Bienvenue à Baratinus !

Qu’est-ce que la démocratie ?

Elle est l’invention de la prise de pouvoir par la parole. 

Autrement dit, le meilleur parleur accédera aux plus hautes fonctions de l’État.

Mais cela donne naissance à un corollaire incontournable : le baratin.

C’est un discours qui tend à tromper et à séduire selon le Petit Robert.

La démocratie souffre ainsi depuis des décennies de cette infection qu’elle engendre de facto, et il semblerait qu’elle ne puisse plus la contenir aujourd’hui.

Nous-même, électeurs, citoyens ou consommateurs, en sommes gavés. D’ailleurs, à combien de doses de baratin un citoyen lambda d’une ville moyenne occidentale est-il aujourd’hui soumis ?

Entre les promesses politiques continues, les sourires électoraux, la sémantique de conviction, les slogans achetés aux agences de com, les débats, les punchlines, les bandeaux des chaînes d’info, les statistiques, sans compter tout ce que nous ingurgitons sur Internet, et sans passer nécessairement par la case politique, la santé, la vie des people, les crises internationales, les conseils d’achats…j’ai évalué à près de huit cents à mille messages ingurgités par jour pour une seule personne. 

Entre 800 et 1000 couleuvres avalées par jour !

Combien de baratin parmi tout cela ? Des paquets sans doute.

Cela en devient presque obsessionnel : même assis devant une assiette, on peut se demander ce qu’elle contient et si nos aliments ne nous baratinent pas aussi ? Devant ces tsunamis « baratinesques » qui noient nos démocraties, on peut se poser une question : Le baratin, finalement, n’en avons-nous pas besoin ?

Réfléchissons une minute. Le baratin présuppose un minimum de deux interlocuteurs, un baratineur et un baratiné. Il a donc un sens giratoire, allant du baratineur au baratiné.

Mais si nous inversions le sens giratoire du baratin ?

Si nous réalisions qu’il ne découle pas forcément d’une volonté du baratineur à embobiner son prochain, mais d’un appétit du baratiné à l’être ?

Une zone du baratin dans le cerveau

Chose fascinante, de nombreuses recherches neurologiques vont aujourd’hui dans ce sens, avançant que nous aurions dans le cerveau une « zone du baratin ».

Patrick Jean-Baptiste, auteur de la Biologie de Dieu, a mené l’enquête dès le début des années 2000 sur l’hypothèse d’une zone de Dieu dans le cerveau. 

La zone neurologique de l’espoir

Située dans la partie occipitale droite, cette zone est très développée chez les grands ecclésiastiques et s’échauffe lorsque le dévot, par exemple, écoute les envolées lyriques de différents prêches.

Mais plus fascinant encore, les recherches se sont étendues à d’autres activités et ont révélé  que cette même zone cérébrale s’activait lorsque le militant écoutait son chef de parti, lorsqu’un spectateur regardait une telenovela, ou encore lorsque le consommateur effectuait ses courses au supermarché, devant les emballages si prometteurs des produits. 

Idem dans la séduction la plus basique : certaines femmes savent pertinemment que leur interlocuteur est un baratineur de premier plan, mais elles y succombent tout de même.

C’est si bon d’être baratiné…

Cette zone cérébrale indique que nous aimons être baratinés. Le processus nous fait du bien.

Le plus troublant est qu’il s’agit d’une zone neuronale active et demandeuse,  elle fait fi de l’esprit qui alarme pourtant sur la présence de l’entourloupe mais n’est pas écouté.

Alors, si un appétit de baratin fait partie intégrante de notre nature, que faut-il faire ?

S’il est un gage naturel d’équilibre pour nos démocraties, voire un impôt existentiel nécessaire à l’existence du moins pire des régimes, faut-il alors le fêter ? 

Faut-il avec joie, réécouter des heures entières des discours de Macron, se retaper toutes ses promesses de campagne en 2017, puis pourquoi pas celles de Sarkozy en 2007, et d’enchaîner avec celles de Hollande en 2012 !? 

Pour conclure, il faut encore se référer à nos amis les Grecs. 

Ceux-ci savaient que le baratin fait partie intégrante de notre être et qu’il est impossible à déraciner. Seulement, pour que la Cité soit forte et saine, les Grecs avaient compris qu’il ne fallait jamais le perdre de vue afin de le circonscrire.

Les sophistes, premiers baratineurs antiques

Toute la force d’Athènes résidait dans cet équilibre extraordinaire, entre les sophistes, les premiers baratineurs antiques, et les philosophes, les premiers chercheurs de vérité.

Les deux parties se livrèrent un combat sans merci, mais à aucun moment les uns ne voulurent éliminer les autres.  Les deux factions avaient parfaitement conscience de faire partie d’un tout, nécessaire à l’édification d’une controverse vitale à la Cité.

Aujourd’hui, le problème concernant nos vieilles démocraties, est que nous n’avons plus de « désigneurs » du baratin.

Nos philosophes, autrefois « chercheurs de vérité » semblent être devenus plus baratineurs que nos sophistes…

Mandrake

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