« L’étrange défaite »

« L’étrange défaite” est un témoignage sur la bataille de France, écrit en 1940 par l’historien et officier Marc Bloch. Dans ce livre, paru en 1946, Marc Bloch s’efforce d’analyser les raisons de la défaite rapide de la France, en 1940.

Cet essai est un témoignage sur les insuffisances des élites, tant militaires que politiques  et économiques. Il décrit la défaite et la débâcle française comme permises, voire  » voulues », par le haut commandement et le gouvernement de l’ époque. Selon lui, les “élites” françaises ( avec le soutien de la presse) auraient volontairement évité d’armer efficacement le pays face à l’expansion nazie.  

Inorganisation du haut commandement de l’armée, bureaucratie prépondérante, schémas intellectuels reproduisant les conditions de la guerre de 14- 18, ligne Maginot, incapacité des services de renseignement, mensonges du gouvernement…

Le réquisitoire de Marc Bloch à l’encontre de nos  » élites » est particulièrement lourd. Marc Bloch constate une responsabilité partagée qui a conduit à un armistice et à la fin de la guerre.  

D’étranges  similitudes existent avec l’ Europe d’aujourd’ hui : 

Soumission de l’Europe aux sanctions contre la Russie décidées par les Etats Unis, rupture de tous les liens commerciaux avec la Russie, blocage et saisie des fonds appartenant à la banque centrale russe, diminutions successives en énergie russe.

 l’Europe s’enfonce dans une situation inédite alors que cet apport d’énergie est indispensable au bon fonctionnement de nos économies. 

Nos  » élites » pensaient pouvoir  » ruiner » l’ économie et la monnaie russe. C’est l’inverse qui s’est produit. Le rouble n’a jamais été aussi fort, et l’euro n’ a jamais été aussi faible.

Le transfert d’argent vers la Russie? 

Compte tenu de l’augmentation incroyable du prix du pétrole et du gaz, l’Europe n’a jamais payé autant de  » royalties » à la Russie ( paiement en roubles, et non en euros).

L’approvisionnement en énergie? 

Rien n’ était anticipé du côté européen, et maintenant nous sommes prêts à payer, à n’importe quel prix, l’énergie qui nous manque.

De plus, dans l’improvisation suscitée par la guerre entre la Russie et  l’Ukraine, l’Europe ne cesse d’alimenter l’Ukraine en armements, suffisamment pour que l’Ukraine résiste, mais insuffisamment pour que l’ Ukraine gagne.

Nos élites, françaises, allemandes, européennes, ne font guère mieux qu’ en 1940: elles réagissent au coup par coup, menacent, n’ont aucun plan d’ensemble, et l’après – guerre n’est même pas envisagé.

La BCE continue d’inonder l’Europe de ses euros, rendant l’inflation de plus en plus incontrôlable, les pays européens continuent de s’endetter à bon compte, l’euro s’effondre par rapport aux autres devises, et la récession guette, avec son cortège de faillites, de pénuries, et de malheurs. 

Et pendant ce temps, l’Europe s’entête à vouloir réduire la production agricole, à réduire les surfaces cultivées, à vouloir produire des normes de plus en plus draconiennes pour réduire les gaz à effet de serre, tout en ouvrant de plus en plus des centrales à charbon pour produire de l’électricité.

Nul doute que l’Histoire jugera durement cette époque, et qu’il se trouvera un  » Marc Bloch » pour décrire cette situation que l’on pourrait qualifier de  » suicide programmé » de l’ Europe.

Chanoine

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