La Cour des Comptes de la République vient de rendre un rapport dans lequel elle préconise de réduire fortement le cheptel français de vaches pour sauver la planète. Précisons qu’elle parle de l’animal qui a pour habitude de ruminer tranquillement en regardant passer les trains.
Nous ne nous attarderons pas aujourd’hui sur l’extension du champ des compétences de la Cour, dont tout le monde ignorait qu’il s’étendait aux techniques agricoles; nous nous contenterons de méditer, dans la mesure du possible, sur les finalités et les objectifs réels de cette noble institution.
On lit sur son site internet que la Cour des comptes a « pour mission principale de s’assurer du bon emploi de l’argent public et d’en informer les citoyens. Juridiction indépendante, elle se situe à équidistance du Parlement et du Gouvernement, qu’elle assiste l’un et l’autre, conformément à l’article 47-2 de la Constitution. » Dont acte.
Si on suit la Cour, il vaut mieux importer des viandes d’animaux dont on ne sait comment ils ont été nourris pendant que les éleveurs français se reconvertissent en « main d’oeuvre » pour les fabricants de robots, en n’oubliant pas d’aller à l’usine en vélo et en tâchant de manger moins de viande.
En effet, la Cour précise que « cette réduction (du nombre de vaches) peut être aisément conciliée avec les besoins en nutrition des Français, un tiers d’entre eux consommant davantage que le plafond de 500 g par semaine de viande rouge préconisé par le Plan national nutrition santé ». On est foutu, on mange trop, chantait Souchon le visionnaire.
Comme on n’en croise pas des masses à Paris, les magistrats de la Cour ne savent probablement pas que les vaches produisent aussi du lait qui, lui-même, devient beurre, crème, fromage. Et qu’elles entretiennent les prairies et qu’elles fournissent de l’engrais.
Il est possible aussi qu’ils ignorent que la France est le pays qui émet le moins de CO2 du monde développé, ce dont les U.S.A., la Chine et beaucoup d’autres se fichent complètement. Il serait d’ailleurs intéressant de demander aux Indiens ce qu’ils pensent d’une réduction forcée du nombre de bovins… pas sûr qu’ils applaudissent.
En réalité, le but est non pas de réduire la pollution, mais de la déplacer chez les autres. C’est comme péter dans l’ascenseur : on se dépêche de sortir de la cabine et ce sont les autres qu’on pourra accuser de polluer l’atmosphère.
On a déjà exporté beaucoup d’activités polluantes vers l’Orient, mais on a aussi exporté les savoir-faire et les emplois qui allaient avec. Il semble que la Cour ne l’a toujours pas compris.
Avec elle, le progressisme économique prend l’allure d’un Gosplan pour des français qui avaient réussi à se dépétrer de la planification économique mais qui vont devoir se nourrir conformément aux injonctions institutionnelles, qui ne font que s’ajouter aux prescriptions indigestes et infantilisantes habituelles (ne fumez pas, ne buvez pas, ne réfléchissez pas…).
Il n’est pas exagéré de penser qu’après le naufrage de l’industrie française, la Cour voudrait faire la même chose avec l’agriculture. Tant qu’on y est, hein… On retrouve à peu près la même situation avec l’automobile : à peine les Européens ont-ils décidé de stopper le moteur thermique dès 2035, que les Chinois se sont engouffrés dans la brèche avec leurs véhicules électriques dont ils sont d’ores et déjà les premiers exportateurs mondiaux.
Si les européens ne font plus peur à personne, au moins font-ils rire tout le monde!
O.T.