Chapitre XXV
Crise d’asthme
Berthold se résigna à faire un voyage à Mogador. Les cars étaient complets. Il voyagea de nuit. A Mogador, l’un des employés de Joseph l’attendait à la gare routière. Il était harassé, fatigué, il s’engouffra dans la traction avant noire et demanda au chauffeur de mettre les gaz, il avait eu une crise d’asthme la veille et souhaitait se réfugier dans son lit pour dormir.
Joseph heureux de revoir son unique enfant lui avait préparé un festin. La cuisinière préparait les msmen, le zit argan était prêt avec du miel sauvage. Berthold dit à son père qu’il se contenterait de boire de l’eau fraîche. Joseph accompagna Berthold dans sa chambre et l’installa comme une mère prépare son enfant au dodo, il l’aida a se déshabiller, il ferma les volets et la porte et demanda au personnel le silence total dans le Riad.
On n’entendait pas une mouche voler. Tout le monde respectait le sommeil de Berthold tous ceux avaient vu Berthold naître, et connaissaient ses douleurs et ses peurs pendant ses moments de crises. Il passait des nuits à chercher de l’air, et se soignait à l’aide d’un sirop noir et amer et d’une espèce de fumée que le Dr Léon Benzaquen, son pneumologue, lui prescrivait.
Rose ne savait pas qu’il était à Mogador. Il lui ferait la surprise le lendemain, lorsqu’il irait mieux.
Après une nuit plutôt sereine, Berthold prit un bain chaud, puis descendit dans le jardin inondé du soleil frais et brillant du matin, pour y déguster les gâteries que Joseph avait fait préparer pour lui, et notamment les msmen à l’huile d’argan et au miel sauvage.
Il se sentait encore très faible. Il informa le personnel en précisant qu’il dormirait encore après le petit déjeuner et qu’il ne rendrait visite à Rose qu’au courant de l’après midi
A cette époque, la compréhension de l’asthme était encore en évolution et les traitements étaient limités par rapport à ce que nous savons aujourd’hui. Dans diverses cultures, des herbes et des plantes médicinales étaient utilisées pour traiter les symptômes de l’asthme. Certaines traditions médicales chinoises et indiennes utilisaient des herbes spécifiques pour aider à soulager la congestion et à faciliter la respiration.
Le docteur Benzaquen prescrivait à Berthold un sirop brun horriblement amer que Berthold avalait en faisant une grimace de dégoût, et l’inhalation de vapeurs de substances, peut-être du soufre. C’était une pratique courante. On croyait que l’inhalation de fumées ou de vapeurs de certaines herbes ou résines pouvait aider à ouvrir les voies respiratoires.
La Thérapie au soufre était utilisée dans le traitement de l’asthme car on pensait que le soufre qui avait des propriétés anti-inflammatoires, pouvait aider à dégager les voies respiratoires, et qu’il était efficace pour le nettoyage des poumons et du larynx .
Berthold suivait aussi des restrictions alimentaires spécifiques recommandées par des médecins qui jugeaient que certains aliments pouvaient être des déclencheurs potentiels de l’asthme. Il recevait des soins tels que la massothérapie et la kinésithérapie, qui étaient parfois utilisées pour aider à détendre les muscles autour des voies respiratoires et à faciliter la respiration.
Berthold achetait sa poudre de plantes en pharmacie. Elle se présentait dans une pochette en forme d’enveloppe, avec un décor bleu et noir qui représentait des plantes. Il plaçait une bonne pincée de poudre sur un dessous de tasse ou sur une grille métallique fournie par la pharmacie. Il allumait la poudre pour faire du feu et une fumée, puis au moyen d’un carton assez fin, il faisait une cheminée, il aspirait la fumée, puis il couvrait.
Le remède agissait sans doute graduellement car les accès les plus pénibles de la crise se calmaient instantanément. Il recommençait l’opération lorsque cela lui paraissait nécessaire.
Avant de quitter Casablanca, Léon Benzaquen lui avait conseillé d’éviter l’humidité de Mogador et de s’exposer longuement au soleil.
Léon Benzaquen, qui fera partie de la vie et de la famille de Berthold jusqu’au décès de ce dernier, a été le premier marocain de confession juive à être nommé en tant que ministre après l’indépendance. Il a occupé le poste de ministre des PTT au sein des gouvernements Bekkai. Avant cela, il était réputé pour avoir créé les premiers sanatorium pour soigner la tuberculose.
Très apprécié par le roi Mohammed V, il a joué un rôle crucial en faveur de la communauté juive marocaine.
Tout doucement, Berthold s’assoupit. Au cours de la journée, Joseph inquiet, venait écouter derrière la porte si la respiration de son fils était régulière.
Slil