Les dirigeants européens

Dans son livre « Effondrement« , sous- titré « comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie », l’américain géographe et historien Jared Diamond conclut qu’il n’existe aucun cas dans lequel l’ effondrement d’une société ne serait attribuable qu’aux seuls dommages écologiques.

 Cinq facteurs entrent toujours, à des degrés divers, en jeu: des dommages environnementaux, un changement climatique, des voisins hostiles, des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux, et les réponses apportées par la société

Diamond cite l’ historienne américaine Barbara Tuchman qui dresse dans son livre  » la marche folle de l’ Histoire »,  la longue liste des décisions politiques qui furent causes de catastrophes. Il ne faisait aucun doute à ses yeux que  « la plus importante des forces qui affectent la sottise politique, c’ est la  soif du pouvoir« ,  Tacite déjà citait « la plus flagrante de toutes les passions ».

Parfois l’ échec s’explique par le « comportement irrationnel », c.à.d. le comportement dommageable, non plus à certains, mais à tous.

Le refus européen de s’approvisionner en gaz, pétrole, matières premières russes en est un exemple. On veut ignorer un mauvais statu quo : persistance dans l’erreur, raidissement, refus de tirer les conclusions qui s’ imposent. Les psychologues parlent « d’ effet de ruine » pour désigner l’ hésitation à abandonner une politique dans laquelle il a déjà été beaucoup investi.

CONCERNANT SES VALEURS FONDAMENTALES, JUSQU’À QUEL POINT UN INDIVIDU PRÉFÈRE- T- IL MOURIR PLUTÔT QUE DE FAIRE UN COMPROMIS ET VIVRE? 

Dans les années 60- 70, un slogan avait cours en Allemagne, en pleine guerre froide:  » lieber rot als tot ».( la soumission aux communistes russes plutôt que la mort).

Pour Diamond et Tuchman, une clé du succès ou de l’ échec pour une société est de savoir à quelles valeurs fondamentales se tenir et lesquelles écarter, voire remplacer par de nouvelles .

 Au cours des 60 dernières années, des pays parmi les plus puissants ont renoncé à certaines valeurs centrales de leur image nationale, telles la Grande Bretagne et la France qui ont renoncé à leur rôle centenaire de puissances mondiales agissant de façon indépendante.

D’autres facteurs interviennent dans les prises de décisions irrationnelles. Irving Janis, chercheur et professeur en psychologie à l’ université de Yale, a étudié la « pensée de groupe », une forme moins prégnante et à petite échelle de la psychologie des foules, et qui peut apparaître dans un groupe de décideurs. En particulier lorsqu’un petit groupe soudé tente de parvenir à une décision dans des circonstances de stress où le besoin de soutien et d’ approbation mutuels peuvent conduire à annihiler les doutes et la pensée critique, à partager des illusions, à parvenir à un consensus prématuré, et, finalement, à prendre une décision catastrophique.

L’ illustration la plus flagrante et la plus récente est la tentative des ministres de l’ économie des pays européens de vouloir casser l’ économie russe. Non seulement ils n’ y sont pas parvenus, mais la monnaie russe est plus forte que jamais, la Russie ayant exigé d’être payée en roubles ou en or pour ses livraisons de gaz et de pétrole.

Pour sortir de cette situation, il faut un dirigeant visionnaire qui prenne en compte l’évolution de la société sur 10, 20, 30 ans, ce qui implique un fort courage politique… Lequel ? 

Copernic

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