Comme au cinéma
Adapter la vie de Nietzsche au cinéma, comment se fait-il que personne ne s’y soit jamais attelé ? La réponse vient forcément du coût de production qui avoisinerait sans doute celui d’un blockbuster. Pour la vie d’un seul philosophe, c’est trop.
Il aurait fallu un réalisateur de films à grand spectacle, un Kubrick, un Spielberg, un Ridley Scott, un Visconti même, surtout pas une réalisation minimaliste intello. Car la vie de Nietzsche est en elle-même du cinéma gorgé de sublimes paysages en technicolor et en cinémascope, de sons en surround, d’hôtels magiques, de salles d’opéra et de concert. Sans oublier Venise et les côtes méditerranéennes, que le philosophe n’a cessé d’arpenter, seul, complètement seul.
Au fur et à mesure de ses marches mémorables, Nietzsche composait les pages les plus incroyables de toute l’histoire de la philosophie. Il aurait fallu reproduire à l’image en 35 mm (la Rolls des pellicules) le XIXe siècle, celui qui fascine, avec ses chemins de fer imposants, ses trouvailles scientifiques, ses premiers lampadaires, ses bonnes manières, ses palaces luxueux, et à côté de cela, un génie en costume marchant seul au milieu du siècle. Incompris, non lu, mais puissant et vigoureux, armé de la certitude de dire des choses qui resteront, Nietzsche s’est nourri toute sa vie de sa propre substance, se réconfortant avec cette phrase extraordinaire « Je suis né posthume ».
Attachez vos ceintures
Si le film ne semble toujours pas en projet, un podcast consacré aux grands solitaires tente de raconter la vie de Nietzsche comme si vous étiez devant un écran de cinéma, sans limite de budget. Le résultat est bluffant. Tout y est, la narration, l’ambiance, les sons et surtout la musique. De longues plages musicales sans aucune parole, laissent imaginer les longues errances du philosophe comme devant un écran panoramique.
On y devine ses souffrances et ses séjours de pension en pension, et de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel. Fermez les yeux et vous voyagerez sur les côtes italiennes et niçoises de 1876, vous découvrirez la lagune de Venise, les rues de Sorrente, celles de Turin. Vous serez exposé aux tempêtes, à la foudre, aux orages, mais aussi à la danse et à la fête jusqu’à l’aurore…
Attachez vos ceintures, munissez-vous d’un bon casque, montez le son, et bon voyage ! « Nietzsche, la solitude du danseur des cimes », c’est ici dans la série consacrée aux grands solitaires (Episodes 5-6-7-8 et 9).
Mandrake
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