La paisible campagne française n’a pas fini d’en voir… des verts pas mûrs du tout. Ceux qu’une sémantique bancale appelle les « néo-ruraux », échappés par hasard de la jungle urbaine pour s’enticher d’une ruralité dont ils n’ont qu’une vision rêvée, n’en finissent plus de se ridiculiser, reprenant à leur compte la célèbre formule orwellienne : « la force, c’est l’ignorance ». Moins ils en savent, plus ils pérorent.
L’actualité récente est venue confirmer que les écolos ont de la Nature une vision pour le moins éthérée, faite de paysages hamiltoniens entrevus sous des brumes vaporeuses masquant péniblement l’ignorance crasse des troupeaux bêlants de néo-ruraux venus se « resourcer ».
La sécheresse de cet hiver 2023, particulière mais pas exceptionnelle dans l’Histoire du climat, leur a donné une nouvelle occasion de s’illustrer en se multipliant sur les plateaux télé pour expliquer que ce phénomène météorologique sera désormais notre quotidien et qu’il faudra souvent se restreindre, parfois se priver et toujours partager une ressource devenue rare : l’eau.
A les entendre, l’eau disparaît, elle s’évapore à cause des comportements néfastes des méchants hommes, plutôt blancs.
Il ne viendrait même pas à l’esprit des journalistes hébétés et béats de leur demander pourquoi les semaines de pluie continue que nous avons connues il y a à peine deux ans, n’étaient pas devenues notre quotidien, alors qu’à l’époque, les mêmes écolos-dramaturges nous expliquaient qu’il faudrait s’habituer à vivre sous des pluies torrentielles, conséquence directe du comportement délétère de…qui vous savez.
Les écolos ne se rendent pas compte – à moins qu’ils ne le fassent sciemment – qu’ils discréditent totalement la cause qu’ils prétendent servir, car ils n’ont pas, pour la plupart, la moindre notion de ce qu’est la Nature et des interactions entre les êtres vivants qui la composent.
L’exemple suivant vient illustrer le propos de manière encore plus éloquente, puisqu’il s’agit d’une pétition adressée par des Parigo-néo-ruraux fraîchement installés dans un coin de campagne rêvé, dans les Yvelines, à proximité d’un paysan enraciné là depuis son enfance, qui a l’outrecuidance de vouloir faire paître des vaches dans un pré.
La missive en question mérite d’être lue in-extenso, en prenant soin de se munir d’un gros paquet de mouchoirs, pour en rire ou en pleurer. (cf. infra*)
On y lit que les « arrivants » entendent interdire à leur voisin, ledit paysan, d’installer des vaches sur un terrain jouxtant leur propriété, car ils vivent « dans ce secteur particulier en lisière de la forêt de Rambouillet pour la qualité de son environnement entre prés à foin et prés à chevaux qui représentent une forme d’agriculture et d’élevage délicate, propre et sereine. Un retour des vaches représenterait un retour à une ruralité lourde et déplaisante qui n’a plus sa place ici. » Le reste est à l’avenant.
Cela ne s’invente pas ; c’est écrit et, de surcroît, co-signé par une éditrice de renom, madame Odile Jacob, qui n’est jamais avare de prises de position moralisatrices et d’édition de livres du même tonneau (« Manifeste pour une écologie évolutive » qui explique combien il est important de tenir compte des relations de tous les êtres vivants entre eux (Thierry Lodé)).
Cerise sur la bouse, dans cette affaire écolocomique, les plaignants sont défendus par… maître Corinne Lepage, oui, celle-là même qui fut, un temps, ministre de l’écologie!
L’écolo parisien, qui est à la Nature ce que le footballeur est à la culture, n’a jamais envisagé de vivre à la campagne, – il ne sait même pas ce que c’est – mais dans un lieu imaginaire qui n’est qu’une ville transplantée dans un coin de verdure débarrassée de tous ses parasites : insectes qui piquent, animaux qui puent, gens qui suent. Son agriculture à lui, c’est des chevaux dans un pré, le reste ne sert à rien. Qu’on se le dise une fois pour toutes: l’écolo ne mange pas de produits issus de l’agriculture « lourde et déplaisante ». Il mange du quinoa, du chia, du soja, du tofu, il boit du saté et du thé matcha. Rien que des produits sans la moindre empreinte carbone.
Les écolos, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît! On peut ajouter, avec ce cher Audiard, que le jour où on les mettra sur orbite, ils n’auront pas fini de tourner! Ce qui ne devrait pas tarder….
O.T.