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L’offensive Ukrainienne a commencé

Le premier principe de la guerre est que l’ennemi ne doit pas connaître vos plans à l’avance. Et pourtant, l’Armée ukrainienne annonce depuis plus d’un mois une contre-offensive contre les forces de l’envahisseur russe pour le début de la période sèche du printemps – c’est-à-dire pour les quelques jours où nous nous trouvons en ce moment.

Les informations reçues ces derniers jours de nos amis dans l’entourage du Président Zelensky sont inéquivoques : l’offensive ukrainienne a commencé. Ou la pré-offensive, l’appellation n’a que peu d’importance.

Ce que l’on sait, c’est que Kyiv a déjà récupéré 25km2 de territoire dans la région de Bakhmout, dont un gros tiers de la ville-symbole. Comme on le voit également sur la carte préparée par nos camarades du service cartographique, la partie ukrainienne de la cité a été désencerclée, et plusieurs axes d’approvisionnement dégagés s’offrent dorénavant aux forces arborant l’écusson bleu et jaune.

Cela bouge dans le Donbass    (service cartographique (c) Metula News Agency)

Simultanément, des attaques aux drones ciblent tous les dépôts de carburant russes dans la région et au-delà, dans le but de priver les chars de Poutine de diesel, sachant que Moscou mettra des semaines à reconstruire les cuves et à les approvisionner.

Dans le même temps, les canons de précision U.S. et européens visent et détruisent les postes de commandement dans le Donbass et au sud de Zaporizhzhia, ainsi que les concentrations de troupes et de matériel.

Comment, avec des intentions affichées aussi explicitement, est-il possible de préserver l’indispensable effet de surprise ?

 En lançant beaucoup d’informations contradictoires, en misant sur des domaines dans lesquels on possède un avantage qualitatif avéré et dans lequel l’ennemi est sans défense, et en restant très discret concernant les opérations en cours et la préparation des suivantes.

Volodymyr Zelensky est passé maître en la matière et ne donne aucune information exploitable aux Russes dans ses communiqués et ceux de son état-major.

De plus, il agit à un rythme que son Armée est capable de suivre, en évitant de lancer sa cavalerie sabre au clair au prix de milliers de morts inutiles.

Ainsi, dans tout ce que les Ukrainiens entreprennent autour de Bakhmout, on n’a pas encore discerné le moindre char occidental. Ceux-ci attendent tranquillement que l’on passe à l’offensive sur d’autres objectifs, une fois que les premiers auront été atteints.

A ce propos, il a souvent été dit que Bakhmout n’avait aucun intérêt stratégique ; cela n’était qu’à moitié vrai, comme on peut s’en persuader sur la carte du Donbass : cette ville-martyr n’a aucun intérêt stratégique pour les Russes, mais elle en revêt un très grand pour les Ukrainiens.

Regardez sur la carte où se portent les offensives en cours : sur les saillants de Kreminna et de Soledar. Lorsqu’ils seront tombés, et ça n’est qu’une affaire de jours, non seulement Bakhmout sera entièrement dégagée, et s’ils n’y prennent garde, les Russes pourraient s’y retrouver encerclés, mais surtout, les combattants de Zelensky menaceront directement quatre villes-verrous stratégiques du Donbass : Soledar, Kreminna, Lysychansk et Sievrerodonetsk.

D’ailleurs ils combattent déjà dans leurs banlieues.

C’est à ce moment, à notre avis, qu’ils fonceront plein Est afin de couper le Donbass en deux dans l’itinéraire que nous avons dessiné en vert sur la carte globale.

 A ce moment que déferleront ponctuellement les Léopards et leurs équipages tout frais. Quelques jours après le Léningrad russe que représentera la perte de Bakhmout, dont Poutine avait annoncé la chute prématurément, comme Hitler celle de Léningrad.

Un Léopard II ukrainien à l’entraînement

Après la stabilisation du front en novembre dernier, Bakhmout est le lieu qu’avait choisi la milice Wagner – une entreprise semi-privée de destruction et de prédation dirigée par un ancien domestique de Poutine (littéralement), Evgeny Prigogine – pour obtenir une victoire aisée autant que gratifiante.

Prigogine est ambitieux, très ambitieux même. Malgré son passé de prisonnier de droit commun – dont il a conservé l’argot et l’accent – il se verrait bien Tsarévitch à la place du Tsarévitch.

Il avait calculé qu’après les performances médiocres de l’Armée russe, si Wagner parvenait à prendre une ville, ce haut fait lui donnerait un levier pour viser la place suprême.

Les choses, cependant, ne se sont pas passées selon ses vœux.

En février dernier, la plupart des commentateurs annonçaient que les forces ukrainiennes allaient se retirer de Bakhmout, dont la défense ne pourrait se faire qu’à un prix excessif en pertes humaines.

Et pourtant, le Président Zelenski qui songeait déjà à sa contre-offensive, a décidé de maintenir ses troupes dans la ville en ruine. Réduites à une petite bande de territoire au Sud-Ouest de la ville, les forces armées ukrainiennes avaient adopté une posture défensive pendant trois mois, abattant le plus de Russes possibles à mesure que ceux-ci se découvraient en tentant d’attaquer. Parmi les milliers de Russes morts dans la bataille de Bakhmout, une grande majorité étaient des « musiciens » de Wagner.

Non seulement Prigogine n’a pas obtenu son trophée, mais ses ambitions trop visibles l’ont privé des soutiens dont il a impérativement besoin à Moscou.

Depuis plusieurs semaines, il multiplie les vidéos de plus en plus vulgaires et hystériques pour se plaindre que l’Armée russe ne lui envoie pas assez de munitions pour remplir sa mission.

Dans la dernière de celles-ci, il traite le ministre de la Défense Sergueï Choïgou de « chien » et Poutine lui-même de « grand-père naïf ».

Nous ignorons ce que vaut Prigogine comme général, mais comme diplomate et politique, il ne semble pas vraiment à la hauteur. La meilleure manière de convaincre quelqu’un dont on dépend pour sa survie de vous aider n’est probablement pas d’utiliser ce genre de vocabulaire.

Les fortes pertes de Wagner et son insuffisante dotation en armes ont créé une faiblesse qui faisait de Bakhmout l’endroit idéal pour démarrer une contre-offensive ukrainienne. C’est maintenant chose faite.

Pendant que les Russes s’entre-insultent, Volodymyr Zelensky a fait des emplettes réussies en Europe occidentale. A part à Paris, où il a principalement récolté des encouragements ainsi que des cours de pilotage gratuits pour ses aviateurs sur les Rafales que M. Macron refuse de lui fournir !

Le président ukrainien venait chercher deux choses : d’une part des avions, dont on a beaucoup parlé, car une guerre moderne ne se conçoit pas sans suprématie aérienne. Et il a reçu l’engagement fiable de recevoir des F16 de la part des Britanniques.

D’autre part, plus discrètement, l’assurance d’un approvisionnement continu en munitions et en pièces de rechange pour les autres armes reçues des Occidentaux. Car se retrouver privé d’obus trois jours durant en pleine conquête de Donetsk entraînerait des conséquences épouvantables.

D’après nos amis conseillers du président à Kyiv, les deux tâches ont été accomplies avec succès à Berlin et à Londres. Le Chancelier Olaf Scholz lui ayant signé un chèque de 2,7 milliards d’euros pour de la fourniture de matériel.

Parallèlement, en veillant à ne pas avancer trop rapidement au risque de se voir couper les lignes d’approvisionnement, les Ukrainiens vont multiplier les points d’attaque possibles et maintenir l’ennemi dans l’incertitude.

Les bombardements quotidiens en profondeur sur Donetsk et Luhansk dans le Donbass, et sur Burchak, Sadove, Mélitopol et toutes les villes de garnison des Russes sur l’autoroute M-18 et la voie de chemin de fer au sud de Zaporizhzhia l’indiquent : on s’achemine sans doute sur deux percées dont le but consistera à établir deux corridors pour couper le territoire occupé par l’agresseur. Celle que nous avons évoquée dans le Donbass, dans une orientation Ouest-Est, et celle que nous avons également représentée en vert sur la carte dans le sens Nord-Sud, le long de la M-18.

La carte du front (service cartographique (c) Metula News Agency)

Celle du Sud aura la propriété de couper l’approvisionnement du contingent déployé au sud de Kherson et de l’encourager à déposer les armes, et surtout, d’abroger la possibilité de ravitailler la Crimée.

Cela ne pourra se faire que par le pont de Kerch. Il est facile d’y faire le décompte des matériels acheminés sur les relevés satellitaires, et aussi, le moment voulu, de le frapper une seconde fois.

Au-delà des résultats tactiques, on recherchera également l’effondrement de l’ennemi sous le coup de la rupture desdits approvisionnements et de sa chaîne de commandement. Sous l’effet, aussi de la démoralisation des troupes et de la population russe de Crimée.

Sans vouloir nous montrer trop durs pour nos confrères, nous sommes toujours étonnés par les commentaires que nous entendons sur les chaînes françaises d’information.

Ces trois derniers jours, nous avons souvent souri en entendant des généraux à la retraite expliquer aux téléspectateurs que, faute de moyens en hommes et en matériel, l’offensive ukrainienne ne pourrait pas se faire simultanément sur toute la ligne de front [matérialisée en bordeaux sur la carte régionale] mesurant 1 200km.

Ils ont expliqué que les Ukrainiens ne pouvaient compter « que » sur 60 000 hommes pour cette offensive, et que cela était très peu.

Quelle idée saugrenue d’imaginer qu’il faille s’attaquer à une ligne de front en continu. Aucune armée assaillante n’a jamais procédé ainsi ! On choisit des points stratégiques faiblement défendus dans le dispositif adverse, et c’est là que l’on frappe. Avec la volonté de « percer les lignes adverses », ce qui les rend indéfendables.

Dans le cas qui nous préoccupe, le choix des objectifs est facilité par le fait que des partisans ukrainiens harcèlent les troupes russes sur les itinéraires en vert que nous avons matérialisés.

Du reste, l’Armée ukrainienne n’est pas à court de main d’œuvre. Elle dispose de plus d’un million de combattants, dont 300 000 militaires d’active.

D’après les informations qui nous sont parvenues, ce sont en réalité environ 120 000 hommes qui sont dévolus à l’offensive qui commence, et non 60 000.

Mais de toutes façons, dans les guerres modernes, les attaques décisives se conduisent avec entre 10 000 et 30 000 soldats et jamais davantage. Ils se marcheraient les uns sur les autres.

Les Ukrainiens, quant à eux, mèneront des offensives alternativement sur deux ou trois fronts. Ils disposent de tout le personnel et le matériel nécessaires.

Entre parenthèses, le nombre des pertes russes depuis le début de la tentative d’invasion de l’Ukraine par Poutine, le 24 février 2022, a dépassé les 200 000 morts ce mercredi, selon le bilan de l’état-major de l’Armée ukrainienne, reconnu plausible par la plupart des officines de Renseignement occidentales.

Nous évaluons à 150 000 le nombre de soldats russes actuellement déployés en Ukraine dans l’attente de l’offensive de Zelensky.

Soumis à une importante fébrilité, lançant sur leur ennemi toutes les armes miracles dont ils disposent. La nuit dernière, ils ont tiré sur la région de Kyiv 18 missiles.

Dont six missiles hypersoniques Kinjal – présentés comme invincibles par Vladimir Poutine – à partir de bombardiers stratégiques.

Les six ont été abattus.

Les six missiles hypersoniques invincibles de Poutine ont été abattus. Ici sous un Mig-31.

Cela fait quinze ans que nous écrivons que les missiles russes ne valent pas un kopeck et qu’il faudrait les vendre au prix du métal de récupération. Même des généraux israéliens avaient de la peine à nous croire.

Désormais, les piou-pious du Tsarévitch utilisent les missiles du système antiaérien S-400 tels des missiles balistiques. Ce, après les avoir vendus 9 milliards de dollars par système aux Théocrates iraniens et aux erdoganiens turcs. Même les Saoudiens voulaient en acheter ; ils ont changé d’avis lorsqu’ils se sont aperçus qu’ils étaient incapables de s’opposer aux appareils du Khe’l Avir, l’Aviation israélienne, en Syrie, et qu’ils abattaient leurs propres avions.

On comprend qu’ils soient nerveux, le Tsarévitch n’ayant jamais été capable de discerner entre l’être et le paraître.

Amram Castellion et Jean Tsadik

Tous les articles de Métula News Agency, sont publiées sur le Torchis avec l’autorisation de Metula News Agency, dans le cadre d’un accord stipulant un échange d’articles entre la Mena et le Torchis.  Metula News Agency (Ména  : www.menapress.org)

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