Les mouches, la liberté et Jupiter

« Les mouches » est un drame écrit par Jean-Paul Sartre, en 1943. L’œuvre s’inscrit dans le mythe grec antique des Atrides. Son intrigue est quelque peu compliquée.

Oreste rentre à Argos, sa ville natale, qui est envahie par des mouches. Clytemnestre, sa mère, et Egisthe, son beau-père, ont assassiné son père, Agamemnon, à son retour de la guerre de Troie. Ils ont aussi ordonné à des complices de se débarrasser d’Oreste alors âgé de 3 ans. Pris de pitié, ces acolytes ont laissé Oreste en vie tout en l’abandonnant à son sort.

La sœur d’Oreste, Electre, réduite en esclavage au palais de Clytemnestre, tente de soulever une révolte contre sa mère et son beau-père. Jupiter, dieu des mouches et de la mort, l’en empêche. Mais il échoue à convaincre Oreste de renoncer à assassiner Clytemnestre et Egisthe, pour venger Agamemnon. Le crime accompli, le frère et la sœur se réfugient dans le temple d’Apollon, sous la menace des mouches.

« Que je suis laid ! »

Cette pièce de théâtre traite du repentir et de la liberté. Jupiter intervient dès que quelqu’un l’invoque, mais perd tout pouvoir sur celui qui se sait libre. Sartre critique ici la tyrannie et le fait qu’elle prive le peuple de liberté, tout en mettant en évidence le rôle du peuple qui contribue lui-même à cette dépossession.

Mais la liberté a un coût. Oreste est un personnage isolé, abandonné de tous, même par sa sœur. Jupiter, tout dieu des mouches et de la mort qu’il est, ne peut rien contre quelqu’un de libre. Le statu quo qu’il voulait préserver lui échappe. Le peuple est libéré de ses fantômes et de son tyran.

Dans la scène V de l’acte II, Jupiter s’approche de sa statue et dit : 

C’est moi, ça ? C’est ainsi qu’ils me voient… Que je suis laid ! Ils ne doivent pas m’aimer beaucoup.

Ils vous craignent.

Parfait !  Je n’ai que faire d’être aimé.

Il paraît qu’un homme politique, en France, se prend pour Jupiter. Et s’il n’était que le Jupiter des « Mouches » ?

Chanoine

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