Taux d’intérêt : le prix du temps

« Le temps c’est de l’argent. »

Benjamin Franklin

Toute activité économique se déroule dans le temps. Un mécanisme est nécessaire pour garantir l’équilibre entre l’épargne et l’investissement, pour maintenir les prix des actifs en ligne avec les fondamentaux. Ce mécanisme est l’intérêt.

Une définition que l’on peut donner au taux d’intérêt est « le prix du temps »

Le taux d’intérêt constitue le taux de capitalisation ou d’actualisation sans lequel l’évaluation est impossible. La valeur actuelle d’une entreprise est calculée en actualisant les flux de trésorerie futurs. L’économiste autrichien Ludwig von Mises a observé que si les humains n’accordaient pas de valeur à la consommation dans le présent plutôt qu’à l’avenir, une pomme dans cent ans aurait la même valeur qu’une pomme aujourd’hui c’est  une absurdité.

Autrement dit, les intérêts sur l’épargne compensent un futur incertain. Lorsque les taux d’intérêts sont négatifs, cela traduit que le futur est plus certain que le présent, ce qui ne peut être logiquement le cas.

Par exemple, 100 $ investis pendant un an, avec un intérêt de 5 %, valent 105 $ après un an ; par conséquent, 100 $ aujourd’hui et 105 $ dans un an ont tous deux la même valeur. 

« l’arbre pourrait monter jusqu’au ciel »

Depuis l’éclatement de la bulle des valeurs technologiques en 2000 aux Etats-Unis, les banques centrales ont initié une politique de taux d’intérêts très bas et voire nuls à la suite de la grande crise financière de 2008. Le monde a vécu pendant une quinzaine d’années dans une sorte d’univers parallèle, avec des taux d’intérêts nominaux à zéro ou négatifs créant une inflation des actifs. Le monde a cru que « l’arbre pourrait monter jusqu’au ciel », selon le mot d’Abby Cohen, gourou de Goldman Sachs.

Toutes les grandes bulles spéculatives du passé – de la manie des tulipes des années 1630 à la manne mondiale du crédit de la dernière décennie – se sont produites à des moments où les taux d’intérêts étaient anormalement bas. Étant donné que le taux d’intérêt actualise les flux de trésorerie futurs, les taux ultra-bas ont eu un impact démesuré. L’effondrement des taux d’actualisation a justifié une forte inflation des prix des actifs. Les valorisations des sociétés en ont profité. L’argent facile a fait grimper les prix de l’immobilier dans de nombreuses villes du monde.

Des entreprises « zombies »

Des taux d’intérêt extrêmement bas sont également largement responsables de la faible croissance économique, de la montée des inégalités, des entreprises « zombies », des niveaux d’endettement élevés et des crises des retraites qui ont impacté l’Occident ces dernières années. Des conditions dans lesquelles les économies ne peuvent prospérer. Dans le même temps, l’argent facile en Chine a également gonflé une bulle immobilière, accompagnée du plus grand boom du crédit et de l’investissement de l’histoire.  

Le retour de l’inflation et d’une hausse des taux d’intérêts nous ramène à une certaine normalité. Les bulles massives sur les actifs financiers et l’immobilier vont en toute logique éclater.

Les banquiers centraux sont responsables des taux les plus bas de l’histoire dont les conséquences négatives sont de plus en plus reconnues. Il est grand temps que les principes de base du capitalisme, dont les taux d’intérêts font partie, soient de nouveau en vigueur.

Donald Duck

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