Le monde, le Titanic

Une conjonction de tumultes géopolitiques, logistiques, d’inflations, nous mène vers un  » nouveau monde ».

La guerre russo- ukrainienne, outre le fait qu’elle précipite l’Ukraine vers le chaos, entraîne, par le jeu des sanctions de l’Europe et des Etats unis, et des contre- sanctions de la Russie, une économie européenne au bord de la rupture.

L’approvisionnement des énergies fossiles russes, (pétrole, gaz, charbon), est remis en question. L’approvisionnement en matières premières et matériaux divers (pièces détachées, aciers spéciaux, engrais), est totalement arrêté. 

Même si les combats s’arrêtaient demain, (ce qui est loin d’être sûr), les conséquences géopolitiques se feraient ressentir pendant de nombreuses années.  D’autres crises et tensions géopolitiques nous menacent : Taïwan, Chine, Corée du Nord, Iran-Irak, Yémen, Liban, Shanghai…

Les chaînes d’approvisionnement

Déjà fortement ébranlées par la pandémie, qui a mis à plat les chaînes d’approvisionnement, dans la mesure où les ports, usines, entrepôts, bateaux, ont dû fermer temporairement, d’énormes goulets d’étranglement et retards de livraison  sont survenus. La guerre russo- ukrainienne a renforcé ces pénuries. Lorsque les Etats Unis décident de mettre les semi- conducteurs à destination de la Russie sous embargo, celle-ci réplique en interdisant toute exportation de gaz nécessaires à la fabrication de ces mêmes semi-conducteurs. Ainsi la situation est  bloquée.

Energie

Les dirigeants européens ont décidé de supprimer progressivement toutes les importations de charbon russe. De nombreuses voix, dont celle de la France, demandent que des mesures fortes soient prises à l’encontre des exportations russes, notamment du gaz et du pétrole. L’Union Européenne s’efforce déjà de réduire ses importations de gaz russe de 60 %  pour cette année, et envisage de rompre totalement sa dépendance à l’énergie russe  à l’horizon de 2027.

L’Allemagne plongerait alors immédiatement en récession si son approvisionnement en gaz russe s’arrêtait. Selon des rapports d’instituts économiques allemands, le pays perdrait entre 200 et 400  milliards d’euros de production économique au cours des 2 prochaines années dans l’éventualité d’un tel choc.

Alimentation

Autre point inquiétant, celui de l’approvisionnement en engrais, et en matières premières agricoles, blé et maïs en tête, la Russie et l’Ukraine représentant plus de 25 % de l’approvisionnement mondial de ces 2 céréales. Les risques à court et moyen termes sont immenses. Et si l’Ukraine ne peut semer, ou récolter, ou expédier ses céréales, les pays du pourtour méditerranéen (Liban, Egypte, Algérie notamment) seront les premières victimes.

Quant aux autres pays, dont la France, la plus grave conséquence de ces pénuries sera l’envolée des cours de ces céréales. D’autant qu’en diminuant le volume des engrais, on diminue le rendement des exploitations agricoles 

L’inflation.

L’inflation, contrairement à ce qu’affirmaient les Banques Centrales (FED et BCE), ne sera pas transitoire. Hormis l’Insee (qui n’est qu’un service de Bercy), tout le monde peut constater l’évolution forte des prix, notamment dans le secteur de l’énergie et des matières agricoles. Cette envolée des prix ne pourra pas s’arrêter, car il faudra que les prix à la consommation intègrent l’augmentation du prix des transports, la chute de la rentabilité des exploitations agricoles, donc l’envolée des prix des matières premières agricoles dans un premier temps, des produits manufacturés dans un deuxième temps.

L’Europe

Et l’Europe, dans tout cela ? Malheureusement, ni les dirigeants français, ni les dirigeants européens ne semblent conscients des problèmes qu’ils vont faire subir à la population européenne en rajoutant, chaque semaine, une volée de sanctions contre la Russie.

Aucune anticipation n’est faite pour notre approvisionnement et notre autonomie en énergie, en matières premières, en produits de substitution… Même nos monnaies, le dollar et l’euro, sont  » jetées aux orties »  puisqu’en bloquant (confisquant) les avoirs des russes en Europe et aux Etats Unis, on envoie un message politique très fort, signifiant que la volonté politique du moment est supérieure au droit de propriété.

Dans les mois à venir, la situation de pénurie et l’envolée des prix vont s’amplifier. La situation cauchemardesque ne fait que commencer. Le monde s’apparente de plus en plus au “Titanic”, qui, à marche forcée, fonce vers les icebergs. 

Y aura- t- il assez de canots de sauvetage?

Chanoine

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