeants occidentaux qui ne se privent pas, à la moindre occasion, de dérouler le tapis rouge à MBS comme l’a fait récemment E. Macron.

« Du pain et des jeux » disaient les Romains. C’est ainsi qu’on détournait déjà il y a 20 siècles l’attention du peuple. N’acceptons pas en 2023 que notre société civilisée devienne l’otage du « Sportwashing » saoudien pour nous cacher ses exactions derrière la course d’un ballon rond.

L’Arabie Saoudite est l’instigatrice de la rareté du pétrole sur le marché mondial au point de nous faire payer le litre d’essence à 2* euros voire plus dans certains pays voisins. Le Qatar nous a déjà enfumés, l’Arabie Saoudite tente de faire de même.

Hypocrisie de l’Arabie Saoudite, et miroir aux alouettes pour les footeux…

Marc Assin

*2 euros TTC

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