« Ennemis », qu’il dit

Gérald Darmanin a expliqué qu’il considérait les députés du Rassemblement National et de La France Insoumise comme des «ennemis». «Je les respecte en tant que parlementaires», mais nous n’avons pas à discuter, à négocier avec le RN ou la France Insoumise», a-t-il dit.

On serait aux Philippines, en Tchétchénie ou en Chine, on ne s’en étonnerait pas plus que ça. Mais ces mots ont été prononcés par le ministre de l’Intérieur de la France, l’un des postes les plus importants et prestigieux d’une grande (et vieille) démocratie. On a beau se pincer, il faut se rendre à l’évidence : outre le fait que le ridicule ne tue pas, il est désormais établi qu’en France il vaut mieux enfreindre la Loi que d’être honnête.

Il est difficile de voir en Darmanin, qui qualifie des parlementaires d’ennemis, un ami de la République. Pour votre information, monsieur le Ministre, un régime politique dans lequel les opposants sont qualifiés d’ennemis s’appelle une dictature.

La France est gouvernée par un attelage de ministres arrogants et vulgaires, menés par un président geignard qui se plaint d’un peuple réfractaire et de ses derniers de cordée qui ne sont même pas foutus de traverser la rue pour trouver du boulot.  

Il y a dans les propos de Darmanin un remugle nauséabond de marécages vietnamiens où pourrissaient tous les « ennemis » du régime, ne serait-ce que parce qu’ils portaient des lunettes et qu’ils étaient de ce fait dangereux parce que possiblement instruits. 

Darmanin et Macron sont sur la même ligne, il faut éliminer (au moins du débat), ceux qui ne se conforment pas à la doxa. Ils considèrent que les aspirations du peuple « d’en bas » ne valent rien; la tranquillité, la sécurité, l’accès aux soins, une école qui enseigne et transmet n’étant que l’expression de bas instincts de gaulois frustrés et égoïstes, qui n’ont rien compris au sens de l’Histoire et au progressisme glorieux.

Désormais, dans la France macronienne, il vaut mieux incendier, piller, poignarder, insulter la République pour être aimé d’elle  (Macron, le 30 septembre 2018, après le fameux doigt d’honneur du voyou qu’il avait tendrement enlacé : « J’aime chaque enfant de la République, quelles que soient ses bêtises, parce que bien souvent, parce que c’est un enfant de la République, il n’a pas choisi l’endroit où il est né, et il n’a pas eu la chance de ne pas en faire« ), tandis qu’être parlementaire, démocratiquement élu par des citoyens honnêtes, fait de vous un « ennemi ».

« Oublier »de déclarer une partie de ses revenus, masquer le financement de sa campagne, vendre le patrimoine industriel à l’étranger, rapatrier, aux frais du contribuable, les ennemis de la France partis combattre contre ses soldats, fait de vous un « républicain », parfois même un président de la République.

Il n’est pas nécessaire de sortir de l’ENA ou de rater Normale Sup pour faire ce simple calcul : LFI + RN = 164 élus, soit un tiers de l’Assemblée, donc un tiers du peuple.

Par conséquent, l’exécutif d’un pays prétendument démocratique déclare officiellement la guerre à un tiers de sa population. Dont acte.

Au lendemain des élections législatives, on aurait pu être tenté de dire à Macron et Darmanin : « vous allez voir, messieurs, tout va bien se passer », mais là, il faut reconnaître que c’est plutôt mal parti.

Ces messieurs voudraient créer – plutôt accélérer – le chaos qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

OT

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