Ramadan, le jeu d’austérité des nantis

Demain, jeudi 23 mars, une majorité de français de confession musulmane, d’obédiences sunnite, chiite, soufis ou que sais-je encore, entameront leur mois de Ramadan, que je qualifie de culturel ou folklorique tant il ne correspond pas à ce que dicte le Verbe de Dieu. 

« Suivez ce qui vous a été descendu venant de votre Seigneur et ne suivez pas d’autres alliés que Lui. Mais vous vous souvenez peu. » Coran. S7-V3 

Nombreux sont ceux qui s’adonnent chaque année à cet ascétisme, à cet exploit d’austérité temporaire pour déculpabiliser la conscience des nantis, selon une inspiration qui leur semble mystique. Mais beaucoup d’autres se résignent au suivisme dogmatique, comme s’il fallait jeûner par appartenance à une communauté, par tradition et moins par besoin spirituel. 

Bien que le Prophète Mohammed ne fut en rien un ascète, ce n’est que trois siècles environ après sa mort que le « zuhd », ou ascétisme, prit naissance chez les musulmans, à travers cette pratique restrictive instituée que l’on appelle Ramadan pour compenser, par goût du sacrifice, l’enrichissement matériel exorbitant et ostentatoire de la civilisation islamique de l’époque, durant le règne de la dynastie Abbasside. 

Renoncement à la nourriture, renonciation au monde, renoncement au plaisir et au confort, renonciation à la joie de s’être consacré au renoncement, autant d’épreuves que l’on s’inflige symbolisant la mortification de la chair, dont certains ont du mal à s’y adapter et s’y conformer spirituellement parlant, une pratique fondamentalement injuste qui ne distingue d’aucune façon les déshérités des bien-portants, alors que rien n’invite rationnellement à un tel rite sacrificiel dans le Coran. 

D’où l’attrait, coutumier et folklorique, aux préparatifs et aux exploits culinaires dans de nombreuses familles, durant ce mois de l’abstinence alimentaire qui miroite, aux yeux des jeûneurs, l’observance d’un acte de piété mais sans consistance véritable, tout en ignorant les conditions de précarité permanente des indigents, métamorphosant de manière cocasse, ou irascible, les attitudes et les comportements de certains musulmans. 

Alors, bien qu’éloigné de cet ascétisme communautaire auquel ma conscience spirituelle ne saurait s’identifier, je souhaite néanmoins et dès à présent, par convenance, un bon ramadan culturel aux musulmans de France. 

Mohammed Guerroumi (Délégué honoraire à l’instance nationale de dialogue avec l’islam. Musulman rationaliste et laïc, très impliqué dans l’échange inter religieux en Loire-Atlantique)

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