Les funérailles d’un Maestro

Je ne pensais pas en allant à Milan que j’assisterai à l’enterrement de Silvio Berlusconi.

Depuis la France on m’a déconseillé de me rendre sur la Piazza del Duomo ! Trop dangereux. Il y aura sûrement des manifestations, des échauffourées, des affrontements, des black blocs, des casseurs ! Comme chez nous ! 

Le Duomo ?  Un patrimoine culturel ! « Ils » voudront détruire ! Déconstruire ! Comme  chez nous ! Les magasins seront fermés il faudra faire attention aux vitrines brisées, aux pillages, comme chez nous ! 

Je me suis aventurée sur la Place du Dôme méfiante et prudente, comme une grenouille de Jean de La Fontaine, qui  « avançait mais en tremblant »… et je me suis retrouvée comme les milanais au milieu de la foule avec mon iphone en l’air. 

La Piazza del Duomo et ses rues piétonnes avoisinantes étaient noires d’une foule bien intentionnée pacifique et souriante, qui échangeait sans agressivité des bribes d’opinions différentes entre applaudissements, chants, recueillements, accompagnés par le nom de Silvio scandé chaleureusement par les Milanais et autres italiens venus de partout.  

La foule communiait avec son mentor, son héros, comme dans un ballet réglé de main de maître. Les drapeaux rappelant son rôle en politique et les drapeaux de l’AC Milan, le club qu’il a hissé au plus haut sommet du football, dansaient doucement tout au long de la cérémonie retransmise sur des écrans géants aux 4 coins de la place et des rues adjacentes, des ballons bleus ont été lancés vers les cieux milanais, rappelant la couleur de Forza Italia, devant une foule exemplaire, pas comme chez nous, dans le respect et l’hommage à une personnalité qui a marqué la vie politique et économique des 30 dernières années de l’Italie et par delà de l’Europe. 

Dans l’ombre de la cathédrale et dans les rues adjacentes, toutes les forces de sécurité et de l’ordre étaient  présentes  sans tenues répressives, mais pour bien signifier que l’État et l’ordre régnaient. Ici, la rue piétonne prend tout son sens, aucun bolide deux roues n’ose s’aventurer en menaçant la sécurité des piétons. 

Certes, comme tout dirigeant politique et tout magnat des affaires, Le Chevalier avait bon nombre d’opposants dans sa vie publique et dans sa vie privée. Mais les Italiens, et même les opposants de Berlusconi, qui ont eu la pudeur de taire leurs ressentiments, ont voulu rendre dignement hommage à ce grand homme d’État qui a su redonner à l’Italie un rôle sur le plan mondial. 

Le magicien a insufflé un état de grâce ce jour du 14 juin en Italie. 

Séraphine

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