La ministre de la Culture a évoqué la possibilité de censurer – plus précisément de retirer la fréquence – des chaînes de télé C8 et CNews, au prétexte que celles-ci ne respecteraient pas le pluralisme.
« L’accès à des fréquences gratuites [se fait] en échange de certaines obligations, comme respecter le pluralisme, traiter les affaires judiciaires avec mesure ou créer un débat contradictoire sur des sujets pouvant porter à controverse », dit-elle. Propos applaudis à tout rompre par les godillots de France Inter et Télérama qui, comme chacun sait, sont exemplaires en matière de pluralisme.
Dire que ceux qui ne cessent de prôner la démocratie, la liberté, sont ceux qui bâillonnent – plus exactement qui le feraient s’ils en avaient le pouvoir – tout contradicteur!
Lorsque l’on est ministre de la Culture, en France, que l’on s’inscrit dans une tradition qui fait de la liberté la pierre angulaire de la société, il faut, vraiment, ne pas manquer d’air pour réclamer la suppression des medias qui ne se conforment pas à la doxa officielle!
Il est terrifiant de voir un pays prétendument évolué et qui a été, pendant longtemps, un phare de la pensée, de l’ouverture d’esprit et de la tolérance, produire des élites dont la préoccupation principale est de museler toute personne qui aurait la témérité d’émettre un avis différent du leur et de l’identifier immédiatement comme dissidente.
On en est presque arrivé là où ils veulent nous amener : qu’à chaque fois que nous avons un doute, une interrogation, nous nous posions la question : « suis-je complotiste? », « suis-je normal? », « Si mon avis diffère, ne devrais-je pas me taire? »
La plus grande menace est précisément là : l’autocensure. Même lorsque l’on n’est pas un personnage public, exprimer une opinion qui ne se contente pas d’approuver ou d’encenser le discours dominant revient à se mettre en péril. Les injures et les intimidations fusent, puis arrivent les menaces y compris physiques. Réfléchir est devenu un sport dangereux.
Les tenants de la pensée dite progressiste portent en eux les gènes de la violence. Il se prétendent héritiers des Révolutionnaires de 1789, mais ils n’en ont retenu que la Terreur, qu’ils envisagent de ressusciter pour instaurer la nouvelle République égalitariste, sans nuance, sans repère, sans culture. Un égalitarisme de la pensée. Tout le monde est pauvre, exceptés les premiers de cordée, mais au moins tout le monde est égal, c’est bien là l’essentiel. Tout le monde est pauvre et personne ne pense, c’est encore mieux.
Comme sous la Terreur, l’arbitraire fait Loi et la mauvaise foi fait office de code de procédure.
Les Robespierre de la Bien Pensance ont mis en place un système combinant surveillance verticale avec la maîtrise des médias, et surveillance horizontale, facilitée par tous les réseaux sociaux, déjà annoncée par Gilles Deleuze et d’autres. Comme le dit Anne-Sophie Chazaud, « l’enjeu de la guerre ouverte contre le « complotisme » n’est certainement pas la vérité, mais le contrôle de l’opinion publique« . (Liberté d’inexpression – Nouvelles formes de la censure contemporaine. L’Artilleur 2020)
La soumission des masses, qu’il n’est pas parvenu à obtenir légitimement – notamment parce qu’il a été dévoyé par le vandalisme idéologique mitterrandien – le socialisme désormais macroniste tente de l’obtenir par un pseudo-progressisme mêlant abrutissement généralisé et criminalisation de la contradiction (il suffit d’entendre Cohn Bendit et Romain Bouteille devenus filles de joie du « Nouveau Monde »).
L’avenir radieux du globalo-macronisme nous conduit tout droit vers ce que nous étions censés avoir abandonné depuis plus de deux siècles : la verticalité d’un pouvoir autoritaire, alpha et oméga de la vie de la Cité, qui décide de tout, y compris des croyances.
C’était bien la peine de faire tomber la tête du Roi pour, aujourd’hui, couper la tête de celles et ceux qui ne se soumettent pas à la Pensée Unique.
Bientôt, la France, ce sera Cuba, sans les cigares.
O.T
