Marioupol

Les bombardements incessants de cette ville ont commencé le 24 février 2022, la ville a été assiégée le 3 mars 2022, la fin du siège a eu lieu le 20 mai 2022.

Ce n’est plus qu’un immense champ de ruines.

Les Russes veulent à présent en faire une ville balnéaire.

Marioupol a été jumelée avec Saint-Pétersbourg et un vaste projet de rénovation, pour «effacer les traces de la guerre », a commencé. 

Un nouveau quartier, baptisé Nevski, est en cours de construction. Ce sont des barres d’immeubles blancs, au milieu d’une ville noire de cendres, de voitures calcinées, de décombres.

Les logements ont été construits à la hâte par une armée d’ouvriers venant parfois d’Asie et dont les conditions de travail relèvent de l’esclavage. De nombreuses malfaçons sont déjà visibles. Ces logements sont attribués sans titre de propriété et sans meubles.

Vladimir Poutine serait venu en personne, inaugurer ce quartier et les nouveaux locataires doivent le remercier d’être si bien logés grâce à lui qui a détruit leur ville.

Tout près de ce quartier se trouvaient les ruines du théâtre bombardé, où s’étaient réfugiées des familles avec leurs enfants. Quatre cents personnes y seraient mortes et enterrées à la hâte au pied du bâtiment.

La mémoire de cette tragédie a voulu être effacée par la construction d’un parc verdoyant avec une fontaine.

Toute l’histoire de cette ville a été anéantie par les bombes, comme d’innombrables villes et villages du pays.

Les origines de Marioupol remontent au néolithique, puis une forteresse cosaque s’est installée pour se protéger des invasions des Tatars du Khanat de Crimée.

Les Grecs, qui ont été déplacés de Crimée par Catherine II pour donner des terres aux Russes, ont fondé la ville de Marioupol qui signifie « ville de Marie » en grec.

Ils ont ramené avec eux des objets sacrés chrétiens de l’époque de Byzance. Ils se sont installés au bord de la mer d’Azov où la pêche à l’esturgeon était très prospère.

Puis des communautés allemandes et mennonites ont fait la richesse de la région par des plantations forestières et des cultures de céréales.

Marioupol devient alors un important port d’exportation de céréales. La ville s’agrandit, elle a un quartier grec, allemand, mennonite, juif. Puis les Bulgares, les Moldaves, les Géorgiens, les Arméniens, les Albanais, les Polonais, les Italiens les rejoignent.

Au XIX° siècle, un important réseau de chemins de fer est construit, le bassin minier est exploité. Puis la ville devient un centre sidérurgique important. Autour du centre ville historique avec ses parcs, ses églises, sa célèbre mosquée Soliman le magnifique ( le plus célèbre sultan ottoman qui a régné au XVI ième siècle), son théâtre, ses musées,  se développent de gigantesques complexes industriels comme l’usine métallurgique Illtich et Azovmach et l’usine de

constructions métalliques Azovstal.

Azovstal est un monstre d’acier, une industrie lourde avec des hauts-fourneaux qui crachent du métal en fusion et un réseau de chemins de fer pour sa production d’acier. Cette usine s’étend sur un terrain de onze kilomètres carrés !

Les sous-sols de cette usine ont été construits sur six niveaux sous terre, avec trente abris anti-atomiques.

Ces sous-sols ont été un haut lieu de la résistance ukrainienne : 2000 combattants et des centaines de civils s’y sont réfugiés pour échapper aux bombardements incessants.

Plus loin se trouvait le quartier de buildings résidentiels.

Pouchkine avait sa statue, sans oublier ses musées :

-le musée d’Art local avec sa collection de numismatique, de peinture, d’archéologie

-le musée d’histoire et d’ethnographie des grecs de la région

-le musée maritime

-le Centre d’Art contemporain

-le musée d’Art Arkhip Kouïndji.

Tous ces musées ont été détruits ou pillés.

Marioupol était une belle ville multiculturelle, riche de par son passé, son économie, ses installations portuaires.Près d’un demi-million d’habitants y vivaient.

Elle est maintenant une ville fantôme, ses décombres sont le linceul de ses morts.

Peut-on imaginer pire destruction ? Oui !

Le barrage de Kahkouka a été détruit le 6 juin 2023 et a provoqué une inondation sans précédent, un déluge, un écocide.

Franziska

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