La Russie a adopté une nouvelle stratégie de politique étrangère, considérant que l’Occident et en particulier les États-Unis et leurs sous-fifres représentaient une «menace existentielle» pour elle.
Elle considère que des «bouleversements sur la scène internationale» l’obligent à «adapter ses documents de planification stratégique, notamment sur la conception de la politique étrangère de la Fédération de Russie». Elle pense en outre que désormais, il doit y avoir un Nouvel Ordre Mondial sans hégémonie des Etats-Unis.
En déclarant qu’elle avait l’intention d’éliminer la « domination des occidentaux sur le monde », la Russie reconnaît que cette domination existe, ce qui, a contrario, signifie qu’elle-même est en position d’infériorité.
Lutter contre un Occident décadent n’est pas une mauvaise idée, un peu de ménage dans le bordel progressiste serait le bienvenu, mais s’il est si décadent que ça, pourquoi presque tout le monde, à part les talibans, cherche à le copier? Et s’il est faible, pourquoi utiliser des missiles hypersoniques et la menace nucléaire pour le combattre?
Le fait que Poutine fasse soudain des papouilles à Xi et à Modi en dit long sur son inquiétude et sur sa méprise. Les Occidents sont dépravés, certes, décadents, pourquoi pas, mais s’imaginer qu’il suffisait de faire de gros yeux en montrant ses gros canons pour les effaroucher, c’était ignorer que les peuples, mêmes occidentaux, ont une mémoire, une vieille et longue mémoire, que quelques canons sans munitions ne feront pas plier. Et, jusqu’à preuve du contraire, ils ont encore une certaine force de frappe.
Par ailleurs, les chinois n’ont pas attendu les états d’âmes de Poutine pour se démarquer de l’Occident tout en sachant pertinemment qu’ils ne peuvent s’en passer. Certes, la Russie vendra à la Chine du pétrole et du gaz à un prix intéressant, mais elle n’achètera pas pour autant les babioles made in China, indispensables à l’économie de l’Empire du Milieu. Avoir du pétrole pour fabriquer des trucs invendables fait de belles jambes à Xi. Ceci dit, (belle abbesse), des cuves bien pleines, ça peut toujours servir pour envahir Taïwan…
Si Poutine s’imagine que ses voisins asiatiques ont, comme nos très chers voisins allemands, de la semoule avariée entre les oreilles, il se goure dans les grandes largeurs; ces derniers ne seront jamais assez stupides pour dépendre au-delà du raisonnable d’un seul fournisseur d’énergie.
Pour qu’ils tendent davantage l’oreille et la main, il faudrait qu’Indiens et Chinois aient la certitude que les intentions réelles de la Russie sont vraiment de rétablir les équilibres géopolitiques, et non de s’assurer des sources de financement pour colmater les brèches qui sont en train de se former dans la sphère russe, et notamment dans son économie.
Quand on envoie sur le champ de bataille des chars datant de la deuxième guerre mondiale, il est préférable d’y aller molo dans l’invective.
Le propos n’est pas de minimiser le rôle ô combien éminent et délétère de l’OTAN dans les soubresauts géopolitiques, la multiplication des installations militaires n’étant pas le meilleur moyen pour apaiser les tensions. Si mon voisin installe des catapultes dans son jardin en les dirigeant sur ma maison, il y a des chances que cela m’irrite un peu, mais ce n’est pas pour autant que je brûlerai la maison d’un tiers qui n’y serait pour rien.
Si cela ne se termine pas bien pour les Russes, ils seront au mieux – et pendant longtemps – les vassaux de leurs voisins chinois et définitivement coupés de l’Europe, ce qui ne déplaît pas à tout le monde… Il n’est pas inutile de rappeler que le PIB de la Russie était égal à celui de l’Espagne avant la guerre. Ce n’est pas péjoratif pour l’Espagne, mais pas pour autant flatteur pour la Russie.
Pendant ce temps, l’Occident décadent et surtout les U.S.A. se frottent les mains; ils nous vendent du gaz de schiste et du pétrole au prix fort, ils financent la remise en route de raffineries au Venezuela et ont multiplié par deux les capacités des forages en Alaska. Plus belle vie, Tovaritch!
O.T.