À mesure que les rides s’empilent sur ma face, que mes fesses s’affaissent, que mon ventre perd en fermeté ce qu’il gagne en libertés, que les jours passent et que Machin toujours me les casse, je m’aperçois plus que jamais, que je dis ce que j’ai envie de dire. Je dis « non » et je refuse.
Je n’éprouve plus le besoin perfection, mais seulement de l’action, je me pardonne mes crimes, même ceux que je jugeais contre l’Humanité, comme être ce que je suis à fond.
Je ne me sens plus coupable de n’être pas tout à fait comme les autres, d’avoir passé ma vie marginale, un peu sauvage et solitaire, derrière mes livres et mes claviers, bonne sœur de maison close ou putain de monastère, de ne pas avoir les cheveux flamboyants de l’avocate parfaite de la pub l’Oréal, d’avoir aimé trop souvent, oui, d’avoir aimé mes amants, …
Je réalise que ceux qui disaient m’aimer ont souvent été ceux qui l’ont le moins prouvé et je n’éprouve ni amertume, ni rage, ni dans le cœur d’enclume, sans doute n’ai-je pas été plus présente à leurs douleurs…
Je crois suffisamment en moi pour ne plus avoir ce besoin ivre que mes aimés y croient aussi et je me dis, qu’au final, je me fréquenterais, sans doute, et enfin, si je n’étais pas moi, et que, peut-être même, je finirais par m’aimer, pour tant de mes discrètes qualités.
je découvre qu’il y aussi du bon dans mon trognon et que c’est bien de le voir en l’autre mais pas mal non plus d’être capable de le voir en soi, vaguement, un peu, parfois.
Peut-être qu’en vieillissant, quand tu plais moins aux autres, quand tu ne te plais plus autant, quand tu as pris quelques torgnoles de la vie, que toi aussi tu as chialé sur le tapis, sans amis, tu commences à comprendre le sens magique de ce mot, qui te faisait chier la jeunesse : Respect.
Et tu te ferais bien une petite courbette, pour tout ce à quoi tu ne t’es jamais abaissé.
Martine Benz. [Divine Marquise]®️